
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – Le nouveau mandat de Trump et l’intensification de ses politiques protectionnistes risque de conduire à une escalade encore plus prononcée du protectionnisme américain. Cela fait déjà l’objet d’une note récente publiée par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), intitulée : Impacts économiques de la nouvelle politique étrangère américaine : focus sur la Tunisie ».
Selon l’IACE, la réduction des budgets alloués aux programmes d’aide américains, notamment via l’USAID, limite considérablement les capacités de financement des projets de développement en Tunisie. Historiquement, ces fonds ont soutenu des initiatives essentielles dans des domaines tels que l’éducation, la gouvernance, l’entrepreneuriat et les infrastructures, contribuant ainsi à la stabilité économique et sociale du pays. La diminution de ces ressources, amorcée sous la première administration Trump avec une réduction de 28 % de l’aide bilatérale en 2018, et alors qu’en 2023, le budget de l’USAID s’élevait à 43,79 milliards de dollars, risque de ralentir certains projets en cours, de fragiliser les ONG locales et d’accroître la dépendance de la Tunisie à d’autres sources de financement, notamment européennes et multilatérales.
Outre la réduction de l’aide directe, l’IACE a mis en garde contre le fait que l’administration Trump encourage un modèle alternatif basé sur l’investissement privé à travers des initiatives comme « Prosper Africa ». Ce programme vise à stimuler les échanges commerciaux et les investissements américains en Afrique en offrant des incitations aux entreprises souhaitant s’implanter sur le continent. Bien que la Tunisie ne figure pas parmi les pays prioritaires du programme, elle pourrait bénéficier indirectement de cette dynamique en renforçant ses relations commerciales avec les États-Unis et en attirant des investisseurs intéressés par les opportunités qu’offre l’économie tunisienne, notamment dans les secteurs de la technologie, des énergies renouvelables et de l’industrie manufacturière.
Trois pistes à privilégier
Face aux défis économiques mondiaux actuels, notamment ceux induits par les politiques américaines et les fluctuations monétaires internationales, la Tunisie doit adopter des stratégies proactives pour renforcer sa résilience économique, en diversifiant ses partenaires commerciaux et maintenir des relations solides avec l’Union européenne tout en renforçant les liens avec la Chine afin de pouvoir bénéficier d’une meilleure résilience face aux incertitudes mondiales. La Chine est déjà devenue le deuxième plus grand fournisseur de biens pour la Tunisie, après la France. Cela permettrait également d’exploiter pleinement les opportunités commerciales offertes par ces deux géants économiques.
Selon l’IACE, la Tunisie bénéficie déjà de plusieurs accords commerciaux qui peuvent lui permettre d’élargir ses débouchés à l’international. Et d’expliquer que l’accord d’association avec l’UE, ainsi que les accords préférentiels avec des blocs régionaux africains, offrent des opportunités que les entreprises tunisiennes pourraient mieux exploiter à travers une stratégie d’exportation plus ciblée. En outre, l’exploration de nouveaux accords bilatéraux avec des partenaires émergents, comme l’Inde ou la Turquie, pourrait permettre à la Tunisie de diversifier encore davantage ses flux commerciaux et d’accroître sa résilience face aux chocs externes.
Le renforcement de la production locale est aussi essentiel pour réduire la dépendance aux importations et stabiliser l’économie intérieure. En effet, le renforcement des chaînes de valeur locales est essentiel pour favoriser une économie plus autonome et résiliente. Il s’agit de soutenir des secteurs économiques stratégiques, tels que le textile, l’agroalimentaire, et d’autres industries locales. En investissant dans ces secteurs, on pourrait, selon l’IACE, réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Cela implique également d’améliorer l’intégration verticale dans ces secteurs.
Gestion prudente du système financier
De même, pour que ces investissements dans les secteurs stratégiques soient réellement fructueux, il est crucial d’encourager les entreprises locales à se développer et à être compétitives à l’échelle internationale. Cela peut passer par un accès facilité à des financements adaptés.
L’IACE a également recommandé une gestion prudente du système financier est cruciale pour limiter les impacts négatifs des perturbations externes sur l’économie tunisienne. Cela implique la mise en place de stratégies à la fois monétaires et budgétaires pour protéger la stabilité financière et soutenir le pouvoir d’achat des citoyens. « La politique monétaire doit être un outil central dans la gestion des chocs externes, comme les fluctuations des taux de change, notamment l’appréciation du dollar par rapport au dinar tunisien. Cette appréciation peut rendre les importations plus chères, exacerbant ainsi l’inflation et réduisant le pouvoir d’achat des citoyens».
Ainsi, l’adaptation du budget national afin de soutenir la stabilité économique face aux crises externes nécessite une gestion rigoureuse et visée des finances publiques, notamment par le biais de subventions ciblées, pour atténuer les effets négatifs de l’inflation, en particulier en ce qui concerne les hausses de prix des biens essentiels.