- Rapporté par Nicolas Beau, le privilégié des milieux proches du chef du gouvernement, le scoop du deal serait un simple ballon d’essai
- Les forces de la famille centriste refuseraient de négocier avec Chahed qui s’agrippe à La Kasbah
Le journal français « Mondafrique » du sulfureux et controversé Nicolas Beau, vient de publier un article d’une gravité extrême. Qu’on en juge…
Mondafrique, qui puise ses informations chez l’entourage du patron de La Kasbah, cite des faits, des tractations, des responsables gouvernementaux et un « deal passé » entre les ennemis d’hier et qui serait le suivant comme détaillé par Mondafrique :
« Le chef du gouvernement ferait en sorte de sortir Nabil Karoui de sa prison, en le plaçant éventuellement en résidence surveillée. Chahed mobiliserait ses réseaux au sein de l’Etat pour faire élire le Berlusconi tunisien au deuxième tour. En échange, le patron de Nessma TV s’engagerait, s’il était élu, à offrir quelques places de choix, dont celle de chef de gouvernement, aux représentants du mouvement politique de Youssef Chahed… ». Ni plus, ni moins.
Mondafrique continue sur la même lancée : «Youssef Chahed a discrètement dépêché deux de ses plus proches collaborateurs auprès des amis de Nabil Karoui. Il s’agit de Hichem Ben Ahmed, ministre des Transports et de Riadh Mouakher, secrétaire général du gouvernement. Certains citent aussi le nom de Lazhar Akremi, proche conseiller du chef du gouvernement. Résultat, une alliance objective aurait été passée entre Chahed et Karoui, toujours selon les propres termes de Nicolas Beau.
Ainsi, curieux tour de manivelle, Chahed serait prêt à tout pour faire élire Nabil Karoui, présenté comme étant le rempart «moderniste libéral» face à un Kaïs Saïed, qualifié d’«islamo-conservateur renfermé». D’où ledit forcing pour faire libérer Karoui.
Il faut souligner, d’abord, que Nabil Karoui peut être remis en liberté même sans deal car tous les spécialises en droit constitutionnel et en droit international, dont notamment le Pr Iyadh Ben Achour, affirment que les résultats du second tour peuvent être considérés comme nuls et non avenus à cause de l’absence de l’élément fondamental consistant à fournir l’égalité parfaite des chances et des conditions entre les deux candidats.
Or, si Karoui est libéré suite à un deal et une intervention de Chahed et de son entourage, cela confirmerait la thèse voulant que certains magistrats « clés » obéissent aux directives de La Kasbah. Des observateurs indiquent que Youssef Chahed serait prêt à courir un tel risque si cela pouvait lui garantir de réelles chances d’un maintien à la tête du gouvernement.
D’ailleurs, son attitude, en dépit d’une défaite humiliante au 1er tour de la présidentielle, confirme cette orientation. En effet, Y.C tient à paraître comme étant celui qui œuvre à un nouveau rassemblement des forces centristes et démocratiques pour exiger, par la suite, les dividendes en cas de victoire aux législatives.
Cette attitude prouve que le chef du gouvernement n’a rien compris et n’a pas su tirer les leçons du revers qui devrait l’obliger à quitter la scène et attendre d’éventuels jours meilleurs dans cinq ans ou plus. En optant pour ce comportement irresponsable, Youssef Chahed, semble vouloir rester, coûte que coûte, à La Kasbah alors qu’il y était entré par accident et par l’unique volonté de Béji Caïd Essebsi.
Y.C semble ne pas avoir compris qu’en voulant se maintenir au devant de la scène, il constituera un handicap pour les forces démocratiques centristes dans leur quête d’une certaine majorité à l’ARP.
D’ailleurs, il a eu une fin de non recevoir de la part du camp d’Abdelkrim Zbidi à son appel pour faire une équipe commune. Faouzi Abderrahmane, directeur de campagne de M. Zbidi, a réagi, dans un post Facebook depuis samedi 21 septembre 2019, à son appel, en précisant que « ceux au pouvoir sont inconscients qu’ils font partie du problème et qu’ils ne pourront pas, donc, présenter une solution ».
«Un problème qui a engendré une sanction par les urnes du système au pouvoir », a-t-il ajouté, soulignant que « Youssef Chahed ne comprenait pas qu’il était impossible de remédier à la médiocrité de la situation du pays et l’échec des politiques en quelques jours… ».
En tout état de cause, certaines conclusions peuvent être tirées. La première est que ce Nicolas Beau continue à être de mèche avec les milieux de La Kasbah qui préfèrent lui réserver leurs scoops. On se rappellera que c’est Nicolas Beau et son média, Mondafrique, qui avait « imaginé un putsch fomenté par l’ancien ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem laissant entendre, à l’époque, qu’il avait été limogé à cause de cette affaire.
D’ailleurs, des sources indiquent que Y.C ou certains de ses proches lieutenants, se seraient rendus à Paris pour une éventuelle rencontre avec un ou des émissaires de Karoui.
Noureddine HLAOUI