TUNIS – UNIVERSNEWS – Depuis quelques années, la fête de Noël prend de plus en plus de place dans la société tunisienne. Noël entre petit à petit dans les mœurs, et ce, dans un esprit de tolérance. En famille, en couple, jeunes et moins jeunes, personne ne veut rater le coche. A l’approche de la fin de l’année, rues et magasins se mettent aux couleurs de Noël. Sapins, pères Noël, guirlandes et luminaires, la Tunisie n’est pas en reste, surtout dans les grandes villes.
Chacun célèbre cet évènement à sa façon. Les avis des Tunisiens sont partagés. D’un côté, il y a le camp des gens qui ne veulent pas entendre parler de Noël, fête chrétienne et de l’autre, ceux qui veulent le célébrer. Plusieurs ne ratent pas l’occasion pour la partager avec sa famille «c’est un prétexte pour se retrouver et faire la fête. C’est une fête conviviale uniquement. Je le fais pour mes enfants, car ils adorent l’esprit de Noël », précise Nadia, mère de trois enfants. «Mes enfants préfèrent surtout les cadeaux», souligne Amel qui explique que le côté festif et convivial que cet événement peut offrir est ce qui l’a séduite. «Des paillettes, des décorations, des gâteaux. On en trouve de toutes les sortes, particulièrement dans les marchés de Noël», ajoute-elle.
« Mais je ne vois pas ce qu’il y a de mal, ce jour-là, à se retrouver en famille et à faire la fête. Les enfants sont contents de découvrir leurs cadeaux. Cela permet de s’ouvrir sur d’autres cultures » nous dit Manel. «Les fêtes de fin d’année sont toujours un moment d’amusement, de partage et de dégustation de plats succulents entre familles», atteste Ali qui affirme que «c’est surtout une célébration sociale et culturelle. La bûche, ce n’est qu’un mets sucré parmi tant d’autres. Elle n’entre ni dans la religion, ni dans les croyances».
Il semblerait que Noël entre, petit à petit, dans les mœurs, dans un esprit de tolérance équilibrée «Je ne fête plus Noël comme auparavant, la crise actuelle a hélas limité mon budget de fin d’année. Toutefois, je n’ai pas la folie des grandeurs et, avec peu de moyens, on se retrouve tous ensemble autour d’un bon plat traditionnel. Le bonheur ne se mesure pas à ce qui est autour, mais plutôt avec qui on est. Le plus important c’est la compagnie et pourquoi pas avec une bûche au chocolat», explique-t-il. J’ai grandi à Tunis dans une famille modeste mais mes parents adoraient mettre le sapin et inviter la famille le 24 pour le repas de Noël où maman préparait une dinde à la tunisienne magnifique, où tout le monde se réunissait autour de la bonne bouffe. On ne s’offrait pas tous de cadeaux, juste les enfants. J’en garde des souvenirs magnifiques. Je veux faire ça pour ma propre famille aussi. Comme on fête l’Aïd, et toutes les autres fêtes. Il faut célébrer la vie » nous dit Hajer. Rachida se sert de cette fête pour mijoter de bons petits plats européens. «Cela change du couscous et du tajine habituels, c’est l’occasion de faire découvrir de nouvelles saveurs à ma famille…», conclut-elle.
Des marchés de Noël, il y en a désormais dans toutes les villes tunisiennes. Bien que cette fête s’adresse à la communauté chrétienne, cela n’empêche pas les Tunisiens d’y faire un tour. De plus, les stands sont tenus par des artisans tunisiens qui viennent exposer et vendre leurs créations. Il en est de même pour les pâtisseries. Aujourd’hui, il n’y en a pas une qui ne propose de bûche de Noël. Au chocolat, au praliné ou aux marrons glacés, tous les parfums sont proposés. Le chiffre d’affaires des artisans pâtissiers est assez conséquent. D’ailleurs, ils redoublent d’efforts pour satisfaire la demande des clients qui ne cesse d’augmenter. Il faut savoir qu’à cette période de l’année, la frénésie des fêtes est à son comble. Entre ceux qui quittent le pays pour une destination festive, d’autres qui font le choix de rester chez eux, entourés des personnes qui leur sont chères, autour d’un repas familial bien garni. À deux semaines de Noël, la frénésie prend les clients à la recherche de cadeaux. Les boutiques, elles, ne désemplissent pas. Les préparatifs du 24 décembre, s’annoncent plutôt chers. Les prix des sapins oscillent entre 100 et 200 dinars, les guirlandes lumineuses coûtent en moyenne, entre 20 et 35 dinars. Le prix d’une boite de 8 petites et moyennes boules, est de 24 dinars. Bref, le Tunisien aime s’amuser et oublier ses problèmes. Cette fête est avant tout un moment de rencontre, de détente et de partage. C’est donc aussi sous cet angle qu’il faut considérer ce phénomène sociologique de même que l’engouement des Tunisiens à son égard.
M.S.