- Tout se passe en catimini sans la moindre notification aux parties et personnes concernées
- Mutisme curieux et douteux de l’UTICA et de l’UGTT, jusqu’à quand ?!
Parmi les décisions prises par le président de la République après le 25 juillet 2021, mais des plus controversées, on citera les assignations à la résidence surveillée et les interdictions de quitter le territoire.
Il s’agit de décisions qui sont critiquées tous azimuts à travers les médias, mais pas du tout ou pas suffisamment par les organisations, théoriquement, actives dans le domaine de la défense des droits de l’Homme, de la liberté de déplacement et des libertés individuelles.
Ces décisions sont critiquées, surtout pour la manière de leur mise à exécution dans le sens où les personnes concernées ne reçoivent aucune explication quant à leurs motifs, ni même une simple notification écrite.
Pour les personnes placées en résidence surveillée, elles sont avisées au dernier moment après avoir été surprises de la présence massive de policiers devant et dans les environs de leur domicile. Avant d’être conduites au poste de commissariat le plus proche pour leur signifier la décision.
Toujours verbalement et sans la moindre trace écrite. Et il arrive au chef du poste de police d’avoir, lui-même le texte de la décision sur son portable !
Pour les interdictions de voyage, il semble qu’il y a une longue liste comptant plusieurs milliers de personnes concernées, mais aucune d’entre elles ne reçoit un avis dans ce sens. Donc, c’est seulement le jour et au moment de partir de l’aéroport, que cette personne en est informée et priée de rentrer « sagement » chez elle…
Certaines personnes font un grand tapage pour protester alors qu’il y en a, probablement, d’autres qui préfèrent le silence afin d’éviter « l’humiliation », sachant que dans ces cas, non plus, aucune notification n’est remise aux concernées.
On sait juste que, pour certains, il suffit d’avoir la mention, sur le passeport dans la rubrique de la profession : « homme d’affaires, entrepreneur, gérant de société, etc. », pour se voir refuser de quitter le pays ! Pourquoi ? Motus et bouche cousue.
Un brin d’explication est venu de la part de Kaïs Saïed en personne : « Si je le voulais, j’aurais pu fermer toutes les frontières aériennes, maritimes et terrestres, mais je ne veux pas en arriver là car nous avons des ponts aériens mis en place par les pays frères et amis pour acheminer les aides en vaccins, oxygène et autres produits et équipements médicaux… »
Et d’enchaîner : « que les gens patientent le temps qu’on procède aux vérifications nécessaires ! ».
Le plus curieux dans tout cela est le silence observé par les organisations nationales. Et si la LTDH et le Cosneil de l’Ordre des avocats ont « balbutié » quelques timides protestations », la grosse déception nous vient de l’UTICA et de l’UGTT qui n’ont prononcé aucun mot pour donner, au moins, un avis sur ces mesures que tout le monde s’accorde à qualifier de restrictives et illégales, du moins dans leur forme.
En effet, même les personnes qui auraient mérité de telles procédures, en profitent pour se victimiser et se présenter comme souffrant de répression et de privations de leurs droits élémentaires
Les observateurs se demandent, d’ailleurs sur le pourquoi du mutisme des deux organisations nationales. A ce point l’UTICA craint le déclenchement de probables scandales de corruption ?
Et l’UGTT, dont la voix est habituellement bien élevée pour contester et défendre les droits des citoyens, est silencieuse et sans voix aucune pour contester ces décisions.
Certes, tout le monde applaudit et crie : « nous sommes tous Kaïs ». Même certains médias audiovisuels n’ont rien à redire de ces décisions unilatérales de la part du chef de l’Etat et n’invitent pas les représentants de l’UTICA et de l’UGTT pour livrer leurs positions et leurs impressions face à ce qui se passe.
Plus encore, nous n’avons pas entendu nos journalistes et présentateurs chevronnés en cette période pour dire que ces interdictions de voyage nuisent énormément au climat des affaires et aux opportunités d’investissements.
Cette situation semble s’installer dans la durée alors que nos organisations nationales, d’habitude de puissants leviers et garde-fous contre les éventuels dérapages sont totalement absentes de la scène ! Jusqu’à quand ? Il y va de la bonne marche de notre économie qui menace de s’écrouler à tout moment.
Noureddine HLAOUI