- Le gouvernement acculé à avoir les faveurs du Fonds monétaire international, mais à quel prix ?!!
- Qu’a promis le patron de La Kasbah comme programme de réformes pour aspirer à un nouveau programme d’appui du FMI ?
- Les entreprises publiques, la masse salariale dans la fonction publique, les subventions énergétiques et le climat des affaires, préoccupations majeures du Fonds
Le Tunisie s’apprête à un nouveau round de négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) avec la visite d’une forte délégation tunisienne à Washington à partir du 3 mai 2021.
Une délégation conduite par le chef du gouvernement en personne accompagné notamment du ministre de l’Economie et des Finances, du Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et du président de l’UTICA alors que le secrétaire général de l’UGT, bien qu’invité, s’est excusé de faire le déplacement.
Il faut dire que le gouvernement est en train de mettre les bouchées doubles pour faire bonne figure devant le FMI des entretiens qui s’annoncent comme étant les plus durs et les plus ardus de l’histoire entre notre pays et cette instance financière internationale incontournable.
Il faut dire aussi que la situation socioéconomique n’a jamais été aussi lamentable avec une dette publique de plus de 100 milliards de dinars, soit l’équivalent de notre PIB annuel, avec un service de dettes de plus en plus élevé, avec un besoin pressant de 18 milliards de dinars à trouver pour boucler les dépenses budgétaires de l’année en cours.
Or, il y a quelques semaines, personne ne pariait un sou sur les chances de la Tunisie de trouver un arrangement avec le FMI, surtout avec un gouvernement aux prises avec des tiraillements insoutenables avec la présidence de la Républiques et avec des dossiers et des scandales politiques poussant comme des champignons.
Comprenant que sa survie dépend étroitement de l’issue des tractations avec les bailleurs de fonds internationaux, Hichem Mechichi a multiplié les clins d’œil envers les organisations nationales en leur faisant quelques concessions, l’objectif étant de se présenter à Washington avec le maximum d’appuis intérieurs.
Pour y parvenir, le patron de la Kasbah a fait appel à plusieurs personnalités censées avoir des affinités et autres amitiés au sein des rouages des instances financières internationales. Certains parlent même de la présence de l’ancien patron du Bureau de l’ATCE aux USA, Oussama Romdhani.
Bref, tous les moyens semblent avoir été bons pour Mechichi et son équipe pour remonter la pente et disposer de chances maximales de tirer le jackpot avec le FMI.
Pour le moment, les indicateurs, sur ce plan, semblent être positifs surtout au vu du contenu de la toute dernières adressées par la Direction générale du Fonds au chef du gouvernement qui, tout en se montrant exigeante, elle laisse entendre que le FMI est plein de bonnes intentions et qu’il entend accorder certains facilités et autres faveurs à la Tunisie en poursuivant le principe de partenariat entre les deux parties.
En voici, le texte intégral de cette lettre adressé par la directrice générale du fond monétaire international, Kristalina Georgieva, au chef du gouvernement, Hichem Mechichi :
« Je vous remercie de votre lettre du 19 avril, dans laquelle vous sollicitez un nouveau programme du FMI à l’appui de votre programme de réforme. À cet égard, je me réjouis que les précédents programmes appuyés par le FMI et l’aide d’urgence récemment accordée ont aidé la Tunisie à préserver sa stabilité macroéconomique et à faire face aux répercussions initiales de la pandémie.
Je salue les efforts de votre gouvernement pour affronter la crise de la COVID-19 en cherchant à protéger les vies et les moyens de subsistance de la population, ainsi qu’à soutenir le secteur de la santé, les ménages les plus vulnérables et les entreprises victimes de la crise. Je suis également encouragée par le début de la campagne de vaccination en mars et les autres mesures que le gouvernement prend pour maîtriser la nouvelle vague de la pandémie.
En outre, je note avec satisfaction que vous êtes déterminés à dialoguer avec les principaux partenaires sociaux ainsi qu’avec les partenaires internationaux de la Tunisie, s’agissant des réformes prioritaires à mener. Pour assurer une reprise vigoureuse, il est crucial de s’appuyer sur un programme de réforme qui serait le produit de ce dialogue et qui s’attaquerait aux principales vulnérabilités et difficultés du pays. Je note, avec plaisir, que les recommandations de la récente consultation au titre de l’article IV ont été utiles pour recenser les problèmes à surmonter. Les enseignements tirés de programmes antérieurs appuyés par le FMI pourraient aussi alimenter ce dialogue.
Je note avec intérêt que vous avez l’intention de présenter les détails de votre programme au FMI. Je conviens avec vous que le programme devra accomplir un double objectif : stabiliser l’économie dans l’immédiat et atteindre une croissance durable, respectueuse de l’environnement et riche en emplois à moyen terme. En ce qui concerne les réformes, je suis également d’accord avec vous qu’il est crucial de s’attaquer de manière décisive au problème de la soutenabilité des finances publiques et de la dette, d’opérer des réformes ambitieuses des entreprises publiques, de la masse salariale dans la fonction publique et des subventions énergétiques, ainsi que de continuer d’améliorer le climat des affaires, la stabilité du secteur financier et l’inclusion financière, la protection sociale et la gouvernance.
J’ai demandé à mon équipe d’entamer des entretiens techniques avec vos services, dès que nous aurons reçu votre programme de réforme. Nous serions aussi ravis de discuter avec la délégation tunisienne lors de leur venue à Washington. Nous sommes également disposés, comme toujours, à vous apporter notre soutien sous la forme d’assistance technique et de formations.
Le FMI est, et restera, un partenaire fiable pour la Tunisie. Je vous présente tous mes vœux de succès, en cette période difficile, et je me réjouis de poursuivre notre étroite collaboration.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Chef du gouvernement, l’assurance de ma haute considération. »
Comme on le constate, cette lettre est porteuse de beaucoup de bienveillance de la part du FMI à l’égard de notre pays, mais n’anticipons rien, la situation ne tenant qu’à un cheveu pour balancer d’un côté comme de l’autre…
Noureddine HLAOUI