- Ghannouchi doit partir avant qu’il ne soit trop tard pour lui, Mechichi doit démissionner et Saïed doit passer des paroles au concret
- Si elles sont confirmées par la justice, les données contenues dans le dossier de l’appareil sécuritaire secret sont excessivement graves
- Kamel Akrout ne décolère pas contre Marzouki et réaffirme qu’il roule uniquement pour la patrie
L’ancien conseiller à la sécurité nationale à la présidence de la République, du temps de feu président Béji Caïd Essebsi, l’Amiral Kamel Akrout était l’invité, de l’interview réalisée dans la soirée d’hier vendredi 12 février 2021 par Sameh Meftah sur la chaîne de télévision, Carthage +, à l’émission « Y a-t-il une réponse ? ».
Cette rencontre, d’une durée d’une heure et demie, a été une occasion pour avoir les avis d’une personnalité réputée pour sa sobriété et sa discrétion sur tout ce qui se passedans le pays et sur sa vision pour l’avenir de la Tunisie.
Revenant, en premier lieu, sur les derniers événements en Tunisie, Kamel Akrout s’est prononcé, d’abord, sur les mouvements de protestation sociale et politique qu’il a qualifiés de compréhensibles
Bien entendu, les temps ne sont plus à la répression aveugle car les droits acquis en matière des libertés et du respect des droits de l’Homme sont irréversibles, a-t-il précisé avant d’ajouter que le respect des lois doit être, également, observé sans oublier qu’il faut mettre un peu d’ordre et d’organisation dans les rangs des syndicats sécuritaires
Or, au lieu de rectifier les orientations politisées par lesdits syndicats, chose inacceptable, le chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur par intérim les a reçus et leur a promis de concéder à leurs « revendications », s’et-il indigné.
Passant à la situation générale dans le pays, l’Amiral Akrout a tenu à assurer qu’elle est plutôt de connotation politique, d’où la nécessité de procéder à des changements profonds aussi bien sur le plan du système politique que sur celui du code électoral. « Dans les années 40, la France vivait une situation analogue à la nôtre actuellement avec un régime parlementaire, mais sur pressing du général De Gaulle, en l’espace de quelques mois, une profonde réforme a été réalisée avec amendement de la Constitution par d’éminents spécialistes et experts avant d’organiser un referendum instaurant la Cinquième République et le régime présidentiel.
Prié de répondre sur ses relations avec l’ancien président provisoire, Moncef Marzouki qui lançait des accusations multiples contre certains chefs militaires avant de limoger l’Amiral Akrout et le chef d’état-major de l’armée de terre, l’invité de Carthage + a piqué une grosse colère à l’encontre dudit président en assurant qu’il ne comprenait pas la nature de la mission des militaires tout en réitérant qu’il est mû uniquement par l’amour et la loyauté à la patrie.
Et dans le même ordre d’idées, il a fustigé et dénoncé vigoureusement, le passage de Marzouki sur un média étranger, en l’occurrence la chaîne qatarie Al Jazeera, où il a accusé l’armée de planification d’un coup d’Etat sur instigation de certains politiciens qui lui étaient hostiles.
Ces accusations adressées par Marzouki sont inadmissibles car elles constituent une humiliation pour l’institution militaire, sans laquelle, il n’aurait jamais pu être au pouvoir.
Traitant du dossier de l’appareil sécuritaire secret et son rapport avec l’assassinat des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, Kamel Akrout a affirmé qu’il s’agit, bel et bien d’une affaire de sécurité nationale par excellence avant de révéler que les données qu’il contient, si elles s’avéraient juridiquement exactes, sont de la plus haute gravité !
L’Amiral Akrout considère, par ailleurs, qu’il est possible de métamorphoser notre pays pour en faire le Singapour de l’Afrique à condition d’opter pour des réformes réelles dont notamment la digitalisation de l’économie, l’allégement des procédures bureaucratiques, l’option pour les startup-act, tout en mettant le cap sur les énergies nouvelles et renouvelables.
Pour conclure, il a adressé des messages aux trois présidents sous forme, à la fois, d’appels et de conseils
A Kaïs Saïed, il a recommandé de passer de l’étape des paroles et des principes à celle du concret. A Mechichi, il lui a conseillé démissionner parce qu’il n’a pas su être à la hauteur de sa mission devenant trop fragile au point de céder à toutes les pressions.
Et à Ghannouchi, enfin, il l’a appelé à partir tant qu’il peut le faire encore par la porte dans le sens où il est devenu un « fardeau » pour les différentes parties politiques, y compris que sein du mouvement Ennahdha…
En tout état de cause, cette apparition de l’Amiral Kamel Akrout a été une opportunité pour démontrer qu’il fait partie de cette trempe d’hommes ayant une vision stratégique pour le pays, un, sens aigu du patriotisme et de la suprématie de l’intérêt national avec des idées et des conceptions claires pour contribuer à la sortie de la Tunisie de l’impasse qui semble s’installer dans la durée…
Noureddine HLAOUI