TUNIS – UNIVERSNEWS – Les virus de l’hiver, favorisés par le relâchement des gestes barrières, font leur retour. Si elles sont souvent passagères et anodines, elles peuvent néanmoins se révéler beaucoup plus graves, en particulier chez les personnes les plus faibles. Les explications du Pr. Rim Abdelmalek, spécialiste en maladies infectieuses
- Universnews : Covid-19, bronchiolite et grippe, la triple épidémie de virus respiratoires qui menace la Tunisie cet hiver. Y a-t-il d’autres virus respiratoires qui circulent en même temps ?
– Rim Abdelmalek : COVID-19, bronchiolite et grippe sont des noms de maladies et non de virus. Virus respiratoire syncitial est le plus pourvoyeur de bronchiolites chez le nourrisson et qui circule massivement. SARS-CoV-2 est l’agent du COVID-19 et qui ne circule pas beaucoup pour le moment. Myxovirus influenzae est le virus de la grippe et qui comprend des types (A, B, C), des sous-types (A (H1N1), A(H3N2)) et des lignages (B Yamagata, B Victoria); les quatre virus circulent et en particulier les deux A. D’autres virus respiratoires aussi anciens les uns que les autres circulent parmi nous : adénovirus, rhinovirus, bocavirus, parainfluenza virus et les alpha-coronavirus humains circulent aussi.
- Les épidémies de cette année qui sont de plus grande intensité sont-elles dues à une baisse de l’immunité collective ?
– Les virus respiratoires génèrent une immunité non durable, vu le caractère changeant des virus, échappant à l’action de l’immunité régulièrement. Les contacts répétés entre humains et virus engendrent une protection immunitaire individuelle et collective qui diminue l’impact de l’épidémie avec le temps. Avec COVID, nous n’avons pas eu de contact avec ces virus pendant 2 ans au moins, ce qui a fait baisser le degré de protection. Le retour massif de ces virus, actuellement, engendre une réaction immunitaire importante et une certaine virulence en particulier chez les enfants et les porteurs de maladies chroniques. Tous ces virus respiratoires évoluent par vagues qui s’entremêlent et se croisent chaque année
- Le relâchement observé ne risque-t-il pas d’entraîner une seconde vague de contaminations ?
– L’absence d’adhésion aux recommandations de prévention pourtant simples à respecter risque de faire durer le calvaire. Les virus ont une certaine compétition et inhibition entre eux, mais le fait d’être absents pendant 2 à 3 ans a fait évoluer les choses différemment. Nous risquons une saison difficile avec tous les virus qui cohabitent et pendant longtemps. Un retour au masque, hygiène des mains, éviction des rassemblements surtout en lieu fermé, aération des lieux communs, éviction des contacts physiques avec l’entourage non-intime et surtout vaccination des plus fragiles contre la grippe et COVID une fois par an sont des gestes nécessaires pour limiter la progression de ces virus.
- Ces maladies nécessitent parfois un passage aux urgences, voire une hospitalisation. Nos structures hospitalières sont-elles prêtes à les accueillir ?
– Les structures hospitalières ont repris une activité optimale avec toutes les autres pathologies. Nous avons repris notre train-train habituel, mais avec des cas de plus en plus compliqués, vu la toxicomanie, le manque de médicaments, l’absence de consultations pour beaucoup de patients en période COVID… Aucun retour en arrière n’est possible. Nous sommes obligés de faire avec ce qu’on a ! On doit s’organiser pour créer de la place pour le respiratoire, tout en continuant à assurer le reste
- Face aux virus de l’hiver, faut-il maintenir les gestes barrières à la veille des fêtes de fin d’année ?
Les moyens de protection doivent être de mise pendant les fêtes de fin d’année si on ne veut pas voir l’état épidémique empirer, début janvier.
M.S.