Tunis, UNIVERSNEWS (Pêche) – À Kerkennah, les pêcheurs sont unanimes : il y a peu de poulpes ces dernières semaines. Ce matin, Néji pêcheur a trouvé aussi deux poulpes dans ses casiers. « À la même période l’an passé, j’en trouvais beaucoup plus. Cette année, c’est presque zéro à chaque sortie ». Les pêcheurs de Kerkennah sont d’accord sur ce point : ils pêchent de moins en moins de poulpes ces dernières années. Pour eux, la multiplication du chalutage dans la zone peut expliquer ce changement…
Zied Chelli, Président de l’Association Kantara Save Earth a précisé à UNIVERSNEWS que « les pêcheurs de poulpes de Kerkennah se sont plaints du recul considérable de la pêche et la production de poulpes. Cette situation met en péril les moyens de subsistance de nombreuses familles qui dépendent de cette activité maritime. Plusieurs facteurs expliquent ce déclin, notamment la surpêche, l’utilisation de techniques destructrices comme les casiers en plastique et les chalutiers illégaux, le non-respect de la période de repos biologique s’étendant du 15 mai au 15 octobre, et cela affecte le renouvellement naturel des populations de poulpe ainsi que les déséquilibres environnementaux causés par des pratiques non réglementées».
Mettre fin à la pêche au Kiss
Il est vrai que l’augmentation du coût des équipements de pêche et de l’entretien des embarcations aggrave encore les difficultés du secteur. Les changements climatiques, tels que la hausse des températures et l’instabilité des courants marins, modifient le comportement des poulpes, les poussant à migrer vers des eaux plus profondes, rendant ainsi la pêche plus difficile et moins rentable. Face à cette crise, le Président de l’Association Kantara Save Earth appelle les autorités à intervenir en urgence pour mettre en place des mesures de soutien, réguler les pratiques de pêche et renforcer les contrôles contre les infractions environnementales et surtout la lutte contre le chalutage de fond (le kiss) qui consiste à racler les fonds marins avec des grands filets. Cette pratique engendre des dommages durables et potentiellement irréversibles sur les habitats marins, menace les populations d’espèces sensibles telles que les poulpes et laisse dans son sillage des déserts dépourvus de vie. Une action urgente est nécessaire en vue de mettre fin à la pêche au Kiss, protéger les habitats côtiers d’importance biologique et économique de Kerkennah, et préserver les moyens de subsistance et la viabilité des communautés de pêcheurs artisanaux. (M.S)
