TUNIS – UNIVERSNEWS – A chaque fois qu’il tente de faire baisser les prix de certains produits, le ministère du Commerce met les pieds dans le plat et provoque le sens contraire. Il faut se rappeler, à ce propos, l’affaire des bananes et des pommes, entre autres, ainsi que celle du pain et autres. Et, maintenant, il s’en prend à certains produits de première nécessité qui pourraient connaitre le même sort, qui selon lui, auraient pour objectif de « soutenir le pouvoir d’achat des citoyens ».
Mesures au pied-levé
Le ministère a annoncé mercredi, une série de mesures visant à plafonner les prix de certains produits de consommation. Il a, ainsi, décidé de geler les prix de divers produits de consommation courante tels que les produits alimentaires, biscuits, confiseries, boissons gazeuses, jus, produits laitiers, articles de nettoyage, articles d’hygiène corporelle et matériaux de construction.
Il a également, décidé de limiter les frais de coopération commerciale entre distributeurs et fournisseurs entre 5 et 10 % du chiffre d’affaires selon le système de tarification des produits (encadrés ou libres) et de fixer un prix maximum de vente d’œufs au grand public à 1400 millimes pour quatre œufs, tout en maintenant les marges bénéficiaires des grossistes et détaillants aux mêmes niveaux actuellement pratiqués (15 millimes la pièce).
Il s’agit, en outre, de la réduction de 14 % des prix de vente du fer à béton, l’interdiction de la commercialisation des types et diamètres non-inclus dans les tarifs actuels jusqu’à ce que leurs fabricants obtiennent une approbation administrative pour leurs prix.
Des mesures « électoralistes »
Toutefois, l’Association de Lutte contre l’Économie de Rente (Alert) n’est pas du même avis, et a appelé, jeudi, le ministère du Commerce à annuler « rapidement » ses récentes mesures de plafonnement des prix de certains produits de consommations, les qualifiant de mesures « électoralistes » qui risquent de provoquer « un autre impact dévastateur » sur la sécurité alimentaire des Tunisiens.
« Ces décisions ne feront que favoriser davantage une régression de l’investissement et la production. Par conséquent, elles entraîneront d’autres pénuries et causeront l’émergence de nouveaux marchés noirs qui seront à l’origine de la flambée des prix », déplore l’association dans un communiqué.
Pour Alert, la véritable problématique à laquelle fait face aujourd’hui le secteur réside dans l’insuffisance de l’offre. Et d’expliquer que l’importation de certaines matières premières comme le sucre qui est monopolisée par une minorité contrôlant les structures de l’Etat et la complexité du système national des importations sont aujourd’hui, à l’origine de la pénurie de plusieurs produits industriels ainsi que de la hausse de leurs prix.
Le « système de rente » pointé du doigt
« Tant que le système de rente continuera encore à opérer (à travers les rouages de l’administration) , le pouvoir d’achat des citoyens ne pourra jamais s’améliorer », insiste Alert.
Dans ce contexte, l’association a mis l’accent sur l’impératif de respecter le principe de l’offre et de la demande, estimant que de telles décisions « administratives » constituent une menace pour les petits producteurs et donnent aux grands groupements plus de contrôle sur le marché.
« Cela est de nature à provoquer la hausse des prix et le ralentissement de la croissance comme c’était le cas cette année », ajoute la même source, appelant à promouvoir la concurrence loyale entre les différents intervenants et à asseoir un climat favorisant l’investissement et la production.
D’après Alert, les petits producteurs sont les seuls maillons faibles qui devront assumer les conséquences de ces décisions « arbitraires » dans la mesure où les agriculteurs seront contraints de baisser les prix de certains de leurs produits, ce qui nuira au système de production.
Et de souligner que « certaines mesures ayant été prises par le passé notamment, celles relatives au plafonnement des prix des bananes et à la fermeture des boulangeries non classées ont déjà démontré leur échec et leur impact désastreux sur l’offre ». Ces décisions ont été à l’origine de la hausse et de la pénurie de certains produits.