- Il faut mener un dialogue national réunissant tous les acteurs
- Le plus grand obstacle auquel le gouvernement actuel fait face est le paiement des dettes accumulées des gouvernements précédents
TUNIS – UNIVERSNEWSCe qui ressort des analyses et des lectures de la loi de finances 2023, c’est qu’au-delà de tous les détails, la pression fiscale est contraignante. Elle est même forte auprès de la classe moyenne, essentiellement les fonctionnaires publics, quel que soit leur statut, mais qui dépendent de leur employeur, à savoir l’Etat avec une dégradation claire du pouvoir d’achat.
Sans rentrer dans les détails de cette démarche fiscale pour l’année à venir, il est clair que le gouvernement entend aller jusqu’au bout dans la recherche de fonds et de ressources budgétaires.
Dans un entretien accordé à Universnews, l’ancien directeur général de la politique monétaire à la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mohamed Souilem, a souligné que les procédures fiscales entourent la loi de finances pour l’année 2023 de toutes parts!
D’après l’expert, ce recours excessif à la pression fiscale, à l’augmentation du budget approuvé et à l’expansion des dépenses de l’État en s’appuyant sur la dette sont en fait la dernière solution à laquelle le gouvernement a eu recours pour affronter les années prochaines, d’autant plus que les marchés intérieurs sont limités.
Il a dans ce sens précisé qu’il n’a pas été facile d’établir cette nouvelle loi de finances qui s’est accompagnée de plusieurs difficultés.
L’État sera incapable de financer les investissements
D’autre part, M.souilem a indiqué que les ressources propres sont naturellement imposables et non endettées, pour un bon financement du déficit budgétaire et des différentes dépenses de l’État, car le service de la dette publique s’élevait à 30 %.
Maintenant les objectifs de l’État se retourneront vers le paiement des dettes accumulées… Ce qui va l’empêcher bien évidemment de financer les investissements. Et de préciser que la Tunisie a un faible taux d’épargne, ce qui rend de plus en plus la situation économique critique!
La dégradation de la notation souveraine de la Tunisie suscite l’inquiétude des investisseurs et réduit ainsi les investissements dans le pays, ce qui va directement augmenter le taux d’intérêt de façon spectaculaire surtout pour les prêts venant de l’étranger.
Une situation qui est déjà difficile en raison des risques de liquidités élevés et de la vulnérabilité extérieure de la Tunisie! Tout ça expose le pays à un défaut de paiement.
Le retard enregistré dans l’approbation de l’accord avec le FMI aggrave davantage la situation
D’ailleurs, le retard enregistré dans l’approbation finale de l’accord de financement avec le FMI est de nature à exacerber davantage les risques de financement extérieur de la Tunisie et d’éroder ses réserves de change.
En effet, d’après M.Souilem, le plus grand obstacle auquel le gouvernement actuel fait face est le paiement des dettes accumulées des gouvernements précédents! Et il en va de même pour les quatre prochaines années, en plus de financer le déficit budgétaire de l’Etat, qui s’est élevé à 7,497 milliards de dinars.
Finalement, pour sortir de cette crise profonde que traverse la Tunisie, l’expert précise qu’ il faut mener un dialogue national réunissant tous les acteurs économiques, sociaux et politiques…
Jihen Mkehli