« Traditionnelle symphonie populiste », diraient certains pour qualifier l’intransigeance dont fait montre l’Ugtt à trois jours du début des négociations, à Washington, entre le FMI et une délégation représentant le gouvernement tunisien, au sujet d’un nouveau accord financier avec le Fonds. Les lignes rouges fixées par la puissante centrale syndicale, tout le monde les connait, aussi bien la cheffe du gouvernement que les experts du FMI : gel des salaires dans le secteur public, arrêt des recrutements dans la fonction publique, privatisation des entreprises publiques et…l’épineuse question de la Caisse de compensation.
Entendons-nous cependant bien. Personne, mais absolument personne, ne peut contester le grand sens de la responsabilité et de l’intérêt national qui anime et a toujours animé la grande et historique organisation nationale qu’est l’UGTT.Personne non plus ne peut nier sait se montrer flexible et que, contrairement à certains partis politiques dits de gauche, elle n’a jamais diabolisé le FMI. Les experts du Fonds lui reconnaissent d’ailleurs sérieux et pragmatisme. Ils n’en diraient pas autant des prédécesseurs de l’actuelle cheffe du gouvernement et tout particulièrement de Youssef Chahed passé maître dans l’art du faux bond et des voltes face. Nejla Bouden charrie du reste à ce jour ce passif, ce déficit de crédibilité et la filouterie de ses prédécesseurs. Ceux qui la connaissent, ceux qui l’ont approché saluent sa rigueur en toute chose, son sérieux, sa détermination, sa minutie, son vrai engagement au service de la Tunisie. De grandes qualités qui ne laissent guère insensibles la centrale syndicale et le FMI. La crédibilité et la solvabilité étant essentielles dans toute négociation, l’issue d’une négociation en est largement tributaire.
Les responsables du FMI l’avaient presque crûment signifié aux précédents gouvernements, ceux de Y. Chahed, de E. Fakfekh et surtout du ténébreux H. Mechichi : « Ne nous faites pas perdre notre temps en venant à Washington les mains vides » ! En clair, le dossier que le gouvernement aura à présenter à Washington devra impérativement être soutenable, réaliste et réalisable et…peut être surtout validé par les partenaires sociaux, l’UGTT en tête, bien évidemment.
Une nouvelle rencontre est prévue vendredi prochain – trois jours seulement avant la visite du 18 avril à Washington – entre la cheffe du gouvernement et la centrale syndicale .
Tous les observateurs sérieux sont unanimes pour dire que la Mission de la délégation tunisienne auprès du FMI à Washington ne sera certes pas de tout repos mais c’est « La mission de La dernière chance ». Un scénario libanais pour la Tunisie pointe à l’horizon et se précise, cependant que l’indulgence du FMI à notre égard à des limites, et contrairement à ce nous nous plaisons à croire dans notre fuite en avant et suffisance, le FMI n’a pas que la Tunisie dans ses radars, loin de là.
La mission de la dernière chance. Il nous appartient et revient absolument de savoir la réussir. Le gouvernement et l’UGTT sont aujourd’hui face à une responsabilité historique. Gardons confiance.
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