-
Olfa a créé une fondation de droit britannique et a entrepris des actions de mécénat à Gaza, en Syrie, au Maroc et en Tchétchénie.
Par Sadok Zghal*
De gauche depuis ma toute première conscience politique, j’ai choisi de soutenir un projet qui ne se réclame pas de ma famille politique. En fait, un projet qui n’a pas de précédent. Une jeune femme mécène pour l’éducation, l’art et la culture s’investit dans l’action politique en mettant à disposition de ce projet de grands moyens, ses propres deniers.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ami avec elle sur Facebook. Il y a de cela un an elle a fait l’objet d’une attaque en règle suite à une rumeur annonçant sa candidature à la présidentielle. Les arguments des personnes qui l’ont attaquée m’ont choqué : mariée avec un français, un ami de Macron, un sioniste-maçonnique qui a des visées colonisatrices-impérialistes sur notre pays.
Ce qui m’a aussi interpellé c’est que les personnes les plus virulentes étaient des femmes. Du coup, je me suis renseigné et j’ai découvert l’histoire de cette jeune Bizertine issue de l’école publique ayant entrepris des études supérieures en Tunisie puis ayant émigré entre Londres et Paris.
Elle a travaillé dans les plus grandes banques de la City sur les produits dérivés européens avant de rencontrer son mari qui a réussi quant à lui dans la finance internationale. Ils ont eu cinq enfants. Olfa a créé une fondation de droit britannique et a entrepris des actions de mécénat à Gaza, en Syrie, au Maroc et en Tchétchénie.
Jusque-là tout va bien, au contraire j’ai été subjugué par la personne, son humanisme et sa générosité. Puis je me suis renseigné sur ce qu’elle avait entrepris en Tunisie : le centre culturel à Jebel Semama, l’exposition l’éveil d’une nation, les 400 écoles qu’elle a animées, les bourses aux étudiants et les prix pour les projets culturels. Ça m’a scotché sachant que les riches investissent surtout pour s’enrichir encore.
Me concernant et après le Sit-In du Bardo durant lequel je m’étais beaucoup investi, j’ai levé le pied ayant compris que la gauche tunisienne ne s’unirait jamais et je suis resté le militant politique indépendant.
Un électron libre. Puis est venu la grève de la faim de Radhia Nasraoui. Je me suis mobilisé sur les réseaux sociaux en solidarité avec cette pensionara de la lutte pour les droits humains et la démocratie. Ayant constaté un terrible déficit communicationnel du Front Populaire j’ai proposé mes services à Hamma Hammami et à Riadh Ben Fadhel.
Ils m’ont écouté mais ne sont jamais revenus vers moi. Sont venues après les élections municipales et j’ai contribué un tant soit peu au succès de la liste indépendante Al Afdhel qui a su battre à plate couture les deux grands partis politiques conservateurs.
Depuis je me suis résigné à vivre en observateur les élections à venir et au mieux à soutenir une liste indépendante dans ma circonscription si elle était menée par des personnalités intègres. Tout cela conscient de voir mon pays risquer d’être accaparé pour longtemps par les intégristes et les mafieux.
Deux ou trois mois auparavant j’ai appris par Olfa Terras elle-même qu’elle quittait le mécénat pour se consacrer à son projet. Elle m’a invité à découvrir leur documentation et notamment la consultation de 3ich Tounsi et sa feuille de route. Deux choses m’ont interpellé: les moyens et la méthode.
S’agissant des moyens mis en œuvre, j’ai tout de suite saisi que c’était comme on dit du lourd avec des techniques de communication extrêmement novatrices en Tunisie. Quant à la méthode, j’ai plutôt tiqué. Demander au peuple qu’elles sont ses préoccupations alors qu’elles sont évidentes à mes yeux : l’injustice qui s’accentue, les écarts qui se creusent, la dégradation des conditions de vie et l’insécurité.
Je me suis dit que cette démarche est fausse, tous les peuples sont conservateurs, j’en ai eu la confirmation en lisant les 12 mesures d’urgence. Ordre, sécurité et lutte contre la corruption (ce qui m’a rassuré un peu) telles étaient leurs priorités.
Puis j’ai eu l’occasion de rencontrer Olfa Terras et je lui ai fait part de mes réserves quant à la méthode et à certains points de la feuille de route. Elle m’a répondu et je l’ai écouté attentivement.
Les idéologies sont mortes dit-elle, il n’y a plus de clivage droite-gauche et on ne vote plus sur un programme. On vote sur de grandes idées. Sa démarche se veut extrêmement pragmatique. Il faut arriver au pouvoir pour changer les choses et rien ne pourra se faire si on n’arrête pas l’hémorragie avant d’entamer les grandes réformes.
Pour ce faire il faut mettre fin à la corruption de la classe politique dominante, permettre aux Tunisiens de vivre en sécurité, leur offrir l’accès aux soins et aux médicaments, aider les retraités qui voient leur niveau de vie dégringoler, etc.
Au final je suis sorti de cette réunion avec le sentiment d’avoir rencontré une personne sincère, douée de charisme, extrêmement pragmatique et maîtrisant ses dossiers. Son action est parfaitement légale. Là-dessus aussi je me suis renseigné.
Quant à Guillaume, j’ai su que bien qu’étant un financier, il avait toujours voté à gauche sauf pour Macron voulant faire barrage à l’extrême droite. J’ai découvert un homme sensible qui a pris sa retraite pour vivre avec femme et enfants en Tunisie, pays pour lequel il a beaucoup donné. Toutes les attaques diffamatoires contre Olfa Terras, 3ich Tounsi et Guillaume Rambourg ne feront que me conforter dans mon choix. Plus on cherchera à leur barrer la route par des méthodes tordues et des lois scélérates plus je les soutiendrai. Le principe des vases communicants.
Aujourd’hui je soutiens les listes 3ich Tounsi, engagées aux élections législatives et particulièrement celle de mon ami Ghazi Mrabet qui se présente sur la circonscription de l’Ariana. Ghazi Mrabet cet avocat défenseur des libertés individuelles et figure de proue de la société civile.
Je n’ai pas perdu mes valeurs mais j’ai changé à 60 ans en 2019…
*Juriste, ex-fonctionnaire international et militant de la société civile