Originaire de Kasserine où il est très populaire, fils d’un des bâtisseurs de la Tunisie moderne et d’un des premiers ingénieurs du pays indépendant, Abdelaziz Zenaidi, qui supervisa notamment la construction de la Cité olympique d’El Menzah et de l’Hôtel Africa de Tunis, Mondher Zenaidi étudie d’abord au Collège Sadiki, avant de partir en France pour intégrer l’École centrale Paris où il décroche, brillamment, un diplôme d’ingénieur en 1973. Il enchaîne avec diplôme de la prestigieuse Ecole nationale d’administration de Paris en mars 1976.
De retour au pays, l’Etat fait appel à lui pour faire prévaloir ses compétences. D’abord en tant que haut technocrate avec des postes e responsabilité relativement élevés. Ainsi, après avoir été chargé de mission au cabinet du ministre de l’Économie nationale, il a occupé, successivement, les postes de DGA de l’Office national du tourisme tunisien, puis de directeur du cabinet du ministre de l’Économie nationale chargé de l’Industrie et de PDG de l’Office du commerce de Tunisie en 1983.
Responsabilités nationales et internationales
Là où il est passé, Mondher Zenaidi a su et pu laisser son empreinte dans le cadre d’une courte, mais riche expérience à l’échelle internationale. Il a pu diriger, ainsi, nombre de projets de coopération technique, par le biais du Centre du commerce international basé à Genève. Après une gestion des importations une promotion des exportations, il contribue à positiver la participation tunisienne à la première rencontre des organismes de commerce d’État relevant de l’Organisation de la conférence islamique (actuelle Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et à l’Assemblée générale de l’Association des organismes de commerce d’État des pays en développement dont il a assuré la présidence par le biais d’élections lors de la session de 1986.
Cet épisode a été couronné par son élection à la tête di Comité directeur de l’Espérance Sportive de Tunis, une tâche prestigieuse et fort prisée par les hautes personnalités du pays.
A partir de 1987, il entame un riche parcours gouvernemental, il fait son entrée au gouvernement en 1987 en tant que secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie nationale chargé de l’Industrie. Après un mandat à la Chambre des députés jusqu’à 1994, Mondher Zenaidi refait surface au sein du gouvernement en assumant des postes d’ordre purement technique à savoir, respectivement, les ministères du Transport (1994-1996), Commerce (1996-2001), Tourisme, Loisirs et Artisanat (2001-2002), Tourisme, Commerce et Artisanat (2002-2004), Commerce (2004-2005), Commerce et Artisanat (2005-2007) et Santé publique (2007-2011).
D’ailleurs, en occupant ce dernier poste et à ce titre, il a été élu, en 2010, président de la 63ème Assemblée mondiale de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Durant ce parcours ministériel, M. Zenaidi avait une réputation d’homme modeste. On le surnommait l’enfant du peuple. Dans tous les départements ministériels, il était matinal à son bureau où il recevait, quotidiennement ou presque avant l’heure du démarrage officiel du travail, les visiteurs sans rendez-vous et faisait tout pour satisfaire leurs doléances dans la mesure du possible et en respectant la légalité.
Il avait la réputation de «battre le fer tant qu’il est chaud sans rien laisser traîner. Il avait horreur des lenteurs administratives. Il appelait ses collaborateurs, y compris les secrétaires et les coursiers par leurs prénoms.
Ainsi grâce à son exemplarité et son abnégation au travail, grâce à son souci de l’efficacité et la célérité, Mondher Zenaidi a su et pu remettre de l’ordre dans chaque département où il est passé.
Parcours après la révolution
Fort de cette popularité et de cette réputation d’homme au dessus des diverses mêlées, M. Zenaidi était le seul membre du gouvernement à pouvoir assister, au moment de la révolution de 2011 aux funérailles de civils tués à la cité Ezzouhour.
Par la suite, il reprend son bâton de pèlerin en s’installant à Paris où il a été conseiller dans une institution onusienne. Et même s’il a été victime d’une machination et d’une tentative de déstabilisation dans un scandale immobilier, il n’a jamais cherché à se dérober et s’est soumis à la justice qui finit par prononcer, le 27 mai 2014, un non-lieu.
Innocenté et blanchi, il retourne au pays le 14 septembre 2014 et bénéficie d’un accueil triomphal à l’aéroport de Tunis-Carthage. Il dépose, aussitôt, son dossier de candidature à la présidentielle le 22 septembre en tant qu’indépendant, destourien et rassembleur : « Je porte un projet national qui rassemble tous les Tunisiens et à même de convaincre l’immense majorité des composantes de la vie politique ».
Son programme électoral reposait sur certains fondamentaux dont notamment « le renforcement de la sécurité nationale, le développement et la dynamisation économique du pays, la préservation de la dignité du peuple, la consolidation des libertés et des droits, l’environnement et le développement durable, l’accroissement du rythme des investissements, la lutte contre le chômage et la création d’emplois… ».
Après une 9ème position sur 27 au 1er tour sur 27 candidats en lice, il a annoncé son soutien au candidat de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, au second tour.
«L’intérêt du pays passe avant tout !…»
Dans un post Facebook publié à l’occasion de la Fête de la République, le 25 juillet 2018, Mondher Zenaidi a résumé le fond de sa pensée, notamment, comme suit :
«Aujourd’hui alors que nous commémorons ce glorieux anniversaire à qui notre pays a sacrifié ses meilleurs enfants, nous ne devons pas oublier que nous n’avons pas encore franchi le seuil de la sécurité et que l’édifice de la démocratie républicaine demeure encore fragile et menacé par divers risques. Le 25 juillet est aussi le douloureux 5ème anniversaire du meurtre de Mohamed Brahmi… un souvenir qui nous appelle à la vigilance, à la responsabilité, au travail continu et sérieux, pour prémunir notre pays contre tous ceux qui le guettent de l’intérieur comme de l’extérieur…
…J’ai pris mes distances des conflits et non pas des affaires de la nation, j’ai pris mes distances de la guerre des positions et des cercles d’influence et non pas de la réflexion profonde et le travail quotidien autour de projets de réformes et de développement avec des amis et des activistes honnêtes et compétents dont le nombre augmente chaque jour et leur seule occupation est de servir le pays dans le silence et la responsabilité.
Je me suis juré à moi-même et à ma patrie de ne pas prendre part à des batailles collatérales qui affaiblissent davantage le pays, aggravent ses blessures et ses crises et nous privent d’occasions précieuses pour promouvoir et renforcer sa place. Servir le pays ne nécessite ni des positions, ni des recommandations, mais seulement de la volonté sincère», a-t-il martelé…
….Je considère qu’il faut faire de la relance de l’économie du pays, l’amélioration du pouvoir d’achat des Tunisiens, le soutien des régions et franges marginalisées et la réduction de l’endettement une priorité nationale… »
Tel père, tel fils
Né à Tunis en juin 1914, Abdelaziz Zenaidi, père de Mondher Zenaidi, était l’un des premiers grands ingénieurs qui ont aussi le plus contribué à l’édification d’une infrastructure avant-gardiste et d’équipements modernes. Ce bâtisseur inlassable a toujours porté une vision d’avenir et veillé à une exécution de rigueur.
Ses empreintes sont partout dans le pays. La Faculté des Lettres de Tunis, Boulevard du 9 Avril, c’est lui, tout comme la Cité Olympique construite pour les Jeux Méditerranéens de 1967, l’hôtel Africa, l’un des chantiers les plus difficiles en raison des problèmes de fondation, l’ancien hôtel Hilton devenu Sheraton et l’ancien Palais de Skanès. Mais, aussi, tant et tant d’autres grands travaux d’aménagement et d’infrastructure.
Le premier ingénieur tunisien diplômé de l’Ecole centrale de Paris dans les années 30 aurait pu occuper de hautes fonctions en France ou, de retour au pays, monter son propre bureau d’études et sa propre compagnie de BTP. Mais, il a préféré se consacrer au service public. L’indépendance de la Tunisie le confirmera dans son choix et laissera libre cours à son génie tout en gardant sa modestie naturelle.
Abdelaziz Zenaidi sera tout-à-tour, directeur général des Grands travaux au Ministère de l’Equipement, PDG du groupe El Bouniane, fort de 14 filiales et PDG de la compagnie Tunisair. Partout où il a été affecté, il a toujours porté une attention particulière aux jeunes ingénieurs, mais aussi aux gestionnaires et à tous les cadres, tout en veillant à la situation des autres employés. Son souci majeur était de favoriser l’émergence de compétences tunisiennes à même de réussir de grands projets. Le service public était resté pour lui un noble devoir.