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Karoui, Zbidi et Jomâa dans la peau de super favoris
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Des coups de théâtre concernant les éventuels désistements demeurent possibles
Contrairement au scrutin de 2014 où les prévisions étaient faciles à faire au vu du vote utile contre Ennahdha et son représentant Moncef Marzouki qui s’est laissé induire en erreur en croyant vraiment que les voix obtenues lui étaient réellement destinées, l’élection présidentielle version 2019 s’avère plus indécise que jamais.
En effet, plusieurs candidats sortent du lot et peuvent, se retrouve, le 15 septembre courant, au second tour, d’où l’impossibilité de se prononcer sur le duo vainqueur. Mais on peut, d’ores et déjà dresser un récapitulatif sur les forces et les faiblesses des uns et des autres.
En procédant par élimination logique, on peut obtenir une liste restreinte des éventuels candidats sérieux. On citera, ainsi, Nabil Karoui, Abdelkrim Zbidi, Mehdi Jomâa, Abir Moussi, Abdelfattah Mourou, Youssef Chahed et Mohsen Marzouk.
Certains candidats qui pouvaient constituer des outsiders capables de créer la surprise, ont perdu toute crédibilité au fur et à mesure de l’avancement de la campagne électorale. On peut placer dans cette case, Selma Elloumi, complètement effacée et absente sur les plateaux et sur le terrain, Hamadi Jebali, sans envergure après avoir été délaissé par son ex-parti d’Ennahdha, Kaïs Saâïed qui s’avère une simple coquille vide et une bulle gonflée par des sondages douteux, Lotfi Mraïhi qui s’est révélé arrogant et rétrograde avec des relents islamistes dangereux.
Il en est de même pour Elyès Fakhfakh qui souffre de son passé avec la troïka alors qu’il veut compenser ce handicap par une agressivité frisant l’arrogance. Quant à Seifeddine Makhlouf, il n’est vraiment pas à sa place en se demandant comment la candidature d’une personne défendant les causes des terroristes puisse être acceptée.
Venons-en, maintenant, aux candidats passibles de se retrouver au second tour. Il y a d’abord Nabil Karoui, premier dans les sondages, qui bénéficie d’une situation à double tranchant. En effet, le fait de se trouver en prison peut constituer un élément stimulant pour ses partisans à voter pour lui en masse surtout si l’on voit la campagne et l’apport de son épouse, Saloua Smaoui, une véritable « lionne ». Mais le commun des citoyens pourrait se dire, le jour « J », qu’il inutile d’accorder sa voix à un candidat emprisonné.
Abdelkrim Zbidi, ensuite, est le candidat qui donne l’image d’un homme d’Etat par excellence tout en étant boosté par l’élan spontané sur les réseaux sociaux qui le présentent comme étant un homme probe, honnête, compétent, indépendant et patriote. Bref un homme rassurant malgré ses limites en matière de communication.
Mehdi Jomâa, par contre, semble un prétendant sérieux qui a su bénéficier de ces journées de campagne en réussissant à donner une image crédible prouvant qu’il a su bénéficier de son passage à La Kasbah pendant un an en 2014.
Abir Moussi a été la candidate qui le mieux profité de cette campagne et du débat télévisé prouvant qu’elle maîtrise ses dossiers et qu’elle ferme sur ses principes et ses positions marqués la constance et la rigueur malgré le handicap de son passé au sein du RCD sous le règne de Ben Ali.
Le candidat islamiste, Abdelfattah Mourou a l’avantage de compter sur un précieux réservoir d’Ennahdha, mais il semble qu’il ne pourrait pas faire le plein des voix d’Ennahdha en dépit des appels insistants lancés par Rached Ghannouchi aux adhérents de son parti.
Le chef du gouvernement, Youssef Chahed veut donner l’image d’un candidat qui a une machine et une base populaire après avoir créé un parti issu de Nidaa et de la Kasbah. Or, contrairement à cela, Youssef Chahed bénéficie, même indirectement et moralement, de la force que lui procure la détention du pouvoir dans la mesure où les gouverneurs, les délégués et les omdas dépendent directement du gouvernement.
Toutefois, les dernières révélations faites quant à son interventionnisme, notamment avec un « Mriguel » apparemment avéré, semblent avoir affaibli les chances de ce candidat
Enfin, Mohsen Marzouk, qui a prouvé une nouvelle fois et en l’absence de Nabil Karoui, un autre poids lourd de la com. qu’il demeure le meilleur en matière de communication. Mais de par son passé consistant à changer de posture et de veste, il s’est retrouvé, probablement, hors du groupe des favoris.
En tout état de cause, rien n’est encore joué et tout peut arriver surtout que les possibilités de désistement entre les candidats de la même « familles » demeurent plausibles et peuvent, par conséquent, changer notoirement les donnes.
Noureddine HLAOUI