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S’accrochant aux basques de l’axe turco-qatari, Al Sarraj fait face à une formidable coalition égypto-émirati-russe
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Kaïs Saïed a-t-il misé sur le cheval perdant et compromis les chances de la Tunisie lors de la reconstruction de la Libye et ses parts en contrats gaziers ?
Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de la Libye, plus précisément de la partie Est du pays voisin, a annoncé la prise imminente de la capitale libyenne. Pour sa part, le président turc, Rejep Tayeb Erdogan, se dit prêt à venir en aide aux assiégés, mais passerait-il aux actes ?
La Libye va-t-elle vivre ces prochains jours des événements qui pourraient changer l’avenir du pays ? Les forces du maréchal Khalifa Haftar, à l’assaut de la capitale Tripoli depuis sept mois, seraient sur le point d’enfin percer les défenses adverses, si l’on en croit leur chef. Mais la Turquie du président Erdogan, qui défend bec et ongles le gouvernement de Fayez al-Sarraj reconnu par la communauté internationale, pourrait intervenir sur le terrain, comme l’a indiqué le 10 décembre le bouillant président turc, et contrecarrer ainsi les espoirs de victoire de Haftar.
Mais un fait est là, trois jours après l’annonce d’une « bataille décisive » par le maréchal Khalifa Haftar, Tripoli retient son souffle. Les combats ont redoublé d’intensité au sud de la capitale, entre les forces pro-Haftar et celles du gouvernement d’union nationale (GNA) de Faïez Sarraj. L’Armée de libération nationale (ALN) de Khalifa Haftar a affirmé avoir pris le contrôle de la ville d’al-Tawghaar, une information démentie par les forces loyales au GNA. Les forces pro-Haftar ont bombardé l’aéroport de Misrata, ciblant des entrepôts militaires qui abriteraient des drones de fabrication turque utilisés par les milices alliées au GNA.
Le maréchal Haftar bénéfice du soutien politique, militaire et financier de l’Etat des Émirats Arabes Unis, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de la France et de la Russie. Depuis début novembre, plusieurs centaines de paramilitaires russes, vraisemblablement liés à la compagnie de sécurité privée Wagner, combattent aux côtés des forces pro-Haftar, en plus d’un contingent de 1 000 combattants soudanais, déployé depuis juillet 2019, sous le commandement du général Mohammed Hamdan Daglo.
Pas de solution politique en vue…
De son côté, le gouvernement basé à Tripoli reçoit une aide de la Turquie, du Qatar alors après la signature de l’accord entre Sarraj et Erdogan. L’accord militaire prévoit la création d’une force de réaction rapide au sein de l’armée et de la police libyenne, de même qu’une coopération accrue dans le domaine du renseignement et de la défense. L’accord maritime donnerait à la Turquie l’accès à une zone économique de la mer Méditerranée au large de la Libye, une violation du droit international, selon Chypre, l’Égypte et la Grèce.
A rappeler que, dans un discours retransmis jeudi soir par la chaîne saoudienne Al Arabiya, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) qui tient l’est du pays, a donné l’ordre à ses hommes de lancer la «bataille finale» pour le contrôle de Tripoli.
La carte géo politico-militaire serait appelé, selon les experts, à changer carrément en faveur de l’ANL qui contrôlerait déjà près des trois quarts du pays alors que l’implication accrue de l’Egypte, de l’Etat des Emirats et, surtout, de la Russie serait décisive pour remporter la bataille de Tripoli, sachant que selon les stratèges, si Tripoli tombe, Sarraj et ses partisans n’auront plus aucune chance de se reprendre, sachant qu’il y a déjà mille combattants russes sur le champ de batailles et que des armes russes hypersophistiquées tels les MI 6, réputés être les destructeurs des chars de tous types.
C’est donc, ce sont ces moments bien précis qu’a choisis Kaïs Saïed pour se rapprocher de Fayez Sarraj dont les jours de pouvoir semblent être bien comptés. Et c’est ce qu’a confirmé, Rafaâ Tabib, chercheur et expert en géopolitique, lors de son passage sur le plateau de Midi show qui déplore l’absence de la Tunisie de la Conférence de Berlin où l’Egypte, les Emirats, la Turquie et la Grèce seront présents dans les jours qui viennent sans oublier les études et les contrats pour la reconstruction de la Libye et l’exploitations des gisements de gaz et de pétrole qui commencent à être établis sans la participation tunisienne…
Alors encore une fois, qui a conseillé à Kaïs Saïed pour recevoir M. Sarraj alors qu’il est en perte de vitesse ?
En tout état de cause, la présidence de la République, en l’absence d’un diplomate chevronné de la trempe de Khemaïs Jhinaoui, s’illustre par son amateurisme qui risque de lui coûter trop cher.
A rappeler feu Béji Caïd Essebsi, sur conseil de Mohsen Marzouk, avait bien reçu le maréchal Khalifa Haftar prouvant sa vision prospective il y a plus de deux ans, plus précisément en septembre 2017 !
Il faut dire que le même Rafaâ Tabib avait l’air complètement désespérée en parlant de l’approche « désastreuse » suivie, selon lui, par Kaïs Saïed et tout le pouvoir en Tunisie, fortement influencé, par les temps qui courent, par le parti islamiste d’Ennahdha proche de l’axe Ankara/Doha. Et le pire est que Carthage continue à ne pas communiquer, plus particulièrement, sur ce dossier névralgique.
Noureddine HLAOUI