Suite aux nominations annoncées, mercredi 20 février 2019, par le ministère de l’Intérieur concernant deux postes de directeurs généraux et, surtout, celui du Commandant de la Garde nationale, Majdouline Cherni ancienne ministre des affaires de la Jeunesse et des Sports a publié un post sur sa page Facebook en langue arabe adressé, nommément au chef du gouvernement, Youssef Chahed.
Ce message est tellement émouvant, poignant et écrit avec les tripes que nous avons estimé utile d’en publier une traduction intégrale. En voici le texte :
« A monsieur le chef du gouvernement, je me suis adressée, déjà, à vous en direct à plusieurs reprises avec ce message en vous disant que je ne renoncerai jamais au droit de cette patrie dans la lutte contre le terrorisme. Je vous avais dit que je suis une guerrière et que je n’ai rien à perdre car je vais combattre pour le sang de mon frère.
Mais apparemment vous n’avez pas bien saisi le sens de ces mots et vous n’avez jamais compris ce que ça veut dire que la Tunisie est en danger. Vos ambitions politiques vous ont conduit à faire de l’Etat une machine mise à la disposition de vos desiderata…
Monsieur le chef du gouvernement… Vous avez prouvé, aujourd’hui, que vous craignez les gens honnêtes et patriotes tout en préférant faire allégeance et courbette aux frères musulmans afin de réaliser vos ambitions personnelles…Je suis la fille de la Garde nationale, et je vous le dis publiquement : Vous avez agi avec la patrie comme si c’était un jouet pour les beaux yeux de vos ambitions politiques. C’est votre plein droit de nommer ou de démettre quiconque vous voulez, mais il n’est nullement de votre droit d’entraver la bonne marche des structures de l’Etat et de toucher aux règles de l’action sécuritaire…
Je vais m’adresser aux Keffois, après le limogeage du Commandant de la Garde nationale, le colonel-major, Chokri Rahhali, enfant de Ben Înine et du Haut Kef, avec ce message : Vous avez, enfin, compris que les propres et les bosseurs ne restent pas !!!
Et pour préciser en conclusion : mes félicitations au colonel-major Mohamed Ali Ben Khaled, nouveau Commandant de la Garde nationale à qui je voue tout le respect et la considération. Et j’espère que monsieur le chef du gouvernement le laissera travailler comme il se doit… »
Le message est tellement incendiaire qu’il parle de lui-même quant au degré du dépit de Majdouline Cherni qui a accusé, carrément et clairement, le chef du gouvernement de servir, par ces nominations, le parti d’Ennahdha. On n’en dira pas plus sinon que ces désignations interviennent au cours de la même journée de la décision, sans la moindre justification officielle, d’annuler le mandat d’amener à l’encontre de Mohamed Najem Gharsalli, ancien ministre de l’Intérieur dont l’accusation est la plus grave, à savoir le complot contre la sûreté de l’Etat.
On rappellera que les deux sécuritaires, accusés dans la même affaire que Najem Gharsalli, en l’occurrence, Saber Laâjili et Imed Achour sont gardés en prison malgré la fin des délais réglementaires selon leurs avocats.