Par Naoufel Ben Rayana
Enseignant universitaire, économiste et directeur fondateur du site économique « Tustex », Naoufel Ben Rayana a réagi à la dernière décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui a relevé le taux directeur de 100 points de base passant de 6,75 à 7,75 en publiant son point de vue dans un post rendu public sur sa page Facebook et qu’il nous a autorisé à éditer sur notre site.
Voici, par ailleurs, l’article dans son intégralité :
« La décision de la BCT est difficile à prendre et est bien douloureuse pour les entreprises et les ménages. Mais, si on prend un peu de distance, elle est, bien sûr, justifiée : vous avez une inflation élevée, plus élevée que le taux d’intérêt nominal (TD ou TMM), donc un taux d’intérêt réel négatif. Donc, pour quelqu’un qui emprunte dans une telle situation et s’il en a les capacités, il remboursera, dans ce cas, des sommes réellement inférieures compte tenu de l’inflation.
Donc, la Banque centrale est dans son rôle et a fait ce qu’elle avait à faire, compte tenu des déficits des balances commerciales et des paiements et de nouvelles hausses attendues de l’inflation suite, entre autres, aux dernières augmentations des salaires non liées à une quelconque hausse de la productivité!
Aussi douloureux soit-il pour les entreprises et les ménages, ce relèvement du taux directeur (TD) est compréhensible et il faudrait rechercher les responsables du côté de la gouvernance économique du pays! Les gens se trompent de cible en s’en prenant à la BCT. C’est comme si on accusait un médecin qui prescrivait un médicament fort (pour ne pas dire de cheval!) à un patient gravement atteint car il ne faisait pas attention à son hygiène de vie (alimentation, sédentarité, cigarettes, etc. !).
On ne peut pas vivre éternellement au-dessus de ses moyens. Je crois que la BCT a cherché, à travers cette nouvelle hausse ample des taux, à créer le choc pour que les consommateurs, les entreprises (mais aussi les banques et les gouvernants) réfléchissent à deux fois avant d’emprunter et de vivre à crédit.
Il faut que tout le monde se rappelle qu’il y a eu un appauvrissement général depuis quelques années à cause du train de vie de l’Etat, de son surendettement, de l’inflation et de la chute vertigineuse du dinar. Pour ceux qui pleurent l’investissement, personne n’investira tant que la situation inflationniste persiste! Et je crois que, sans les dernières hausses du TD, la situation aurait pu être pire! ».