TUNIS – UNIVERSNEWS – Comme chaque année, en pareille période, on ne parle dans les rues, au café et surtout dans les foyers, que du mouton de l’Aïd et des difficultés financières que connaissent les familles actuellement, alors que les prix proposés par les vendeurs et les revendeurs varient entre six et huit cent dinars. Ils ont même dépassé mille dinars et plus dans certaines contrées.
Pour une frange de citoyens, chômeurs, salariés, notamment, l’achat du mouton ne figure pas au programme de la fête de cette année comme d’ailleurs, celles des années précédentes, à cause des prix inabordables proposés par les éleveurs et surtout par les intermédiaires ‘gachara’ qui s’intercalent entre les éleveurs et les consommateurs et contribuent à la flambée des prix du mouton.
Les intermédiaires (gacharas) dictent leur loi
Même ; le prix du chevreau-bête prisée pour sa faible teneur en graisse- n’est pas à la portée du portefeuille, et l’achat du mouton pour l’Aïd est toutefois à exclure cette année. C’est Saad. A, ouvrier dans une petite usine de confection qui le dit : «Comme les années précédentes, le mouton de l’Aïd ne figurera pas cette année au programme de cette fête religieuse». Il ajoute «Je me contenterai d’acheter cinq ou six kilos de viande ovine pour le méchoui et les ‘qlayas’, les tripes pour le ‘Osban’ et la tête et les pattes pour la ‘Hergma’. Le tout ne devrait pas dépasser les trois cent dinars », a-t-il ajouté.
Une fête sacrée
Le sacrifice du mouton de l’aïd est un rituel religieux sacré, dit Ali Salah, menuisier : «C’est une fête qui fera plaisir à mes trois enfants qui ont même dessiné le mouton qu’ils préfèrent acheter, à savoir, un bélier cornu, laineux et beau. Par conséquent, je dois obtempérer et acheter le mouton, mais sans dépasser les sept cent dinars» rétorque-t-il.
Fourrages trop chers
Les éleveurs, très affectés ces dernières années à cause d’une sècheresse persistante, ont peiné les mois précédents pour s’approvisionner en fourrages, faute de pâturages pour nourrir leurs troupeaux. Après les dernières précipitations qui ont changé la couleur de la terre en la verdoyant d’herbes, c’est le soulagement. Ils attendent la vente de leurs moutons pour récupérer une partie de leurs dépenses, quitte à proposer des prix trop chers. Med Ali R. explique, cette situation en ces termes : «L’accès aux produits fourragers étant difficile à cause d’une importation insuffisante, d’ailleurs, mal distribuée, beaucoup d’éleveurs ont vendu une partie de leurs troupeaux à des prix bas pour subvenir aux besoins de l’autre partie. C’est ce qui explique la flambée des prix de ces bêtes», a-t-il affirmé.
125.000 moutons disponibles, pour l’Aïd
Selon Noureddine Hamdi, chef d’arrondissement de la production animale relevant du commissariat régional au développement agricole de Kairouan, que l’état de santé du cheptel dans le gouvernorat de Kairouan constitué de 800.000 tètes dont 500.000 unités femelles, la première zone productrice des ovins du pays, est excellente, alors que le nombre de moutons disponibles dans la région pour l’Aïd est de l’ordre de 125.000 têtes.
A la source
C’est dans les régions du nord-ouest du gouvernorat (Sébikha- Oueslatia-Ain Jelloula), réputées pour la qualité de l’élevage ovin et caprin dont la chair a un gout particulier, qu’un bon nombre d’acheteurs se dirigent ces derniers pour se procurer le mouton de l’Aïd .
Un souk prospère
Dans les villes comme dans les villages, les bucherons ont commencé à distribuer des rondins de troncs d’eucalyptus sur lesquels on découpe la viande, aux magasins. Les vendeurs de ‘Kanouns’ en terre cuites et ceux du charbon de bois d’oliviers préfèrent circuler à bord de camionnettes dans les quartiers de la ville pour écouler leurs marchandises.
Quant aux aiguiseurs de couteaux, ils sont à la recherche d’endroits stratégiques dans les quartiers de la ville pour y installer les meules à affuter les couteaux et entamer leur travail.
Qui égorgera le mouton ?
Pour l’abattage du mouton de l’Aïd, c’est le père de famille qui se charge généralement de cette opération avec l’aide des membres de la famille. Pour d’autres c’est le boucher adroit, qui se chargera de le faire contre une somme d’argent allant entre quarante et cinquante dinars le mouton. Bonne fête à toutes et à tous!!!
Néji KHAMMARI