- De réelles opportunités de partenariat dans plus d’un secteur, notamment le tourisme, le textile, l’agriculture, l’immobilier, les TIC, le bâtiment
- Le Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE) au service des micros entrepreneurs et du passage à l’économie formelle.
On parle souvent des relations de la Tunisie avec les partenaires classiques au sein de l’Union Européenne, dont notamment la France, l’Italie et l’Allemagne, mais très peu de celles avec l’Espagne, pourtant bonnes et prometteuses si on sait les exploiter comme il se doit comme en témoigne Radhi Meddeb, président du Groupe COMETE Engineering et président du Conseil d’Administration du Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE).
En effet, en répondant à cinq questions concernant lesdites relations de coopération tuniso-espagnoles, Radhi Meddeb commence par faire un état des lieux en précisant que l’Espagne est un pays proche de la Tunisie au niveau humain, culturel, géographique, économique et commercial. Les deux pays méditerranéens possèdent un héritage culturel commun et une sensibilité qui remonte à plusieurs siècles.
Au niveau commercial, les relations entre les deux pays ont connu durant la dernière décennie un raffermissement sensible avec un volume des échanges commerciaux entre les deux pays qui a atteint en 2019 le montant de 5 milliards de dinars.
Et d’expliciter : « Nous devrions mieux connaître l’Espagne et étudier son expérience tant au niveau politique qu’au niveau économique. La Tunisie devrait s’inspirer de la jeune démocratie espagnole et des réussites qu’elle a accomplies dans le domaine politique. Eu égard à notre démocratie, encore en cours de construction, nous pouvons profiter et nous inspirer de la démarche politique espagnole ainsi que du processus d’enracinement de la démocratie espagnole et éventuellement adapter certains de ses aspects dans notre transition politique.
Un autre volet important qu’il faudrait mentionner et s’en inspirer c’est l’adhésion de l’Espagne à l’Union européenne. Dans ce cadre, il est impératif pour la Tunisie, en discussion depuis plusieurs années avec l’UE pour la conclusion d’un Accord de Libre-échange Complet et approfondi (ALECA), de tirer les leçons de cette démarche d’adhésion qui a métamorphosé l’écosystème politique, économique et social de l’Espagne. Au niveau de la coopération sectorielle, plusieurs branches d’activités économiques telles que le tourisme, le textile, l’agriculture, l’immobilier, les TIC, le bâtiment, pourraient constituer des leviers pour la promotion du partenariat entre la Tunisie et l’Espagne eu égard aux potentialités existantes de part et d’autre et compte-tenue des avancées significatives de ce pays dans ces domaines. Nous devons également mieux observer l’internationalisation des entreprises espagnoles et plus particulièrement leur accompagnement par l’Etat.
La marge de manœuvre mais aussi le potentiel de développement des relations entre la Tunisie et l’Espagne sont importants. Les opérateurs des deux pays doivent commencer par mieux se connaitre. C’est cela qui permettra d’identifier des opportunités de coopération, allant au-delà des simples opérations commerciales. Ils doivent se rapprocher encore plus afin de nouer des relations solides et durables et esquisser les contours d’une véritable coopération… »
Passant, ensuite au Centre Financier aux Entrepreneurs, il indique qu’il s’agit d’une Institution de micro finance. Elle a pour mission de faciliter l’accès des micros et petits entrepreneurs aux services financiers professionnels. Notre conviction est qu’il faut donner à chacun les conditions de son épanouissement et de sa participation au processus de création de richesses et à l’amélioration de ses conditions de vie et cela passe d’abord par l’inclusion financière. Le CFE se différencie toutefois des autres opérateurs du secteur par le fait qu’il s’adresse à des micros entrepreneurs déjà opérationnels. Notre objectif est de les accompagner, par des services financiers et non financiers, pour leur permettre de développer leur potentiel et d’évoluer vers des structures plus renforcées et organisées. A cet égard, l’intervention moyenne du CFE se situe à un niveau supérieur à 10.000 dinars. Ce niveau est largement au-delà de la moyenne des crédits de l’ensemble du secteur qui se situe autour de 3000 dinars. Notre conviction est que ce niveau de nos interventions permet de bâtir des projets concrets et rentables, de s’éloigner de la précarité et de favoriser la migration de nos clients de l’informel vers le formel.
Le CFE compte, parmi ses actionnaires, des partenaires nationaux et internationaux de très grande qualité comme le Groupe AfricInvest, Attijari Bank, le Groupe Coopératif Développement international Desjardins (DID), l’Agence française de Développement (AFD) à travers sa filiale PROPARCO ou encore le fonds d’investissement « Tunisian-American Enterprise Fund » (TAEF).
Le CFE a des ambitions de développement importantes au service des micros entrepreneurs à la fois pour les aider à développer leur business mais aussi pour favoriser et accompagner leur passage à l’économie formelle. Il est important de souligner que la recherche de l’inclusion constitue la valeur de base et le pilier principal sur lesquels se fondent l’action et la stratégie du CFE.
Nous voudrions donner leur chance aux micros entrepreneurs qui n’ont jamais traité avec une Institution financière classique, de bénéficier d’un micro crédit qui leur permette de progresser et de les accompagner dans cette évolution en les aidant à se formaliser à intégrer l’économie formelle et à disposer de tous les avantages qui découlent de cette formalisation : bénéfice d’une couverture sociale, accès à terme à la retraite, assurance maladie…
Concernant la ligne de crédit espagnole allouée au CFE, Radhi Meddeb a souligné : « Je voudrais dire que comme toutes les Institutions du secteur de la micro finance, l’évolution du CFE a été freinée par la pandémie Covid-19 et le confinement qui en a résulté. Nous étions alors en phase de finalisation avec l’Agence espagnole pour la Coopération au Développement (AECID) et spécialement la COFIDES pour l’octroi d’une ligne de crédit.
A noter que la Compañia Española de Financiación del Desarrollo SASME (COFIDES) est une organisation basée en Espagne qui fournit un soutien financier rentable pour des projets d’investissement direct privé viables à moyen et à long terme dans le monde. Pour favoriser le développement économique et social des pays émergents et en développement, la COFIDES utilise à la fois ses propres ressources financières et celles des deux fonds publics qu’elle gère. Les deux fonds appartiennent au ministère de l’Économie, de l’Industrie et de la Compétitivité et sont acheminés par l’intermédiaire du Secrétariat d’État au commerce, qui donne accès à COFIDES à un réseau mondial des bureaux commerciaux et économiques espagnols.
Les discussions relatives à cette ligne avaient démarré il y a bien plus d’une année et nous avons craint, compte-tenu du ralentissement de l’activité économique en Tunisie et ailleurs, qu’elles ne soient gelées et que le crédit ne soit pas reporté. Au contraire, l’AECID a estimé qu’il était urgent d’accélérer les procédures d’octroi de ce crédit afin de renforcer les moyens mis à la disposition du CFE au service de ses bénéficiaires et d’éviter qu’ils ne soient violemment heurtés par la crise économique et sociale. Je voudrais souligner à ce sujet qu’en
pleine période de confinement, nous avons finalisé les procédures d’octroi de ce crédit. La digitalisation a joué un rôle crucial pour sa finalisation avec zéro réunion physique : traitement du dossier et prise de décision à distance, réunion par visioconférence, signature électronique…Je saisis cette occasion pour remercier chaleureusement tous les responsables de l’AECID ainsi que les responsables de l’ambassade et du consulat d’Espagne en Tunisie et à leur tête Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur, Guillermo Ardizone Garcia, qui n’ont ménagé aucun effort pour la conclusion rapide de cette convention, malgré la pandémie et le confinement. Il est à rappeler que le montant de ce crédit est de 3 millions d’euros à un taux largement inférieur à ceux des crédits souverains sur les marchés financiers internationaux.
Ce crédit est exceptionnel et très symbolique. Il est le premier dont nous bénéficions auprès d’une Institution financière espagnole avec le soutien de l’Etat espagnol : la décision d’octroi d’un crédit par la COFIDES se prend en Espagne au niveau du Conseil des ministres, sur recommandation du ministre des Affaires étrangères.
Ce crédit est d’autant plus important que nous l’utilisons comme levier avec une Institution financière tunisienne afin d’accéder à un financement plus élevé. Par le biais de cette action, la première en son genre en Tunisie dans le domaine de la micro finance, nous voudrions renforcer nos relations, déjà exemplaires avec la COFIDES et l’AECID et nous souhaiterions la renouveler de manière à continuer à accompagner le développement du CFE au service de l’inclusion, de la micro finance et de la formalisation des micros entrepreneurs en Tunisie.
Pour conclure ce témoignage, Radhi Meddeb lance le message suivant : « Soyons solidaires entre Tunisiens et Espagnols, entre gouvernements, entre opérateurs économiques et différents acteurs des deux côtés. Nous appartenons à la même aire géographique. Nous partageons un héritage culturel commun.
Une coopération approfondie au service des peuples est la seule voie de salut et le meilleur garant pour la réussite et le développement de nos deux pays. L’intervention de la COFIDES est une démonstration et un geste hautement symbolique de ce qu’il faudrait faire entre les opérateurs de nos deux pays.