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Le festival de la chanson tunisienne, après avoir remis les compteurs à zéro, reprendra du service du 24 au 30 avril 2020 tout en associant la musique à la chanson et tout en choisissant de nouvelles orientations.
Un retour, que nous espérons en force après la descente aux enfers de la chanson typiquement tunisienne des temps passés. Et nous ne dirons pas que le festival de la musique et de la chanson tunisienne va éclabousser et « effacer » tout sur son passage, voire les nouvelles formes de musique, de chant et de paroles avec le Rap en premier lieu.
Ce dernier a fait croire à la majorité de ses férus des nouvelles générations et sous nos cieux qu’il est une forme de chanson, alors qu’il s’agit d’une succession de paroles rythmées, des couplets séparés par des refrains. Comment alors la chanson tunisienne classique et modernisée pourra-t-elle reprendre sa place aujourd’hui dans la sphère du chant et de la musique ?
Les onze ans d’absence de ce festival ont fortement nui à la création musicale dans les modes tunisiens, malgré les efforts fournis par plusieurs artistes entre paroliers, compositeurs et chanteurs. Et déjà que cette manifestation, du temps de son existence, n’avait pas totalement acquis les publics, où même les œuvres lauréates ne faisaient d’année en année presque plus de bruit chez les mélomanes.
Elles n’étaient même pas diffusées ou matraquées sur les ondes de la radio et de la télévision nationale. Elles manquaient d’âme. Et il est d’autres détails qui avaient fait « tomber » ce festival du fait des querelles intestines qu’il faisait générer après la proclamation du palmarès et même avant au niveau de l’inacceptation par plusieurs artistes des résultats de la sélection des chansons en compétition.
Les organisateurs semblent vouloir lancer un ballon d’essai car la situation catastrophique du niveau de notre chanson ne laisse pas indifférent. La ou les compétitions au niveau des morceaux instrumentaux et des chansons qui ne devront pas dépasser les cinq minutes inciteront les participants à s’appliquer d’autant plus que les prix varient entre seize mille et treize mille dinars.
Une vraie motivation. Mais il ne suffit pas de gonfler les prix, car la créativité n’est pas tributaire de sommes faramineuses. Il est bien révolu le temps du festival de Saliha qui avait eu lieu durant les années soixante. Les grands poètes de la chanson, les compositeurs et les chanteurs étaient encore là.
Et à chaque édition ses chansons lauréates du premier et du second prix. Des prix bien mérités et qui faisaient beaucoup de bruit, ceux d’une subjugation du public des amoureux de la chanson tunisienne.
Les gens en raffolaient au lendemain de la clôture du festival. Khémais Tarnène avait composé, à la première édition du festival de Saliha en 1960 et qui est la chanson de Nâama : « Laïatini bchid el hawa » sur des paroles d’Amor Ben Salem. Et en 1965, la même Nâama avait remporté le premier prix avec : « Bin el outar werrah » sur des paroles de Chiheb, alias Abderrahmène Ennaïfer et une composition de Chedly Anouar. Une année après, c’est la chanson : « La nmathelek bichams ou la bilgamra » de Mustapha Charfi qui s’adjugea le premier prix sur des paroles de Hamadi El Béji et une composition de Kaddour Srarfi. Le second prix était remporté par la chanson de Youssef Temimi : « Lithnin harou » sur des paroles de Ridha Khouini. Excusez du peu ! Et attendons voir la nouvelle version de ce festival.
Lotfi BEN KHELIFA