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La présidence de la République traite les Tunisiens de lanceurs de rumeurs et de menteurs
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Le staff présidentiel refuse de se rendre à l’évidence face à l’unanimité des critiques provenant de toute l’opinion publique
On ne savait pas que toutes les Tunisiennes et les Tunisiens ou presque, que tous les médias ou presque, que toute la classe politique ou presque, que toute la société civile ou presque, que toutes les organisations nationales ou presque, que tous les journalistes ou presque sont des spécialistes en diffamation, en dénigrement et des comploteurs contre les bonnes volontés au service de la patrie !
Pourtant, c’est la conclusion à laquelle a abouti le président de la République Kaïs Saïed après le tollé unanime ou presque soulevé par la gestion de la visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan en Tunisie. Une gestion qualifiée, justement et unanimement ou presque comme étant « catastrophique et calamiteuse ».
Sans revenir aux détails et aux péripéties de la visite non annoncée et très mal gérée à un point tel qu’elle suscité des protestations de toutes les composantes de l’opinion publique du pays. A titre d’exemple et non des moindres, puisqu’il s’agit de celui de notre confrère Zied Krichène, pourtant réputé pour ses prises de positions et ses analyses pondérées, argumentées et bien étayées.
Eh bien, lors de sa chronique au plateau de Midi show sur les ondes de Mosaïque Fm d’hier jeudi 26 décembre 2019, il était tellement excédé par la gestion du déroulement de la visite et des positions exprimées par les deux présidents, tunisien et turc, qu’il a fini par conclure que « M. Kaïs Saïed ne comprend rien à la politique et n’a pas l’envergure pour traiter un dossier aussi brûlant et complexe que celui de la crise en Libye.
« Kaïs Saïed n’a pas compris que les Turcs viennent en Libye pour faire la guerre en installant leur armée à quelques kilomètres des frontières de notre pays », a-t-il tenu à rappeler.
Or, face à ces critiques, le chef de l’Etat et son staff du cabinet présidentiel ont persisté et signé et ont préféré adopter la fuite en avant. Ainsi, au lieu de faire une sortie pour expliquer davantage les tenants et les aboutissants de cette visite et d’en dévoiler toute la vérité et les dessous, la présidence a rendu public un simple communiqué, dont les termes ont été repris par Kaïs Saïed en personne un peu plus tard, et dans lequel elle ne pipe mot du contenu de la visite controversée.
Par contre, elle se contente d’une riposte aux critiques, la manière rudimentaire d’un statut Facebook mal ficelé dans les sens où elle diffame tous ceux qui ont osé critiquer la visite d’Erdogan en les accusant de pêcheurs en eaux troubles et de comploteurs voulant saboter l’action de la présidence de la République. Et encore une fois, le chef de l’Etat affirme qu’il connaît ses détracteurs, toujours les mêmes.
En effet, lors d’une réunion destinée à examiner la récolte exceptionnelle d’olives, Kaïs Saïed a sorti une feuille qu’il a lue et qui reprend les mêmes termes et le même esprit dudit communiqué pour s’en prendre, sur un ton coléreux et menaçant, à ses contestataires. Autrement dit, la réplique de la présidence de la République est préméditée et mûrement réfléchie.
D’ailleurs, le style et la manière de cette réponse, traitant les détracteurs, d’user « d’allégations et de mensonges », rappelle certains posts et statuts que publiait Abderraouf Betbayeb avant sa nomination en tant que directeur du cabinet présidentiel, des statuts tellement « impubliables et honteux » qu’il les a supprimés dès qu’on a parlé de sa probable désignation à Carthage.
Bon à savoir que ce communiqué, publié sur la page officielle de la présidence de la République, a suscité des milliers de commentaires, qui l’ont « descendu » et tourné en dérision en des termes si forts et si satiriques que cela devrait donner à réfléchir à l’équipe du palais de Carthage. Ce nouveau tollé devrait donner à réfléchir au staff présidentiel en vue de se remettre en question et tenter de rectifier ses approches
En tout état de cause, plus le temps passe, plus le halo, dont a voulu s’entourer Kaïs Saïed, part en fumée car cette manie de faire de la dissertation en arabe littéral n’impressionne plus devenant, plutôt, une matière générant la risée.
M. Kaïs Saïed est appelé à se réveiller et saisir qu’il n’est plus l’assistant à la faculté de droit, mais bel et bien le président de la République Tunisienne dont les affaires et l’avenir ne peut nullement être gérés par ce slogan creux « le peuple veux »…
Noureddine HLAOUI