TUNIS – UNIVERSNEWS – Le littoral d’Hammamet abrite des écosystèmes remarquables, dont des zones humides avec une haute valeur écologique. Mais rares sont ceux qui sont encore dans un bon état écologique. Exploitation excessive des ressources naturelles, urbanisation, faible conscience environnementale pour la préservation de ce patrimoine naturel, autant de causes de leur dégradation. En effet, l’avancée de la mer et, par conséquent, le recul du trait de côte n’ont jamais été aussi importants.
La plage a reculé de plus de 10 mètres en deux ans (un rythme de recul de 5m par an), et les experts ne sont guère optimistes quant à l’évolution ultérieure de cette plage. Près de deux hectares de sable ont été submergés par la mer entre 2012 et 2019, le Club nautique a été englouti en 2020, les canalisations des eaux usées sont à découvert depuis quelques semaines et la mer menace à présent le mur d’enceinte. Les mesures de protection adoptées restent inefficaces et décalées par rapport aux enjeux locaux.
Depuis quelques années, diverses études locales menées sur des sites littoraux variés ont tenté de dresser un bilan écologique précis de ces espaces, de déterminer la nature des menaces ainsi que les défaillances dans les modes de gestion appliqués.
Récemment une étude scientifique a été réalisée par Dr Oula Amrouni, le chercheur Abderraouf Hzami de l’Institut national des sciences et technologies de la Mer (INSTM) et Dr Issam Hajji de l’Université de Californie aux USA. Cette étude consacrée au suivi de la position de la ligne de côte et de l’occupation des sols durant la période de 1952-2018 des plages du Golfe de Hammamet révèle des valeurs de recul spectaculaires des plages de -1.3 à -5.6 m/an.
L’érosion a mis à nu les espaces touristiques et même les canalisations de l’ONAS. Le littoral apparaît de plus en plus vulnérable avec un trait de côte qui va se réduire comme peau de chagrin en raison de deux phénomènes liés au changement climatique : le déficit sédimentaire et l’augmentation de l’intensité des tempêtes. Des actions musclées pourraient en amoindrir les répercussions et sauver pas moins de 40 % des plages menacées de Hammamet ! Les protéger par des digues ou d’autres aménagements sera aussi envisageable. Mais les coûts iront en augmentant et les travaux deviendront vite impossibles à réaliser.
Habitants, associations, organismes professionnels, syndicats et partis politiques doivent se mobiliser pour sauver ce littoral. Une action citoyenne et une prise de conscience sur ce sujet est nécessaire pour que cette côte d’Azur ne disparaisse pas.
Mohamed SELIM