- Yakouta, le fardeau d’être une femme dans une société phallocratique
Une nouvelle création théâtrale signée Leila Toubel a été produite par Résist’art. La première a été donnée ce jeudi 8octobre 2021 à El Téâtro.
Il s’agit d’une éventuelle rencontre entre une maman et sa fille bâtarde retrouvée après 25 ans. Cependant, la mère a été prise en flagrant délit par son mari qui a eu vent de ce programme de rendez-vous clandestin, il l’a ainsi violentée et séquestrée dans une pièce de la maison. Cette dernière, se trouvait seule, proie au silence pesant et à l’insoutenable obscurité. Provoquée par une sensation du déjà-vécu, elle a éprouvé une effervescence de souvenirs douloureux qui s’est débordée après leur affluent dans sa tête. La mémoire affective s’est réveillée et tout son corps a pu vomir des scènes âpres et amères, des sensations qui ne peuvent s ‘effacer avec le passage du temps, depuis son viol par son grand frère lorsqu’elle était enfant à son viol conjugal par son mari.
Une satire de la société masculine
Le machisme des hommes, leur égo gonflé, leur agressivité ont été tournés en dérision par Leila Toubel. Dans une scène drôlement sarcastique, elle est partie du cycle de l’ovulation chez la femme pour parler de la première rencontre entre le spermatozoïde et l’ovaire. En provoquant le rire des spectateurs, la comédienne a présenté une critique acerbe de la société phallocratique. Ceci a concerné, non pas uniquement la société arabe, mais aussi les sociétés occidentales avec des variations sur les caractères et les spécificités propres à chaque pays.
La femme était-elle victime de l’autre ou participe-t-elle à la décadence de ses conditions ?
D’après la comédienne, la femme elle-même est responsable de sa misère. Sa passivité, son inconscience, sa subordination à l’autre sexe, ses convictions stupides en l’importance des traditions, des us et des coutumes, son ignorance, tout ceci a fait d’elle cet être chétif, vulnérable, fragile, opprimée, qui endure les souffrances, les inégalités, l’injustice, les violences morale et physique, de peur du regard de l’autre et de la société dans laquelle elle vit. Au lieu de se révolter contre sa situation, contre les maux qui enveniment son existence, qui étouffent sa vie, qui enlisent ses rêves, elle se laisse faire passivement, tel un objet, tel un instrument qu’on s’en sert pour des fins et des intérêts masculins et qu’on abandonne juste après.
Yakouta est un cri de femme contre les maux des femmes, un cri de femme contre la stupidité des hommes, mais pas seulement ! Le sujet de la condition féminine est abordé dans une conjoncture sociale, politique et culturelle. Leila Toubel a braqué ses projecteurs sur des sujets variés en rapport avec ce qui se passe en Tunisie.
Par Faiza Messaoudi