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Kaïs Saïed aurait imposé son bon vouloir et outrepassé l’avis des deux plus importants blocs des partis d’Ennahdha et de Qalb Tounès, totalisant à eux deux seuls, plus de 90 élus.
La présidence de la République vient d’annoncer, dans un communiqué rendu public dans la soirée de ce lundi 20 janvier 2020, que le président Kais Saïed a chargé Elyes Fakhfakh de former le nouveau gouvernement.
Ainsi le chargé, Elyès Fakhfakh procèdera à la composition d’un gouvernement dans un délai ne dépassant pas les 30 jours à compter de demain mardi 21 janvier 2020, sachant qu’il s’agit d’un délai non reconductible ni renouvelable conformément à l’alinéa 3 de l’article 89 de la Constitution. L’équipe gouvernementale, une fois formée, devra être soumise à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour un vote de confiance.
Le même communiqué ajoute que cette décision intervient à l’issue d’une série de consultations par écrit effectuées par le président de la République avec les partis, les blocs et les coalitions parlementaires ainsi que des rencontres avec les responsables des plus grandes organisations nationales et nombre de personnalités proposées.
En conclusion, ledit communiqué assure qu’en signe de respect à la volonté des électeurs et électrices et en signe de respect aux propositions fournies par les partis, les blocs et les coalitions parlementaires dans leurs correspondances, le gouvernement, une fois composé, ne sera nullement celui du président de la République, mais bel et bien le gouvernement qui bénéficiera de la confiance de l’ARP dans le sens où un nombre qui n’est pas peu nombreux des élus de l’ARP qui ont proposé le nom du chef du gouvernement chargé. Ainsi, le dernier mot reviendra à la seule Assemblée lorsque l’équipe gouvernementale lui sera soumise dans sa globalité.
Bon à savoir que M. Fakhfakh a été désigné par Kaïs Saïed alors qu’il a été proposé par un seul parti, Tahya Tounès qui compte, uniquement 14 députés à l’ARP, et l’assentiment d’Attayar démocratique qui a fait savoir qu’il n’a pas d’objection à cette désignation. C’est ce qui expliquerait l’expression de « nombre qui n’est pas peu nombreux des élu », au lieu d’une « majorité des élus », qui aurait été plus adéquaté pour motiver le choix de cette personnalité !
Autrement dit, le communiqué de la présidence de la République n’a fait que cultiver l’art de souligner les évidence en indiquant que l’équipe gouvernementale sera celle qui obtiendra la confiance de l’ARP, mais ce sera un gouvernement formé par une personnalité choisie selon le bon vouloir du président de la République qui serait passé, outre l’avis des deux plus importants blocs des partis d’Ennahdha et de 9alb Tounès, totalisant à eux deux seuls, plus de 90 élus.
Sans oublier que M. Fakhfakh a été candidat à la dernière élection présidentielle où il n’a récolté que 11532 voix, soit un taux trop infime de 0,34%, c’est-à-dire moins que Hechmi El Hamdi et trop loin derrière Abir Moussi !!
Mais apparemment et selon toute vraisemblance, Kaïs Saïed tablerait, quand même, sur un vote positif en comptant sur l’effet de la peur d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple en cas d’échec du gouvernement d’Elyès Fakhfakh.
Qui est Elyès Fakhfekh ?
Elyès Fakhfakh, né en 1972 à Tunis, est un ingénieur et homme politique tunisien. Il commence à travailler, à l’âge de 27 ans, au sein de Total : il y est chargé de résoudre des problématiques techniques et organisationnelles complexes dans des sites européens, américains et asiatiques.
Entre 2004 et 2006, il est directeur des opérations d’un nouveau site industriel de Total en Pologne. Il devient ensuite directeur général d’une société industrielle tunisienne spécialisée dans les composants automobiles à l’exportation, laquelle appartient à un grand groupe hôtelier.
Sans passé militantiste sous le régime de Ben Ali, Fakhfakh est membre d’Ettakatol, ce qui lui a permis d’être nommé en tant que ministre du Tourisme dans les deux gouvernements de la Troïka. D’abord avec Hamadi Jebali, en tant que ministre du Tourisme du 24 décembre 2011 au 13 mars 2013, et ministre des Finances du 19 décembre 2012 au 29 janvier 2014 au sein du gouvernement d’Ali Laârayedh qui a chuté à l’issue du dialogue national après un long sit-in dit d’Errahil.au Bardo.
Noureddine HLAOUI