TUNIS – UNIVERSNEWS – L’accident de la route constitue un révélateur de l’état de la société, de ses maux, de ses débats, de ses dysfonctionnements. S’il exprime la souffrance sociale, il est aussi un des facteurs qui, parmi d’autres, est à l’origine de la détresse sociale. Rester calme au volant… une notion bien abstraite pour de nombreux automobilistes.
En effet, les conducteurs ont plutôt le sang chaud et avouent être plus impulsifs, plus nerveux ou agressifs. Queue de poisson, refus de priorité, insulte, geste obscène ou violent. Plusieurs usagers de la route se plaignent de subir des incivilités au volant.La conduite est perçue comme une activité pour laquelle les hommes seraient naturellement compétents. En opposition, les femmes sont vues comme de mauvaises conductrices. Ce qui s’avère faux au vu des statistiques d’accidents de la route et de mortalité routière, qui concernent moins les femmes car elles ont moins.
Les femmes doivent encore affronter un certain nombre de préjugés dans le domaine de la conduite, comme dans bien d’autres domaines. Une étude sociologique quantitative et qualitative sur les violences à l’encontre des femmes dans l’espace routier en Tunisie a conclu que les femmes sont plus ciblées que les hommes lorsque des erreurs et des accidents se produisent. Cela démontre la propagation de la violence à son encontre sur la base du genre, a fait savoir la professeure et chercheuse en sociologie à l’université de Tunis qui a participé à la réalisation de cette étude, Rania Ghouil, dans une déclaration à l’agence TAP. 59% des personnes interrogées ont insulté le conducteur du véhicule dans l’espace routier quand ils découvrent que c’est une femme. L’étude a porté sur un échantillon de 3500 personnes dont 1500 conducteurs de véhicules ,1000 motocyclistes et 1000 piétons. Ghouil a montré que 33% des personnes interrogées lancent des propos obscènes à l’égard des femmes dans l’espace routier, lorsque des erreurs de conduite sont commises. Selon 42,4% des interviewés, les femmes sont la source des accidents survenus alors que 44,3% estiment que les jeunes en sont les plus responsables
Il est vrai que les femmes pensent qu’elles sont de bonnes conductrices et qu’elles respectent les règles du Code de la route de façon quotidienne. Même au volant, les réflexes sexistes perdurent. Plus des trois quarts des conductrices se sont ainsi fait insulter par le sexe opposé au volant, selon l’enquête de Minute Auto, comparateur français en ligne d’assurance automobile, auprès de plus de 2.100 femmes titulaires du permis de conduire. Autre constat révélé par l’enquête de Minute-Auto : lorsqu’elles sont au volant, 77 % des femmes se sont déjà fait insulter par des conducteurs hommes. Par ailleurs, dans 64 % des cas, les femmes ont eu droit à des insultes qui se réfèrent à leur sexe. Autre élément mis en exergue : « quand un conflit éclate entre la femme et l’homme autour de la voiture, c’est après une remise en question de la conduite féminine dans 44% des cas. Les cas de rayures ou de chocs amènent à la dispute dans un peu plus de 20% des cas seulement en comparaison ».
Pour les conducteurs les plus nerveux, l’insulte peut être suivie d’une brusque descente du véhicule pour s’expliquer plus clairement avec l’objet des injures. Un phénomène de plus en plus courant sur les routes. Certains, insultent la femme pour un stop prolongé ou une erreur sans conséquence que lui-même aurait commise et la fameuse phrase lui revient : « Oh les femmes au volant, elles ne sont pas à leur place !!!», et la conductrice aura à subir un traitement de tous les noms. Héla reconnaît cette agression de certains conducteurs masculins. « Régulièrement, un homme t’insulte parce que tu l’as doublé, sans faire la moindre erreur de conduite. Il y en a qui me font la course, des queues de poisson, pour montrer qu’ils sont plus rapides que moi ». Un constat qu’affine Nadia : « Le sexisme du quotidien au volant tire ses racines de ces constructions sociales genrées ». Samia estime que « certains hommes sont calmes. Au contraire, ils font tout pour faciliter la tâche aux femmes sur volant. Certains descendent même de leur voiture pour aider une femme en panne ou en difficulté. « Il est temps de prendre conscience que les femmes sont d’aussi bonnes conductrices que les hommes. Elles sont même d’ailleurs moins dangereuses en voiture que le prétendu sexe fort » avoue Najla
M.S.