Nous avons appris que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, va présider, demain lundi 14 janvier 2019, une réunion avec un groupe d’une trentaine d’associations de jeunes en vue de « valider la stratégie nationale pour la jeunesse » qui est, semble t-il, en gestation depuis plusieurs mois.
Les jeunes constituent, certes une frange importante de la société dans le pays dont l’avenir dépend en grande partie de leur réussite, mais franchement, est-ce une urgence ou une priorité dans l’état actuel des choses pour que le chef du gouvernement y consacre une partie de la journée de demain au vu de la conjoncture extrêmement grave que connaît la Tunisie ?
En effet, il faut vraiment être déconnecté et sans conscience de ce qui se passe et, surtout, de ce qui se passerait en Tunisie aux portes d’une grève générale dont personne ne peut prévoir les conséquences et que tout le monde s’accorde à dire qu’elles seraient dramatiques.
Le secrétaire général de la Centrale syndicale l’adit lui-même lors du dernier meeting à Sousse : « L’UGTT a pu dominer la situation lors du débrayage du 22 novembre dans la Fonction publique, mais que cette fois-ci, elle n’assumerait aucune responsabilité dans les éventuels dérapages pouvant survenir le 17 janvier… ».
Il en est de même pour le président de la République qui a rappelé, lors de la réunion convoquée au Palais de Carthage, le 28 décembre 2018, les événements tragiques survenus en Tunisie lors de la seule grève générale du 26 janvier 1978 avec son lot de morts et de blessés. C’était pour rappeler l’heure grave par laquelle passe la Tunisie surtout si la grève était maintenue.
Or, maintenant, les jeux semblent faits et rien ne pourrait éviter la grève générale en question. Pourtant, alors que l’UGTT, par le biais de tous ses cadres, multipliait les déclarations et les mises en gardes, Youssef Chahed, n’a pas fait, même pas, un dixième de déclaration. C’est à croire que ce n’est pas lui et son équipe gouvernementale qui sont les premiers concernés par l’avenir socioéconomique du pays.
Le peuple avait, pourtant, besoin d’une déclaration et de propos tranquillisants sur l’état des lieux, mais comme à son habitude, le patron de La Kasbah a été aux abonnés absents laissant apparaître des doutes quant à sa capacité de gérer les grands moments dans la vie d’une Nation.
L’Histoire retiendra que le président de la République a fait une sérieuse tentative de rapprocher les points de vue et de remettre le dialogue sur les rails. Et dire que Youssef Chahed a voulu écarter BCE de la gestion des affaires du pays sous prétexte de son souci d’appliquer la Constitution à la lettre. Soit ! Mais pour quel résultat ? Si c’est pour aboutir à une grève générale, la seconde dans toute l’histoire de la Tunisie depuis son Indépendance, on ne peut qu’être tristement surpris d’une telle attitude.
A bon entendeur, salut !