Pénuries en médicaments, conflits d’intérêts, magouilles, Pharmacie Centrale en déficit structurel et prestataires de services de soins qui résilient leurs contrats avec la CNAM : la Tunisie est en bonne santé !
Les Tunisiens commencent à craindre, à juste tire, que d’ici peu, celui qui tombe malade ne soit condamné à mourir, faute de pouvoir accéder à des soins médicaux de qualité, autant par manque de moyens que par manque de soins.
On se souvient que c’est le manque d’un anesthésiant entraînant la suspension de certaines interventions chirurgicales qui a déclenché, en juillet dernier, l’alerte sur les graves difficultés que connait le système national de santé et se traduisant, entre autres, par la rupture des stocks d’approvisionnement en médicaments, à tous les niveaux.
Sans être complètement résolue, malgré l’injection par le gouvernement d’une enveloppe exceptionnelle de 500 millions dinars en faveur de la Pharmacie centrale de Tunisie, la crise inhérente à la pénurie des médicaments s’est aggravée, dernièrement, par l’éclatement d’un conflit d’intérêt majeur entre la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et les prestataires privés des soins médicaux et services de santé, en l’occurrence les médecins libéraux, les dentistes de libre pratique, les pharmaciens d’officine, les biologistes et les directeurs des cliniques privées.
Mécontents des honoraires conventionnels fixés dans les conventions qui les lient à la CNAM, et jugés insuffisants à couvrir les charges, ces prestataires privés de soins médicaux ont décidé de résilier unilatéralement ces conventions, multipliant les déclarations pour justifier soi disant leur démarche auprès de l’opinion, et organisant, dans le sillage, une conférence élargie sur le système de l’assurance maladie en Tunisie en vue de trouver, à leur avis, des solutions concertées.
Mais, dans tous les cas de figure, ces prestataires privés des services de santé réclament une révision substantielle à la hausse des honoraires. Les directeurs des cliniques privées, entre autres, veulent porter les honoraires des opérations à cœur ouvert à 10 mille dinars au minimum pour la seule opération, contre 6 mille dinars convenus, actuellement.
La CNAM, et l’autorité de tutelle représentée par le ministère des affaires sociales réservent leurs réactions. Ainsi, les assurés sociaux parmi les citoyens tunisiens se trouvent pris en otage par ce conflit qui, à défaut d’entente garantissant les droits de toutes les parties prenantes dont ceux des patients et des assurés sociaux, ne manquera pas d’alourdir les charges supportées par le citoyen au titre de la santé et qui sont très élevées d’après les responsables et les divers intervenants. Cependant, plus grave encore, ces nouvelles complications dans le système national de santé vont provoquer une migration massive vers la filière publique d’accès aux soins avec comme conséquence directe l’aggravation de la surcharge dont souffrent, déjà, les hôpitaux publics.
Salah Ben Hamadi