par Abdelaziz Kacem
Je ne fais pas partie des partisans de Nabil Karoui. Je n’ai pas voté pour lui. Mais il accède très démocratiquement au deuxième tour et il demeure présumé innocent. Il aurait fallu invalider sa candidature, avant de procéder à sa rocambolesque arrestation, la veille même des présidentielles. Appliquer la loi, faire la justice sont de nature à rasséréner les consciences. Dans les cas présent, même les détracteurs du détenu se sentent plus que gênés. J’en appelle à la sagesse de nos magistrats. Les Tunisiens et les Tunisiennes, à tort ou à raison, pensent que la justice a encore obéi aux ordres de l’exécutif. Démentez la rumeur Messieurs de la cour, faites preuve d’indépendance. Notre démocratie encore chancelante n’est certes pas au-dessus des lois, mais doit, en la circonstance, assouplir la procédure. Le prévenu ne représente aucun danger pour la société. Et l’enquête suivra sereinement son cour.
Je suis un intellectuel en plein désarroi. Je suis effrayé par l’absence d’empathie, l’incapacité de compassion dont font preuves des gens comme vous et moi. Je suis effrayé de voir l’immensité de la haine que nourrissent mes compatriotes, les uns contre les autres.
J’écris pour soulager ma conscience et par souci de défendre l’honneur d’une Tunisie écornée par des pratiques que nous croyions révolues.
Le candidat Nabil Karoui a accédé au deuxième tour. Respectons ceux qui lui ont accordé leurs voix. Élargissez-le, il est en droit de mener librement sa campagne, tout autant que son rival.
Ou alors laissez-nous faire nos adieux à toutes nos illusions.