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Collant à Kaïs Saïed comme son ombre, Nadia Akacha tiendrait-elle les destinées de la patrie entre ses mains ?
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Fakhfakh et « Djo » ne désarment pas et manœuvrent pour rester sous les feux des projecteurs
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Ennahdha terrassé, mais il n’abdiquera pas aussi facilement et attendra son heure
Tout le long de la période consacrée aux concertations pour la formation du nouveau cabinet à La Kasbah, le chef du gouvernement chargé, Hichem Mechichi, n’a pas suivi les sentiers battus, mais pour le finish, il n’a pas dérogé à la règle en lisant la liste de la composition de son équipe, à la 90ème minute.
Ainsi, en croyant qu’il allait faire l’annonce assez tôt, M. Mechichi a fait comme ses prédécesseurs. Par contre, lors des rencontres qu’il a eues lors des consultations avec les représentants des blocs parlementaires et autres responsables des organisations nationales et personnalités académiques, le chargé a été avare en déclarations pour l’opinion publique.
Ayant promis deux points de presse avec les représentants des médias, il en a tenu, finalement, un seul durant tout le mois ! C’est dire que Hichem Mechichi tenait à en dire le minimum possible, voire rien du tout. L’impression qui prévalait est qu’il n’y avait pas de concertations au vrai sens du terme dans le sens où le chef du gouvernement chargé avait son idée bien faite.
Pas de négociations avec les représentants des partis politiques qui ne cherchaient, en fin de compte, rien que des portefeuilles ministériels. « Sans partis, il n’y a pas de démocratie où la part de lion revient aux barons des partis pour gouverner et gérer les affaires du pays », répétaient les politiciens à tout bout de champ.
Or, ceci n’était pas l’avis de M. Mechichi qui était tranchant : Le gouvernement sera formé uniquement de compétences nationales indépendantes. Et il a tenu parole jusqu’à l’ultime minute du délai d’un mois qui lui était imparti.
Seul le Parti destourien libre (PDL) d’Abir Moussi avait applaudi à cette démarche. Le bloc de la Réforme de Hsouna Nasfi et le bloc national présidé par Hatem Mliki étaient « compréhensifs » et soutenaient l’approche.
Par contre, le bloc dit El Karama, composé d’anciens éléments des tristement célèbres LPR dissoutes, Ennahdha et Attayar étaient carrément contre l’orientation en question. Echaâb et Qalb Tounès étaient contre aussi, mais ils ne cachaient pas qu’ils l’accepteraient et pourraient lui voter la confiance.
Mais toujours est-il que parmi toutes ces formations, Ennahdha ne jetterait jamais l’éponge et n’abdiquerait pas en attendant, comme d’habitude son heure, dans le sens où ses éventuelles cellules dormantes peuvent patienter plusieurs années durant avant de ressusciter …
Bizarrement et curieusement, Tahya Tounès était le plus avare en déclarations et personne ne savait avec exactitude la position de Chahed et son team. C’est à la fin qu’on a compris cette attitude étrange. Selon des sources concordantes, Djo et compagnie peaufinaient un autre plan qui serait machiavélique !…
La combine consisterait à faire barrage au gouvernement Mechichi, ce qui serait, théoriquement, synonyme de scrutin législatif anticipé avec une période creuse de cinq à six mois et une prolongation de la période de gestion des affaires courantes. Une période qui pourrait être mise à profit par Elyès Fakhfakh, soutenu par M. Chahed pour essayer de mijoter un scénario de retour sur la scène avec de nouvelles alliances entre Ennahdha, Tahya Tounès, Fakhfakh suivis par El Karama et 9alb Tounès. Et la dynamo de cette stratégie ne serait autre que Djo
Mais s’il avait par le passé profité de sa présence à La Kasbah pour mener la « danse », cette fois-ci il semble être tombé sur un os avec le tandem Saïed-Mechichi, même si certaines voix persistent à dire que le chef du gouvernement chargé n’a eu qu’à entériner les choix qui lui étaient « dictés » par trois « pôles », en l’occurrence, le président de la République, son frère, Naoufel Saïed et surtout la cheffe de cabinet, Nadia Akacha, qui continue à faire la pluie et le beau temps au Palais de Carthage et, par voie de conséquence, dans tout le pays qui se trouverait sous ses pieds.
Certaines mauvaises langues sont allés jusqu’à dire que le choix de Hichem Mechichi s’est fait sous son influence arguant du fait que les deux personnes sont originaires de la même petite localité de la banlieue-sud d’Ezzahra. D’ailleurs, les personnes, en contact avec M. Mechichi, ont eu cette impression qu’il attendait les « propositions-instructions ».
Ce qui corrobore cette hypothèse est qu’on ne connait aucune consultation digne de ce nom menée par Hichem Mechichi qui recevait, selon des sources proches de Dar Dhiafa, les conclusions des « tractations quotidiennes » entre Nadia Akacha et Naoufel Saïed …
Il faut dire que, par son comportement, le chef de l’Etat a tout fait pour alimenter cette thèse en accordant une carte blanche à Nadia Akacha pour arranger à sa guise l’agenda des activités présidentielles, pour l’accompagner partout dans tous ses déplacements, de s’asseoir sur un fauteuil identique au sien et même sur le même canapé que lui.
La même Nadia Akacha était-elle habilitée à se retrouver à Sfax pour présenter les condoléances aux Sfaxiens suite au décès de Hamadi Agrebi ?! A moins qu’il y ait une raison majeure que pour cette dame soit présente à tous les déplacements, à toutes les audiences et même au premier plan lors de la visite Saïed à Paris !
Est-ce raisonnable de placer l’avenir de la Tunisie entre les mains de cette personne, simple juriste sans grande expérience de la chose publique. Certains étant allés jusqu’à la comparer et la placer dans le même rôle que certaines « premières dames du pays » dans le passé, mais cette fois-ci, autre que l’épouse du chef de l’Etat !
Pour revenir à la composition du nouveau gouvernement proposé, une première lecture permet de constater qu’il s’agit bien de personnalités technocrates, mais loin d’être de premier rang. Même Ali Koôli qu’on présente comme étant une grosse pointure, force est de préciser que c’est un banquier de renommée inbternationale, mais il n’est pas la grande compétence en matière d’économie et de finances.
En tout état de cause, il s’agit de personnes indépendantes, même si des sous- marins peuvent s’y cacher. Et c’est toujours cela de gagné, mais cela suffit-il pour constituer une équipe de choc appelée à relever les gros défis et gérer le pays en cette phase qualifiée d’exceptionnelle et de très grande gravité ?!
Cette équipe parviendra t-elle, d’abord à faire son « passage en force » à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et à tenir, ensuite, les quatre ans et résister aux coups de boutoir que ne manqueront pas de lui assener des parties passées maîtres dans l’art des manœuvres et des renversements de situations ? A un moment où la patrie joue son va-tout pour réussir l’œuvre de sauvetage…
Noureddine HLAOUI