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Entrant tardivement en « campagne électorale », Kaïs Saïed harangue les foules et divise les Tunisiens
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Entre « Eux » et « Nous » le chef de l’Etat promet une riposte « sismique » aux comploteurs connus nominativement
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Quels rôles jouent Ridha Mekki « Lénine » et Nizar Chaâri dans le camp de Saïed ?
Mais quelle mouche a piqué Kaïs Saïed pour qu’il prononce un discours aussi populiste et aussi négatif lors de sa visite à Sidi Bouzid à l’occasion de la célébration du 9ème anniversaire du déclenchement de la révolution. ?
En effet, de l’avis général des analystes et des experts en géopolitique, Kaïs Saïed a envoyé un message inquiétant aussi bien à l’intérieur du pays qu’aux décideurs à l’échelle internationale. Ainsi, au lieu de se rendre à Sidi Bouzid avec des projets de solutions pour l’essor de cette région, il y est allé avec un discours passionné et enflammé. Un registre qu’on ne lui connaissait pas du tout, même à l’apogée de la campagne électorale.
Sans dire quoi que ce soit de concret, M. Saïed a réitéré son fameux slogan de « le peuple veut ». Et quand le peuple veut, pour le président de la République, toutes les portes s’ouvriront et toutes les solutions seront disponibles.
On ne savait pas que M. Saïed était un harangueur de foule, mais il s’en est avéré un avec tous les ingrédients nécessaires : Les cris à la limité de l’hystérie… La répétition des mêmes slogans pour attiser l’assistance…Les promesses bien résonnantes, mais vides de tout sens concret… Les attaques gratuites sans la moindre preuve contre l’ennemi fantomatiques.
Pour Kaïs Saïed, il y a « eux et nous ». Eux, ce sont les politiciens qui ne « foutent rien », les comploteurs qui planifient les pires manigances voire carrément les complots contre « nous », en l’occurrence le chef de l’Etat Kaïs Saïed et le peuple qui veut.
Le président de la République affirme que lui et le peuple connaissent l’identité de ces comploteurs, agissant dans des « chambres noires », et qui recevront une riposte faisant trembler la terre sous leurs pieds. « Nous vaincrons et je reviendrai vous voir avec les caisses pleines d’argent ». Un phrase qui ne veut rien dire, mais qui a fait entrer l’assistance en transes !
Autre annonce magique mais hautement populiste faite par Kaïs Saïed est celle décrétant le 17 décembre de chaque année en tant que jour férié, car pour le nouveau président de la République, le 14 janvier n’est pas le vrai jour de la révolution. Au contraire, il a fait enterrer le vrai esprit du soulèvement populaire !
Tout en reprochant à cette décision son caractère populiste dans le sens où le pays n’a nullement besoin nouvelles journées de repos, mais de davantage de labeur et d’efforts de la part de tous. Et on s’interroge, à ce propos sur la légalité d’une telle annonce. La Tunisie serait elle gouvernée, en ces temps de démocratie, par décrets et par le bon vouloir d’une seule personne, quitte à ce qu’il s’appelle Kaïs Saïed ?!
C’est donc en « diviseur » que le président de la République s’en est allé rencontrer les citoyens à Sidi Bouzid alors qu’il a comme premier devoir celui de rassembleur et d’être le président de toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, puisque tout au long de son allocution, il n’a cessé de répéter : « Eux et … nous » !
Avec cet esprit traduit par de tels propos, Kaïs Saïed confirmerait les bruits courant quant la volonté de ses partisans et architectes de ses thèses, dont notamment Ridha Mekki Lénine qui serait en train de préparer un scénario pour concrétiser le slogan du « peuple veut », sachant que la dernière interview de « Lénine » le laisse entendre clairement.
A noter que jusqu’à présent, la nature et les origines des relations entre Ridha Mekki et Kaïs Saïed demeurent très floues puisqu’aucune partie n’en a parlé ni veut en parler, sachant que « Lénine », lui-même, demeure un personnage très énigmatique.
On sait qu’il a été étudiant et bouillant militant de la gauche marxiste, d’où son sobriquet de Lénine. Ses occupations militantes l’auraient empêché d’avoir un cursus ordinaire à la faculté de droit puisque parmi ses collègues étudiants ont obtenu leurs diplômes et l’ont eu comme étudiant !
Ensuite il aurait eu un passage à la Régie nationale de tabac et des allumettes il a eu une amitié avec Sonia Charbti qui aurait contribué, dernièrement, à la nomination du PDG de la RNTA, en tant directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), relevant de la présidence de la République.
Ridha Mekki aurait, également, eu un passage au Bahreïn où il aurait exercé au sein même d’institution officielles, ce qui lui aurait permis d’effectuer certains voyages en Iran !…
Les propos de Kaïs Saïed auraient, par ailleurs, un rapport étroit avec les actions entreprises par Nizar Chaâri depuis sa candidature et la collecte des parrainages, sachant que Nizar Chaâri avait sillonné, trois ans durant, tout le pays pour rencontrer et « former » des jeunes.
Et comme par enchantement, en ces moments où le président de la République lance ses appels aux Tunisiens pour faire ce qu’ils veulent, voilà que le même Nizar Chaâri nous sort un statut pour remercier les « jeunes de Tunivisions Foudation » tout en utilisant les mêmes termes que le chef de l’Etat : « Eux et…nous » et en affirmant que les « mille jeunes dirigeants (vous aves bien lu : mille jeunes), réunis durant trois jours, ont décidé de ne pas rester les bras croisés et de trouver les solutions adéquates aux problèmes… ».
Et d’ajouter en s’adressant aux jeunes : « J’ai décelé dans vos yeux ce que j’ai recherché, des années durant, un regard plein de confiance en un avenir meilleur et une révolution enterrée mais prête à sortir au monde. Ô jeunes, révoltez-vous et transformez les souvenirs de ce forum national en un legs commun pour construire une patrie plus belle… ».
En tout état de cause, le nouveau président de la République semble ne pas réaliser qu’il a été élu pour gouverner et non pas pour faire la révolution, qu’il a été élu pour réunir tous les Tunisiens et non pas pour se placer au sein d’un clan contre le reste composantes politiques et institutionnelles et qu’il a été élu pour tranquilliser les Tunisiens et non pas pour menacer certaines franges de la société de représailles « sismiques » !
Morale de l’histoire, Kaïs Saïed semble vivre encore au rythme du « plébiscite » par 73% des électeurs, car ce « capital-confiance » s’est érodé depuis le 13 octobre 2019 puisque, désormais, plus de 60% des Tunisiens estiment que les choses vont empirant !…
Noureddine HLAOUI