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Kaïs Saïed aurait transformé le chiffre de 100 mille manifestants en 1,8 million
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La cheffe du gouvernement et le président du CSM n’ont d’autres réponses au chef de l’Etat que des hochements de la tête
La soirée de ce lundi 4 octobre 2021 a été marquée par les deux audiences accordées par le président de la République, à la cheffe du gouvernement, Nejla Bouden, et au président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Youssef Bouzakher.
Lors de chaque entrevue, le chef de l’Etat a fait baser ses deux « réquisitoires » sur une fausse donnée propagée par des fake news prétendant que plus d’un million et demi voire 1 800 000 personnes sont descendues dans les rues à travers toutes les régions du pays, dans la journée du 3 octobre 2021 pour exprimer leurs volontés et leurs revendications
Or, si l’on se fie aux estimations rendues publiques par les services du ministère chargé de l’Intérieur, le nombre des manifestants dans la capitale ne dépassait pas les huit mille, et entre 1500 et 2500 personnes dans les autres villes. Donc, une simple opération d’addition nous donne, en tout, moins de 100 mille manifestants.
Mais force est de constater que ce n’est pas la première fois que Kaïs Saïed fonde ses argumentaires sur la base d’informations parues sur Facebook et qui s’avèrent, souvent, des fakes news.
Il faut dire que le chef de l’Etat parle du 3 octobre 2021 comme étant une journée qui va changer le cours de l’histoire de la Tunisie. D’où la nécessité de tout mettre en œuvre pour ne pas décevoir le peuple tunisien.
Parlons, maintenant de l’entretien avec Youssef Bouzakher. Le chef de l’Etat s’est montré très coléreux et très remonté à l’encontre de la majorité des juges. « Certes, il y a des magistrats honnêtes et propres, mais il y en a d’autres, malhonnêtes et qui protègent les corrompus », a t-il affirmé en substance.
Il a, également, lancé à la figure de son interlocuteur : « Je sais que vous êtes au courant de toutes les anomalies, mais le système judiciaire laisse faire, d’où la nécessité d’assainir le corps de la magistrature des cellules cancérigènes qui s’y sont infiltrées », selon ses propres dires.
Et de finir son speech en assurant que les missiles sont bien placés sur leurs plateformes pour être lancés contre les corrompus.
En tout état de cause, Kaïs Saïed prouve, encore une fois qu’il demeure fidèle à son attitude de « donneur de leçons » à ses hôtes qui ne trouvent à rien à faire ou à lui dire sauf hocher la tête au point de risquer d’attraper un torticolis.
Et quand on voit la cheffe du gouvernement, enseignante universitaire en géologie, et le président du CSM opter pour une telle attitude alors qu’il représente, théoriquement, la plus haute autorité judiciaire dans le pays, on ne peut que s’étonner de cette soumission observée par tous ceux et toutes celles qui se trouvent en face de lui !…
Noureddine HLAOUI