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Entre 9alb Tounès et le tandem Attayar-Echaâb, le cœur de Jemli et d’Ennahdha balance…
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Que font les deux « intrus », Habib Khedher et Jawhar Ben M’barek à Dar Dhiafa ?!!!
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Les observateurs estiment que M. Jemli n’a ni les compétences requises, ni le charisme voulu
Que Dieu vienne en aide à la Tunisie ! C’est l’expression clamée par Lotfi Mraïhi, à sa sortie de chez le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, et qui est la plus citée par les observateurs pour décrire le degré de pessimisme régnant chez la classe politique et même chez une grande partie des citoyens tunisiens.
En effet, au moment où le président de la République multiples les audiences et les sorties sur le terrain et reçoit, juste pour la galerie, les délégations de jeunes venant le voir des différentes régions du pays faisant le trajet de centaines de kilomètres à pied, le Palais de Dar Dhiafa continue à être le théâtre de tractations entre M. Jemli et les responsables des partis et autres personnalités nationales.
Théoriquement et officiellement, ces entretiens ont lieu en vue d’aboutir à la formation du gouvernement, sachant que le chef du gouvernement désigné dispose d’un délai d’un mois renouvelable une fois pour réussir sa mission.
Les deux premiers constats faits par les personnes qui l’ont vu consistent à dire qu’elles ne le connaissent pas, qu’il leur a assuré qu’il était indépendant et qu’il ne leur a rien proposé. Au contraire, il passait le plus clair du temps de l’entretien à écouter ses hôtes…
Or, après une dizaine de jours d’entrevues avec une quarantaine de personnalités, Habib Jemli semble faire du sur place, surtout que les rebondissements sur la scène politique et partisane ont été assez importants dans le sens où l’équilibre des forces au sein de l’Assemblée des représentants du peuple a été sérieusement modelé.
Si Ennahdha a renforcé son bloc parlementaire de deux nouveaux membres passant, ainsi, à 54 députés, la deuxième place, trop prisée et très importante pour le rapport des forces, semble changer en faveur d’un nouveau clan, celui composé par les deux partis d’Attayar et d’Echaâb en plus de 3 ou 4 élus de poids dont notamment Mongi Rahoui, Adnane El Hajji et Fayçal Tebbini. Ce nouveau bloc disposerait, donc, d’au moins quarante députés.
Résultat, le parti 9alb Tounès qu’on croyait indétrônable de cette seconde place, serait relégué au troisième rang. Et la question qui se pose est la suivante : quel bloc s’associerait à Ennahdha ? Le tandem Attayar-Echaâb ou 9alb Tounès. De la réponse à cette interrogation, on saura l’orientation qui sera prise pour la composition de la future équipe appelée à élire domicile au Palais de La Kasbah.
La réponse demeure, jusqu’à présent incertaine et problématique car chacune de ces formations politiques et bien d’autres, pose ses conditions et ses préalables qui semblent inconciliables, d’où le spectre d’un éventuel échec sur ce plan.
Mais les partis politiques prendraient-ils le risque d’échouer ? Certains analystes estiment qu’ils ne pourraient se permettre une telle issue négative pour la simple et pure raison qu’ils craignent, tous, la probabilité de la dissolution de l’ARP par le président de la République et le recours à des élections législatives anticipées.
Or, dans les milieux proches des différents partis, personne ne veut y aller à cette perspective car ils ont peur de reculer. Surtout avec l’annonce d’un nouveau « Harak » qui se fait appeler, d’ores et déjà, celui du 13 octobre en référence à la symbolique de la victoire de Kaïs Saïed au scrutin présidentiel.
C’est dire que tout le monde craint l’avènement d’un nouveau-né politique qui pourrait rafler la mise en profitant de la dynamique et de l’élan de l’actuel locataire du Palais de Carthage, même s’il semble avoir beaucoup perdu de son aura. Mais on n’en est pas encore là.
Pour revenir aux tractations menées par Habib Jemli, il paraît que la majorité des personnalités reçues sont trop sceptiques à part le parti islamiste d’Ennahdha qui, par le biais de son président Rached Ghannouchi estime que le chef du gouvernement désigné se trouve sur la bonne voie de conclure sa mission.
Ouvrons une parenthèse, ici, pour dénoncer l’amalgame entretenu par Rached Ghannouchi qui, en tant que président du parti islamiste d’Ennahdha, semble oublier qu’il est désormais, le nouveau président du Parlement, sans oublier qu’il se comporte en tant que second président de la République.
En effet, outre sa fameuse déclaration prétentieuse qu’il est le président de tous les Tunisiens, Rached Ghannouchi multiple les rencontres avec les ambassadeurs et les délégations de personnalités étrangères, ce qui constitue, en principe, une chasse gardée du chef de l’Etat.
Le même président d’Ennahdha semble agir à sa guise, habitué qu’il est, au sein de son parti, à être obéi sans discuter. Sinon, comment expliquer ses agissements contraires aux règles d’usage au sein de l’ARP sans oublier la présence d’Habib Khedher à des réunions fermées présidées par Rached Ghannouchi.
D’ailleurs, le même Habib Khedher a été reçu par Habib Jemli, peut-être sur recommandation du patron d’Ennahdha, car, franchement, on ne voit pas pour quelles raisons il serait convié à Dar Dhiafa. M. Khedher prétend qu’il y était en sa qualité de rapporteur de la Constitution. Mais peut-il détenir ce titre, quatre ans après l’élaboration de ladite Constitution ?!!! A moins qu’il ait été élu à vie à ce poste !…
L’autre intrus à ces audiences est, sans conteste, Jawhar Ben M’barek. A quel titre y était-il invité ? Si c’est au nom de « Doustourna », il faut souligner qu’il y a longtemps que ce « réseau » n’existe que de nom. D’ailleurs, à part M. Ben M’barek, personne ne se présente au nom de cet organisme qui n’est qu’une simple coquille vide ! A moins que Jawhar Ben M’barek ne daigne prouver le contraire et citer des noms de personnalités connues de ce « réseau » fantomatique !…
Il aurait été, alors, invité en sa qualité « d’éminent spécialiste du droit constitutionnel » comme il le prétend en se présentant sur les plateaux radiotélévisés qui continuent à faire appel à lui parce qu’on aime bien ses cris hystériques qui font le buzz. Sans plus. D’ailleurs les vraies sommités du droit constitutionnel lui contestent cette qualité.
Certains bruits courent qu’il fait des pieds et des mains pour arracher un poste quelconque au sein du prochain gouvernement, d’où sa déclaration quant à un prochain dénouement pour la formation du gouvernement. « Habib Jemli est sur la bonne voie », se plait-il à dire en substance sachant qu’il est pratiquement le seul à en être convaincu
En tout état de cause et en dépit des affirmations répétées de M. Jemli qu’il vraiment « indépendant », d’aucuns pensent qu’il est l’homme de Rached Ghannouchi et qu’il lui serait redevable de lui avoir offert ce gros morceau de chef de gouvernement, un « cadeau » dont il n’aurait jamais rêvé.
D’ailleurs, jusqu’à présent, la seule légitimité qu’il tire est celle que lui confère la confiance placée en lui par Rached Ghannouchi, puisque de l’aveu même de tous les analystes, il n’aurait ni les compétences requises pour un pareil poste, ni le charisme voulu qui lui aurait permis d’être un meneur d’équipe capable de gérer les affaires de la Tunisie lors de la prochaine étape que tous reconnaissent comme étant la plus cruciale de toute son histoire moderne !…
Noureddine HLAOUI