Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) entreprend une visite de travail virtuelle en Tunisie à partir d’aujourd’hui 14 février jusqu’au 22 février 2022, et ce, pour poursuivre les négociations avec les autorités tunisiennes sur les réformes qui seront engagées prochainement afin de lancer un nouveau programme d’aide financière. Mohamed Hammadi Jarraya, président de l’Observatoire Tunisia Progress est revenu sur cette visite dans une déclaration accordée à Univers News.
De prime abord, Mohamed Hammadi Jarraya a indiqué : « Par coïncidence de date, c’est peut-être l’amour ou le destin, qui continue entre la Tunisie et le FMI ! »
Il a ensuite affirmé qu’ « Au programme, l’examen technique des propositions du gouvernement tunisien pour sortir de la crise. Bien que largement connues, les réformes indispensables sont impactées par la période très délicate que nous vivons ».
En effet, l’économiste a souligné que depuis le 25 juillet 2021, la Tunisie s’est engagée dans un tournant historique et décisif avec un calendrier clair mais très long (18 mois). « A mon avis, il fallait bien commencer par les réformes politiques vitales pour restaurer l’environnement démocratique qui sert bien le peuple. Mais, ces réformes auraient pu être réalisées en deux à trois mois, par un haut comité d’experts. Dans ce cas, on aurait pu entamer les réformes économiques sans plus de retard parce que time is money », a-t-il précisé.
Et d’ajouter : « Avec le soutien des parlements et gouvernements amis et partenaires, le FMI ne peut que poursuivre son soutien à notre pays. Comme toujours, la balle est dans notre camp ».
Par ailleurs, afin d’avancer efficacement dans les réformes, M. Jarraya a estimé qu’on a besoin, en tout premier lieu, de l’engagement patriotique des partenaires sociaux pour faciliter certaines réformes concernant essentiellement les entreprises publiques en quasi-faillite, la masse salariale dans la fonction publique dépassant les standards d’usage, la caisse de compensation abusée, l’inflation réelle de presque deux chiffres, le dinar en érosion chronique, la balance commerciale avec un déficit galopant, la pression fiscale contreproductive pour l’investissement et l’emploi, le taux de chômage aggravé par la pandémie, la fermeture des centaines de milliers de PME et TPE, les caisses sociales avec d’importantes difficultés, etc.
Aussi, notre interlocuteur a déclaré qu’il faudra éviter de continuer à utiliser les fonds provenant d’emprunts pour couvrir les dépenses de fonctionnement, au lieu des investissements.
Dans ce cas, « on peut s’attendre à une stabilisation de la notation souveraine de la Tunisie par les agences de rating. Les bailleurs de fonds et les marchés des capitaux pourraient ainsi prendre le risque et tendre la perche de sauvetage, à notre gouvernement », a-t-il indiqué.
Et de préciser: « Au lieu de continuer à s’endetter encore plus (solution de facilité) pour couvrir le déficit et les besoins budgétaires (24 MDT), on peut adopter des coupes dans le budget dans le cadre d’une politique d’austérité (avantages au personnel de la fonction publique et importation des produits non de première nécessité). A mon avis, on peut économiser entre 4 et 8 MDT ».
En conclusion Mohamed Hammadi Jarraya a estimé « Plus que jamais, le facteur temps n’est pas à notre faveur…Il faut agir vite et bien pour éviter que le péril soit en la demeure… »
Imen Zine