Les photos diffusées et ayant largement circulé sur les réseaux sociaux de Facebook montrant des députés du parti islamiste d’Ennahdha accrochant les galons aux cadres des services sécuritaires ont suscité de vives réactions consistant en des critiques virulentes.
Face à la multiplication des points d’interrogations soulevées par les internautes, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le colonel-major, Sofiène Zaâg, est intervenu sur les ondes de Mosaïque Fm pour préciser que la célébration du 63ème anniversaire des forces de sécurité intérieure se déroule à trois niveaux.
Le premier au Palais de Carthage où les galons des grades sont accrochés et les décorations accordées aux cadres promus, le deuxième a lieu au ministère de l’Intérieur sous l’égide des ministres de l’Intérieur et de la Justice et nombre de hauts cadres sécuritaires. Ensuite à une échelle régionale dans les gouvernorats où les gouverneurs invitent, comme il est d’usage annuellement, les députés de la région pour assister aux festivités. Et des fois, il arrive que nombre de ces députés puissent accrocher lesdits galons.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a tenu à affirmer que « les invités à ces cérémonies appartiennent aux différents partis et non pas uniquement à Ennahdha comme certains tentent de le faire propager, et ce dans un souci de préserver la neutralité du ministère de l’Intérieur qui doit être épargné de ce gendre de tiraillements et de surenchères, notamment en cette période avec l’approche du rendez-vous des élections… ».
En dépit de toutes ces explications, du reste plausibles, du ministère de l’Intérieur, il n’en demeure pas moins que s’il n’y a pas d’autres illustrations montrant des députés autres que ceux du parti islamiste, il y a de quoi être préoccupé.
En effet, quand on voit des cadres sécuritaires « galonnés » ou décorés par Ali Laârayedh, ancien ministre de l’Intérieur qui avait donné l’ordre de tirer des balles de caoutchouc contre les protestataires à Siliana entraînant des dégâts physiques énormes, sachant que l’enquête promise est restée lettre morte…
Quand on voit des cadres sécuritaires « galonnés » ou décorés par Sahbi Atig qui avait menacé, haut et fort en pleine Avenue Habib Bourguiba, vidéo à l’appui, de lynchage tout Tunisien, « coupable de dire du mal de Morsi, président égyptien déchu…
Quand on voit des cadres sécuritaires « galonnés » ou décorés par Yamina Zoghlami, qui avait intervenu en personne et en public en téléphonant à La Kasbah pour enfreindre l’interdiction du départ d’un jeune en France. Quelques jours après, il s’est avéré qu’il s’agissait, en fait, d’un individu sur qui pesaient de véritables présomptions de terrorisme…
Quand on voit ces personnages, dans le souci de se refaire une réputation d’hommes d’Etat, jouer les « soutiens des services de sécurité », il y a de quoi se poser des questions sur ces véritables opérations de com en faveur d’un parti qui refuse de se départir, d’une manière tranchée, de ses approches et autres référentiels religieux.
Pour preuve, en s’opposant au projet de loi sur l’égalité successorale, ces mêmes députés d’Ennahdha brandissent un seul argument, à savoir que le contenu de ce projet s’oppose à un texte coranique clair !
Noureddine HLAOUI