-
La consommation structurelle des fonds malgré les augmentations successives du capital… !!!
-
Les niveaux du PNB ne permettent pas à la QNB de couvrir ses charges opératoires
TUNIS – UNIVERSNEWS L’examen des résultats publiés par la filiale Tunisienne du groupe Qatari “QNB “ font ressortir l’enregistrement par la banque de résultats déficitaires totalisant, sur la période de 2019 à 2023, le montant de 475 Millions de dinars.
La cadence de réalisation des résultats se dresse comme suit :
I- Des Fonds Propres en déficit structurel
Les fonds propres participent de manière décisive à la santé et à la solidité des banques. Voici pourquoi. Les banques prennent des risques et peuvent subir des pertes si ces risques viennent à se concrétiser.
Pour préserver leur stabilité ainsi que les dépôts de leurs clients, elles doivent être en mesure d’absorber ces pertes et de poursuivre leurs activités quelles que soient les conditions économiques, favorables ou défavorables. Le cas échéant, elles doivent recourir à leurs fonds propres.
Ǫuelle quantité de fonds propres une banque doit-elle détenir ? Pour répondre à cette question, il faut examiner les risques inhérents à ses activités. Plus ces risques sont importants, plus le montant des fonds propres qu’elle doit détenir est élevé. Il est par conséquent fondamental que les banques évaluent régulièrement les risques auxquels elles sont exposées et les pertes qu’elles pourraient subir.
Les autorités de surveillance des banques passent ces évaluations en revue et formulent des remarques. Elles sont responsables du suivi de la santé financière des banques. Examiner la position de fonds propres est un aspect essentiel de cette mission.
En examinant l’évolution des fonds propres de la ǪNB Tunisie, force est de constater la consommation structurelle de ces fonds et ce, malgré la succession d’augmentations du capital social grâce au soutien de la société mère.
En effet, en prenant l’année 2019 comme année de référence l’évolution, par année, de la
consommation des fonds propres est de :
- 48% du Capital social de la banque en 2019,
- 91% du capital social pour 2020, par suite de la constatation d’un résultat déficitaire de 111 Millions de dinars et l’accumulation des reports déficitaires pour 125 Millions de dinars
- 68% du capital social en 2021 par suite de la réduction du capital par résorption des reports déficitaires.
- 63% du capital social en 2022, Malgré une importante augmentation du capital de 240 Millions de dinars à la suite de la constatation d’un résultat déficitaire record de 147 Millions de
- 49% du capital social en 2023, Malgré une importante augmentation du capital de 250 Millions de dinars par suite de la constatation d’un résultat déficitaire de 69 Millions de dinars et l’accumulation des reports déficitaires pour 248 Millions de dinars.
(Chiffres en Millions de dinars)
II- Une Exploitation en souffrance dégageant de très Faibles Niveaux de Produit Net Bancaire (PNB)
Le Produit Net Bancaire correspond au chiffre d’affaires d’une banque et quantifie les revenus nets que son activité d’exploitation lui permet de dégager.
La ǪNB Tunisie s’affiche avec une exploitation qui dégage de très faibles niveaux de revenus. En effet les niveaux du PNB de la banque ne lui permettent pas de couvrir ses charges opératoires (frais généraux et les frais du Personnel), de surcroit la situation s’est aggravé avec les niveaux historiques de son « coût de risque » observé sur la période 2019 à 2023 pour 346 Millions de dinars.
(Chiffres en Millions de dinars)
III- Détérioration de la qualité du Portefeuille de la Banque
L’examen des états financiers publiés au 31-12-2023 laisse apparaitre une qualité détériorée du portefeuille de la Banque se dressant avec des taux de créances accrochés jugés trop élevés comparés aussi bien à la moyenne du secteur qu’aux exigences règlementaires prévues dans la circulaire BCT 2022-01 du 1er mars 2022 portant sur « la Prévention et résolution des créances non performantes ».
(Chiffres en Millions de dinars)
La ǪNB Tunisie s’affiche avec un taux de créances accroché de 48 % à fin 2022 qui a été ramené à 38% en 2023 par suite de la radiation en 2023 de 74 Millions de dinars.
L’article 10 de la circulaire BCT 2022-01 dispose que « Les établissements, dont la part des engagements bruts non performants dans le total des engagements sur base individuelle est supérieure ou égale à 7%, doivent élaborer une stratégie écrite de résolution des créances non performantes visant à réduire ces créances en termes de volume, de nombre et d’ancienneté pour atteindre une part inférieure à 7% et ce, dans un horizon raisonnable ne dépassant pas dans tous les cas 5 ans à partir de l’année 2022. »
Au vu de la situation actuelle des engagements de la banque, les objectifs fixés par la BCT, d’atteindre un niveau d’engagements bruts non performants inférieure à 7% dans l’horizon de 2027 parait peu réalisable.
Sans entrer dans les circonstances de la cession – sous le gouvernement Nahdhaoui Hamadi Jbali en 2012 – des parts de l’Etat tunisien (50%) dans le capital de l’ancienne TQB (Banque tuniso-qatari), devenue carrément une simple filiale du groupe qatari QNB, on peut confirmer en guise de conclusion que cette banque se trouve plombée par :
- Une exploitation qui n’arrive pas à dégager assez de marge (PNB) pour couvrir ses charges opératoires et surtout le coût jugé trop élevé du risque.
- Une consommation structurelle et excessive des capitaux pour couvrir les risques auxquels la banque est exposée.
- Une qualité détériorée du portefeuille ramenant les taux de portefeuille carbonisé ou en souffrance à des niveaux inacceptables, voir non réglementaires.
Avec ces résultats négatifs et ces déficits exceptionnels, une question s’impose :
s’agit-il d’un business- modèle ou un problème de management… ou bien les deux à la fois….??!!!