Dans ses éternelles fanfaronnades, Lassaad Yacoubi, secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement secondaire, déclare, triomphaliste, que le mouvement de boycott des examens trimestriels est suivi à hauteur de 93% de la part des enseignants. Chiffres qui restent à vérifier, dès lors que le ministère affirme, de son côté, que le pourcentage est bien plus inférieur à ça.
On a enregistré ici et là des mouvements de protestations de la part des élèves contre des enseignants qui se fondent dans une sale mouvance, tandis que les parents crient leur fureur, à travers les réseaux sociaux et sur les plateaux audiovisuels.
Entre élèves pris en otages, surenchères corporatistes et hérésies syndicalistes, c’est pratiquement le quart de la population tunisienne qu’on est en train de lui faire prendre un mauvais pli.
Les problèmes de l’Enseignement en Tunisie, et celà, on ne veut pas l’admettre sont, depuis des décennies, d’ordre structurel. Un enseignement pour riches, face à un enseignement pour pauvres. Mais Hatem Ben Salem a surtout révélé des chiffres effarants, hier, lors du vote du budget de son département, à l’ARP.
92% du budget du ministère sont alloués aux salaires ; 4,9 % seulement pour l’investissement pour les besoins de qualités à laquelle ont droit les deux millions d’élèves que comptent les 6107 établissements scolaires et dont 3400 souffrent d’insuffisances au niveau de l’infrastructure.
Ce que M. Yacoubi semble néanmoins ignorer ( parce que, lui, il ne s’occupe que des enseignants et non des élèves) c’est que le recul de la qualité de l’enseignement se traduit par des chiffres qui donnent froid au dos : seuls 28% des élèves arrivent jusqu’au Bac. 72% n’en atteignent même pas le niveau.
Ce sont là les problèmes fondamentaux de l’Enseignement en Tunisie. Et lorsqu’on y ajoute le boycott des examens, on empêche l’élève de s’auto-évaluer.
Vociférant comme d’habitude, tirant sur tout ce qui bouge (sauf sur Ennahdha) Samia Abbou s’est attaquée à Hatem Ben Salem, l’accusant d’avoir « détruit l’enseignement en Tunisie et d’avoir déprécié les collèges et les écoles-pilotes. » Il faudra qu’on sache : est-elle toujours le défenseur des démunis ?
Quelles que soient les attaques Hatem Ben Salem est monté en créneau : « Nous serons obligés d’appliquer la loi », sous-entendez les mesures disciplinaires et, au besoin, le recours à la Justice.
Raouf Khalsi