TUNIS – UNIVERSNEWS (MONDE) – Entre un président grabataire de 81 ans, et un candidat de 77 ans poursuivi en justice pénale pour quatre délits et qui cherche une revanche contre celui qui l’a battu, il y a quatre ans, le monde semble être « en de bonnes mains » pour aller à sa perte… et comme toujours, la pauvre Europe assiste en spectateur malheureux qui attend le dénouement, sans grand espoir.
Thierry Breton, le Commissaire européen, l’a bien exprimé dans une formule qui revient toujours en mémoire et s’est demandé si «l’Europe est condamnée à voir son destin se décider tous les quatre ans par une poignée d’électeurs américains?» Cette formule n’a jamais semblé aussi juste qu’aujourd’hui, alors que les primaires américaines sont, de fait, pliées, et que les électeurs d’outre-Atlantique polarisés vont rejouer, le 5 novembre, le match Biden-Trump de 2020.
Longtemps confiants ou indifférents, les Européens voient désormais approcher, comme dans un film d’horreur, la possibilité, pour ne pas dire la probabilité, d’une victoire du candidat républicain. Le réveil s’est fait le mois dernier avec le discours provocateur de Donald Trump abandonnant aux Russes les pays de l’Otan qui ne paieraient pas assez. Depuis, non seulement Trump a mis K.O. Nikki Haley, internationaliste à l’ancienne qui le défiait au-delà du raisonnable, mais il est en tête dans les sondages, nationaux comme ceux des États qui feront la différence, les fameux « swing states ».
Le spectre d’un nouveau mandat de Donald Trump commence donc à s’imprimer dans les cerveaux des dirigeants européens traumatisés par son premier passage à la Maison-Blanche, et que l’élection d’un Joe Biden à la fibre européenne avait non seulement rassurés, mais, disons-le, endormis.
À un moment pourtant, où l’aide américaine est déjà dans l’impasse, et l’Ukraine traverse une mauvaise passe, un diplomate européen prédisait cette semaine qu’en cas d’élection de Donald Trump en novembre, on risquerait même de voir certains dirigeants de pays de l’UE faire discrètement le voyage pour tenter de s’attirer les bonnes grâces du nouvel élu…
Le choc risque néanmoins d’être immense, avec une Russie enhardie par une Amérique introvertie, et une alliance atlantique privée de leadership. Le pire n’est jamais sûr, mais il faut s’y préparer.
Ce sera assurément une grande partie du débat des élections européennes de juin ; et ça sera au centre des grandes rencontres européennes et transatlantiques des prochains mois, culminant avec le Sommet des 75 ans de l’OTAN, à Washington, en juillet, à la veille des grandes échéances politiques américaines.
Un débat qui ne se décline pas en « pour ou contre les Américains », mais pour ou contre l’Europe. Ou, comme le déclarait sans détour le Premier ministre polonais, Donald Tusk, le mois dernier : « Si nous suspendons la défense de l’Europe uniquement à la bonne volonté et à la disponibilité des États-Unis, cela pourrait tôt ou tard se terminer par une catastrophe ». Une catastrophe qui pourrait s’appeler… Donald Trump !