- La digitalisation des services permettra de travailler à distance avec la diaspora pour mieux accompagner la clientèle tunisienne.
La Bi-Bancarisation permettra une meilleure accessibilité aux services de transfert de fonds notamment en termes de réduction des coûts et de diversification de l’épargne aux niveaux des pays d’origine et d’accueil, a indiqué le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi.
La baisse des coûts de transfert, actuellement relativement élevés du fluidifiera, par ailleurs, les transferts, a-t-il ajouté, au cours d’un webinaire tenu, jeudi, sur la Bi-Bancarisation, par l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF).
Il a mis l’accent sur la nécessité d’assouplir la réglementation des changes qui reste relativement contraignante, notamment au niveau de l’ouverture des comptes surtout pour les deux premières années d’immigration afin de passer de l’informel au formel financier.
Il s’agit de décisions rapides que la BCT pourrait prendre, a indiqué le gouverneur de la BCT.
« On a environ 80 fintechs en train de se développer et 400 startups qui disposent d’un accès aux technologies dont le blockchain ou l’intelligence artificielle, lesquelles pourraient contribuer au développement de la bi-bancarisation », a-t-il avancé.
Abassi a rappelé qu’en 2020, une année assez difficile à cause de la pandémie du Covid-19, les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) est la seule contribution en termes de devises qui n’a pas baissé, mais plutôt augmenté de 7 ou 8%.
Pour le président de l’APTBEF, Mohamed Agrebi, la réglementation devra être développée pour assurer la digitalisation des services afin de travailler à distance avec la diaspora pour mieux accompagner la clientèle tunisienne.
L’objectif, a-t-il ajouté, est de mettre à leur disposition, des offres appropriées à partir de leur lieu de résidence, soulignant que 800 mille Tunisiens sur un total de 1,5 million résident en France.
Il a rappelé, dans ce cadre, que les transferts des TRE ont atteint 5,8 milliards de dinars (1,74 milliard d’euros) soit plus de 5% du PIB, en 2020.
Et de préciser que les banques tunisiennes ont l’ambition de développer les opportunités d’affaires avec les TRE, ajoutant que le potentiel économique avec les TRE attire de plus en plus d’acteurs locaux (banques et assurances) et engendre une concurrence manifestée par des stratégies de rapprochement et de déploiement de l’offre commerciale.
Ces actions se déclinent souvent par la mise en place de produits et de services dédiés (services transfert, crédits immobiliers…) mais qui sont majoritairement limitées à la saison estivale et des actions locales en Tunisie; a indiqué Agrebi.
A ce jour: a-t-il ajouté, hormis les banques à capitaux étrangers, peu de banques tunisiennes se sont aventurées à l’international pour se rapprocher des TRE, ce qui justifie le taux faible de bancarisation des TRE.
Il a souligné que les freins de l’internationalisation sont notamment liés aux coûts d’investissement et les contraintes réglementaires dans les pays de résidence des TRE.
En effet, malgré la diversité des formes de présence notamment en France, les actions des banques qui souhaitent s’y implanter sont limitées et ne permettent pas de présenter l’offre nécessaire sous peine de plusieurs infractions dont la violation de monopole bancaire et le non-respect de la loi démarchage…
Cependant, selon lui, malgré ces freins, certaines banques ont tout de même mis des initiatives avec des modèles de présence light, tels que des bureaux des représentations ou agences de paiement d’un établissement de crédit en France ou encore la conclusion de partenariats entre des banques tunisiennes et des banques étrangères pour le développement de la bi-bancarisation des Tunisiens en France.
Evoquant l’expérience de son institution, la directrice du marché TRE à la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), Malek Landolsi, a rappelé que la banque a déployé, depuis 2008, plusieurs actions, à travers une équipe chargée de cette clientèle et le lancement de campagnes digitales avant de décider de se rapprocher physiquement et de lancer l’activité, en 2015, BIAT France à Paris.
La BIAT a choisi de mettre une agence de paiement, la forme la plus facile et rapide d’implantation, a-t-elle affirmé.
Il s’agit d’une franchise qui permet d’exercer l’activité de transfert d’argents à bas coût, ainsi que d’autres solutions variées dans le cadre de la sécurité et de la transparence, a souligné Landolsi.
Les banques tunisiennes devront se focaliser sur trois piliers et co-construire les opportunités, selon Achraf Ayadi, un administrateur indépendant
Il s’agit notamment d’une meilleure captation de flux de transfert d’argent via une stratégie de place favorisant la création d’un Western Union à la tunisienne, en s’appuyant sur l’expérience des fintechs qui peuvent offrir des services de paiement transfrontaliers de qualité par rapport à des structures lourdes.
Il a recommandé de réfléchir à une application digitale mobile au lieu de comptes ou carte, afin de capter l’épargne en devises.