A un moment donné, les observateurs ont cru que le Nidaa historique allait se reprendre et entamer une remontée vers les belles années de 2012 et 2013 lorsqu’il était le chef de file du sit-in d’Errahil au Bardo, un mouvement qui avait valu aux Tunisiens d’être débarrassés d’un retour 15 siècles en arrière.
Avec l’annonce du retour de certains anciens barons de Nidaa au bercail pour amorcer une véritable rectification de la démarche et organiser, enfin, le congrès électif tant attendu sur des bases solides et saines conformément aux règles élémentaires de la démocratie et de la transparence, ils ont cru à un rassemblement des diverses sensibilités.
Ils y avaient cru avec le retour des Mondher Belhaj Ali, Boujemâa Remili, Ridha Belhaj et bien d’autres dans la ferme intention de lever la mainmise de HCE qui a été amené à la tête de Nidaa, ne l’oublions pas, grâce au fameux congrès de Sousse en 2015, préparé et dirigé par la fameuse Commission des Treize présidée par Youssef Chahed.
Ils y avaient cru, car tout le monde pensait qu’au vu des développements survenus sur la scène politique et partisane, le chef fondateur de Nidaa allait agir, enfin, pour remettre de l’ordre dans les rangs du parti qu’il a eu le génie de créer du néant et d’en faire le premier du pays en l’espace d’à peine deux ans avant de le mener à la victoire aux législatives et à la présidentielle de fin 2014.
Ils y avaient cru car au vu de la débandade et de l’effritement de Nidaa, ils croyaient à un inévitable sursaut salvateur pour remédier à la situation en éliminant les causes de cet effondrement qui ne sont autres qu’une gestion calamiteuse des affaires de ce parti qui avait réussi la gageure de supplanter le surpuissant et trop discipliné parti islamiste d’Ennahdha.
Les mêmes observateurs croyaient… croyaient… et croyaient… Mais finalement, il semble qu’il n’en est rien et, peut-être, qu’il n’en sera rien malgré l’impératif et l’urgence de faire face à l’avance rampante des forces obscurantistes et fondamentalistes qui se sont démasquées avec cette affaire cauchemardesque qu’est la découverte de la pseudo-école coranique de Regueb et de centaines d’autres espaces similaires disséminés à travers tout le territoire tunisien.
En ces moments où le chef du gouvernement n’hésite pas à créer son parti, une première dans les annales des démocraties à travers le monde entier, car on crée un parti pour parvenir au pouvoir et non pas gouverner pour fonder un parti grâce à l’apport, sûrement moral et peut-être matériel, de l’appareil de l’Etat, avec tous les risques que cela peut générer pour le processus démocratique, surtout que ce gouvernement bénéficie de l’appui du parti islamiste d’Ennahdha, supposé avoir un projet de société totalement différent de celui prôné par les forces démocratiques, modernistes et progressistes.
En ces moments de tous les dangers, y compris ceux d’ordre économique et social, Hafedh Caïd Essebsi, avec la bénédiction tacite de son père, continue à gérer Nidaa comme une simple « patente » ou un bien familial. Pour preuve, il continue de signer les communiqués pour prendre des décisions unilatérales et geler l’adhésion d’untel et traduire un autre devant le conseil de discipline, comme il vient de le faire avec Ridha Belhaj.
HCE continue à croire qu’il est un vrai leader, alors qu’il n’a jamais tenu un meeting ou participé à un débat dans un plateau sans parler de son incapacité à assurer un face-à-face, sachant qu’il avait été incapable de réussir une interview pourtant minutieusement préparée sur plusieurs jours du temps de Borhane Bsaïes.
Jamais, au grand « J », une personne n’a fait autant l’unanimité contre lui. Le fiston a réussi le pari de faire fuir plus de la moitié des élus de Nidaa, il a réussi le pari de faire dégringoler ce parti à la 3ème place après lui avoir fait perdre les élections municipales, pourtant sans la présence, en ces moments, de cette force parlementaire qu’est la Coalition nationale.
Jamais au grand « J » une personne ne s’est accrochée autant que HCE à diriger un parti rien que parce qu’il est le fils du président de la République et fondateur de ce parti.
Et comme, le fiston ne semble pas en mesure de réaliser les dégâts causés à cause de son comportement, nous nous adressons, aujourd’hui, au père qui n’a aucun intérêt à ce que ce grand acquis qu’est Nidaa, à l’origine du rééquilibrage du paysage partisan et politique, ne disparaisse.
Pourtant, au rythme où évolue la situation, c’est ce qui risque de survenir réellement. BCE en est-il conscient ? A-t-il oublié le risque d’explosion de ce même Nidaa lorsque son fils a été désigné pour présider la liste du parti à Tunis aux législatives de 2014 ?
BCE est-il conscient que ce n’est pas uniquement vers la perte de Nidaa qu’on va, mais vers la perte de tout le pays pour qui la majorité voudrait une orientation autre que celle que lui veulent les partisans de l’Islam politique. ? BCE est-il conscient que dans quelques jours, ce sera trop tard pour redresser la barre, même s’il le voudra ? BCE sait-il qu’il est plus isolé que jamais dans son Palais de Carthage ? BCE a t-il médité et tiré les enseignements des méfaits causés, toutes proportions gardées, par Leïla Ben Ali et les clans familiaux, notamment celui des Trabelsi ?
BCE est-il conscient qu’il doit, au moins, à tous ceux, dont un million de femmes, qui l’ont élu et choisi Nidaa, un respect des engagements pris, à commencer par assurer la pérennité de ce parti et des principes sur la base desquels il avait été élu ?
BCE est-il en train de lire et de suivre – et nous savons que oui – les réactions et les commentaires des médias et des Tunisiennes et Tunisiens sur les réseaux sociaux dont surtout Facebook ? Alors qu’attend-il pour réagir et remettre la machine en branle tant qu’il est encore temps ? Qu’attend-il pour agir en son âme et conscience et non selon des considérations familiales et sentimentales qui conduiraient à des conséquences aussi graves qu’imprévisibles pour toute la patrie.
Entre les desiderata de son fils, « soutenu » par d’autres membres de la famille, et les impératifs que lui dictent les devoirs envers la Tunisie, Béji Caïd Essebsi fera sûrement le bon choix, le choix que lui imposeront sa conscience et son amour immense pour la patrie…le choix qui lui permettra d’entrer de nouveau dans l’Histoire de la Tunisie….par la grande porte ! A bon entendeur salut !!!…
Noureddine Hlaoui