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Le « 190 » traite entre 6 et 10 mille appels par jour avec un pic de 29 mille le 16 mars
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Des médecins, jeunes et anciens, sont volontaires avec nous face au Covid-19
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Avant de parler de confinement, il faut absorber le rythme de propagation du virus
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Le BCG améliore l’immunité, mais ce n’est pas encore le vaccin anti-Coronavirus
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Seul le comportement du citoyen peut empêcher le dépassement de notre système de santé
Les services d’aide médicale urgente (SAMU), que certains connaissent uniquement sous le chiffre de 190, ont retrouvé leur titre de noblesse avec l’apparition de la pandémie du Coronavirus dans le sens où ils occupent, désormais, les premières lignes du système de santé en Tunisie où ils jouent un rôle de premier plan
Depuis l’avènement du Covid-19, donc, le SAMU est celui qui assure les premières tâches pour les patients présumés contaminés jusqu’à leur transferts dans les hôpitaux. De toutes ces étapes assurées par le SAMU, Univers News a essayé d’en avoir le maximum de détails lors une rencontre téléphonique – confinement oblige – avec le Pr Mounir Daghfous, chef de service SAMU 01 du Nord-est couvrant les quatre gouvernorats du Grand Tunis, de Nabeul, de Bizerte et de Zaghouan, soit à peu près de40 à 50 pour cent de la population globale de la Tunisie. Interview exhaustive et détaillée…
Commençons par le commencement avec un aperçu sur le fonctionnement du SAMU en Tunisie ?
Le service d’aide médicale urgente (SAMU 01) est le gérant des urgences médicales pré-hospitalières. Le public y accède par un numéro gratuit qui est le 190.
Créé depuis 1980, soit il y a quarante ans, le SAMU 01a pour mission de porter secours grâce à des moyens exclusivement médicaux aux situations d’urgence individuelles ou collectives extrahospitalières.
Pour cela, il y a toujours, 24 heures sur 24, un médecin au bout du fil pour répondre aux appels provenant au 190 avant de traiter, selon las cas présents tout en disposant d’une unité de réanimation mobile, sachant qu’en temps normal il a affaire, la plupart du temps, à des situations délicates à savoir des accidents de santé graves, accidents de la circulations, attentats, etc.
Quels changements avez-vous subis après l’apparition du Covid-19 ?
Les changements sont notables. En temps normal, on recevait, jusque-là entre 200 et 250 appels par jour, mais depuis l’avènement du Coronavirus, on est à plusieurs milliers d’appels par jour. Le 14 mars 2020, on a enregistré 9 mille appels. Deux jours plus tard, plus précisément le 16 mars, o a eu un pic de 29 mille appels
Et petite à petit avec la diminution de la pression, on est revenu à une moyens situées ente 6 et 10 mille appels par jour, ce qui nous contraints à faire multiplier les lignes groupées par dix passant, ainsi de 6 à 60 tout en renforçant considérablement le personnel puisqu’en plus de nos propres agents, on a dû faire appel à une cinquantaine de volontaires grâce à l’apport de jeunes médecins en provenance de l’Associamed, de l’association des jeunes médecins et du Croissant rouge ainsi que d’anciens médecins et des agents de Téléperformance
Quant au taux des réponses, il a été considérablement amélioré passant de 5%, lors de la journée du 16 mars et son pic, à près de 70% actuellement, ce qui est satisfaisant surtout si l’on sait que la même personne appelle, en moyenne, deux fois.
En quoi consiste votre mission après la régulation des appels ?
Effectivement, après la prise des renseignements nécessaires lors de l’appel nous étions amenés à charger des équipes pour faire des déplacements, lors des premiers temps, sur les frontières avec l’idée d’empêcher voire limiter l’entrée du virus au pays en procédant aux premiers contrôles d’usage.
Après cette phase 1, la suivante consiste à effectuer les prélèvements pour les contacts présentant des signes cliniques de la contamination avant de passer à la phase 3 au niveau des Directions régionales avec
Vient ensuite le 2ème volet consistant au transfert des cas contaminés vers les établissements hospitaliers, sachant qu’on transféré, jusqu’à présent, 54 cas de Covid+ dont 36 en réanimation à l’Hôpital Abderrahmane Mami, Charles Nicolle, La Rabta et certaines cliniques privées.
Certains bruits évoquent déjà le confinement et l’après-confinement. Le moment est-il opportun pour évoquer cette phase ?
Je dois rappeler, d’abord, qu’à l’instar des pays du monde entier, la Tunisie vit une situation inédite sachant qu’il existe plus de 4 milliards de personnes confinées. Et notre souci principal, dans l’état actuel des choses, est d’absorber le rythme de propagation du virus, ce qui nous laisserait le temps de gérer et de circonscrire le fléau.
Pour cela il faudrait d’abord une stabilisation précédant un début de déclin qui doit être confirmé par des chiffres à l’appui. Ainsi, après la fermeture hermétique des frontières et le confinement généralisé, il est obligatoire d’observer une vigilance extrême et une prudence à toute épreuve, d’où l’impossibilité de parler, dès-à-présent de déconfinement qui exige une gestion multisectorielle.
Mais à supposer que la situation le permet dans un jour à venir, quelle attitude peut-on imaginer pour le réussir ?
Tout d’abord, il faut adopter une approche progressive avec une observation rigoureuse de toutes les consignes préventives dont notamment la distanciation sociale, le lavage systématique des mains et un éventuel port du masque individuel. Et ce qui fort probable, c’est qu’il faudra faire avec ce mode de comportement dans la durée en attendant de trouver un vaccin confirmé et autorisé.
En parlant de vaccin, qu’en est-il du BCG ? Et qu’en est-il également des médicaments pour le traitement des personnes contaminées. ?
Franchement, il n’existe aucun vaccin pour le moment et il faudra attendre les résultats des travaux des divers laboratoires à travers le monde. Quat au BCG, rien n’est prouvé. On sait juste qu’il améliore les conditions d’immunité chez les personnes qui en sont vaccinées. Sans plus.
Pour les médicaments, il n’y en a pas nom plus, à part deux ou trois dont ceux associés à la chloroquine qu’on a autorisé l’usage sous contrôle médical strict car il est utilisé hors AMM (autorisation de mise sur le marché), s’où sa prise après prescription obligatoire d’ordonnance et le remplissage d’un formulaire prouvant le consentement du patient. Et encore une fois, interdiction de toute automédication en la matière.
On vous laisse le mot de la fin…
Je voudrais insister sur le fait que le SAMU est destiné aux malades graves, plus précisément en ces temps de contamination par le Coronavirus, mais malheureusement, nous continuons à recevoir des appels fantaisistes. Je demande, donc, aux citoyens de nous aider, sachant qu’actuellement nous offrons un délai de réponse inférieur à UNE minute.
Et je ne le répèterai jamais assez qu’avec le Covid-19, le système de santé tunisien peut être dépassé à tout moment, d’où mon appel réitéré pour la énième fois au sens de la responsabilité du citoyen qui a un rôle éminent à jouer : je demande aux Tunisiennes et Tunisiens de respecter la distanciation et d’obéir aux consignes hygiéniques. En se protégeant, on protège les autres et on casse la propagation du virus.
Entretien conduite par : Noureddine HLAOUI