
Tunis, UNIVERSNEWS (Politique) – La politique, à certains égards, ressemble aux mathématiques, car certaines de ses transformations majeures imposent des axiomes qu’il faut appréhender sans nécessairement les accepter psychologiquement. Les relations internationales sont actuellement marquées par l’unilatéralisme américain, illustré par la guerre douanière menée par Trump contre tous, ainsi que par son approche unilatérale face aux dilemmes politiques internationaux et à la proposition de solutions.
Dans cette nouvelle physionomie de l’ordre mondial, il est possible de considérer le comportement de Donald Trump comme moralement répréhensible, mais il est « productif » dans le cadre de la « realpolitik », car il perpétue l’unipolarité et réduit la marge de manœuvre des « puissances émergentes ». Il semble clair que la région nord-africaine connaît des transformations imposées par la nouvelle vision américaine, comme en témoignent les indicateurs qui se sont dégagés, notamment la brève et surprenante visite que la Première ministre italienne Giorgia Meloni effectue aujourd’hui en Tunisie.
Boulos, Meloni, Tebboune et… des interrogations !!!
Cette visite intervient juste après l’important sommet italo-algérien de la semaine dernière, ainsi que la récente visite de Massoud Boulos, conseiller principal de Donald Trump pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. L’envoyé de Trump est une figure centrale du système de Donald Trump, tant par les missions qu’il entreprend que par les liens conjugaux qui le lient à l’occupant de la Maison-Blanche, qui ne croit qu’en son ego surdimensionné et en sa famille. Par ailleurs, la tournée de Massad Boulos a été précédée de consultations intensives avec les ministres des Affaires étrangères du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, et a concerné tous les pays de la région. Ce qui attire l’attention et suscite des interrogations, c’est que l’envoyé américain a interrompu sa tournée par une brève visite à Paris, qui s’oppose publiquement à de nombreux aspects de la politique américaine, mais elle ne peut rompre le lien de l’appartenance à l’OTAN, ni « préserver » ses « intérêts » en Afrique du Nord sans coordination avec Washington. Toutes ces considérations sont importantes à garder à l’esprit pour comprendre les « arrangements » qui suivront ce tournant.
La Tunisie se démarque ??!!!
L’envoyé de Trump était porteur de deux messages publics : le « butin » commercial et économique qu’il rapporterait de chaque pays, et la promotion d’un partenariat américain avec les pays de la région, qui remplacerait les subventions et l’aide par des projets bénéfiques aux deux parties. Le résultat a été presque à la hauteur de ses attentes, et peut-être même plus, sauf en Tunisie, où il est reparti les mains vides.
En effet, le président Kaïs Saïed a choisi un style d’accueil de l’« invité américain » qui a failli dépasser l’embarras pour atteindre les limites de l’insulte diplomatique. Sa réponse a été claire : la Tunisie a choisi sa voie et ses partenaires, ce qui signifie clairement fermer la porte au « partenariat américain » et à la réduction de la coopération qui en résulte avec les concurrents des États-Unis pour l’influence en Afrique, à savoir l’Iran, la Chine et la Russie.
Divergences d’appréciation ???
La position tunisienne aurait pu être productive si elle avait été relayée par une position similaire de son voisin/allié, l’Algérie, d’autant plus que le régime algérien « vit » de sa popularité et de sa légitimité grâce à un discours anticolonial et anti-impérialiste. Cependant, il semble que le « voisin/allié » ait choisi de laisser son allié tunisien en position de « hors-jeu » en raison du désaccord manifeste entre les deux voisins suite à la visite de Massad Boulos.
L’Algérie, représentée par son président Abdelmadjid Tebboune, a anticipé la visite par des déclarations critiquant la politique russe en Afrique, notamment à ses frontières sud, évitant la moindre critique de la guerre tarifaire de Trump et laissant entrevoir des perspectives de coopération entre l’Algérie et Washington dans tous les domaines. Il s’agissait d’une réponse complète aux souhaits de Donald Trump, ce qui a suscité un large écho chez son envoyé, Massad Boulos, qui a salué l’Algérie et son rôle.
Des relations qui battent de l’aile ??!!!
Il ne fait aucun doute que la volonté du régime algérien de briser le siège imposé par certains pays était à l’origine de ces « concessions », qui constituent un engagement envers les « arrangements américains » pour l’après-Gaza. Certes, l’évaluation de ces « concessions » est une affaire purement algérienne, mais n’est-il pas de notre devoir de souligner que leurs répercussions pour la Tunisie sont certaines, puisqu’elles ont mis en évidence une rupture dans la cohésion apparente de l’axe tuniso-algérien… Une rupture qui pourrait conduire à plusieurs transformations et fluctuations, d’autant plus qu’elle affecte les relations de la Tunisie avec les pays voisins et les pays influents, et qu’elle a révélé une partie de la froideur dans les relations entre les régimes tunisien et algérien, ce qui s’est manifesté par l’absence de Kais Saïed à féliciter le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’occasion de la fête de l’indépendance le 5 juillet, et, en réponse avec Abdelmadjid Tebboune qui a ignoré la fête de la République tunisienne le 25 juillet.
Certes, la position de la Tunisie n’est pas de tout repos, surtout qu’elle paie les frais de la division entre les pays frères, notamment la Libye toujours fragilisée par sa situation précaire, avec deux gouvernements au moins, l’un à l’Est et l’autre à l’Ouest.
Il y a, aussi, le Maroc qui se délecte de cette situation et qui regarde d’un œil goguenard, allant même jusqu’à l’intox de ses organes de presse, pour empoisonner davantage le climat entre la Tunisie et l’Algérie, alors qu’il profite d’une manière éhontée de la bienveillance des USA et de l’entité sioniste, depuis son adhésion aux accords d’Abraham.