De l’amphithéâtre de Carthage à la Basilique saint Cyprien, jusqu’au petit colisée d’El Jem ou encore Dougga, la voix Hassan Doss a pu résonner dans tous les théâtres mythiques du pays.
La soirée du mardi 9 août au Festival International de Carthage était avec son nouveau spectacle « Hassen Doss and Orchestra » accompagné du Chœur de l’Opéra de Tunis. Il a chanté pour près de deux heures devant des fans assez nombreux et leurs portables qui illuminaient les gradins de l’amphithéâtre romain.
Le ténor tunisien qui avait accompagné les plus grands orchestres de l’Orchestre de l’Opéra italien à l’Orchestre symphonique tunisien, a choisi de se produire avec l’Académie de l’Orchestre Symphonique Tunisien, sous la direction du maestro Fadi Ben Othman.
Après un premier spectacle, « Carnaval de Hassen Doss », en août 2018, l’artiste est de retour sur la scène de l’amphithéâtre de Carthage dans un spectacle exceptionnel « Made in Hassen Doss », selon l’expression du chanteur.
Hassen Doss, ému, a déclaré en s’adressant au public; « je suis très heureux de vous voir dans mon spectacle ». Pour ce second spectacle à Carthage, il rappelle, « en 2018 j’ai dit c’est le plus beau jour de ma vie, avant de se rattraper, « je renonce, c’est aujourd’hui le plus beau jour de ma vie ».
De sa voix de ténor, Hassen Doss a toujours chanté pour Pavarotti, le messager de la paix, qui l’inspire tant dans la musique comme dans la vraie vie, en adoptant les causes humaines.
Du répertoire poétique italien, il a interprété des chansons comme « Nessum Dorma » de Pavarotti et « Con te partiro » et « Brucia la terra » d’Andrea Bocelli ou encore « Grande Amore » du trio IL Volo et « Nella Fantasia ». Cette chanson composée par Ennio Morricone pour Sarah Brightman est tirée de la bande sonore du film britannique « Mission » (1986).
Hassen Doss a également repris « Quand je t’aime », du grand chanteur grec disparu Demis Rossos dont la voix avait résonné plusieurs fois sur la scène du même théâtre. « My Way de Franck Sinatra ou encore « Earth Song » de la pop- star Michael Jackson étaient aussi au programme.
Après avoir débuté avec des chefs d’œuvres classiques et des chansons assez célèbres, il a présenté ses propres tubes; « Bidou khal », « 3echka », « Tabaani », « Tayer » et « Houa » et « Lila » qui est son tout dernier single.
Ses chansons, légères et poétiques, sont le fruit d’une passion sans limites pour la musique et la scène qu’il embrasse avec sa belle présence et ses grandes capacités vocales. Son charisme visible dans ses moindre gestes et mouvements, présente aussi un atout qui le place dans la sphère des artistes les plus prometteurs de sa génération.
La communion de Hassen Doss avec le public est tellement grande et ne peut que constituer qu’un atout de plus dans un univers aussi noble et agréable que la musique. Sa générosité habituelle était au rendez-vous en faisant monter sur scène les jeunes de son académie qu’il tenait à remercier. Le tout dernier morceau, la célèbre chanson libanaise « antouna attoufoula », était dédiée à la génération future.
L’artiste qui prône de l’humanisme et le partage est l’une voix exceptionnelles de la scène musicale en Tunisie ayant introduit le style opéra dans des fusions qui puisent dans un référentiel purement tunisien.
Il est souvent pleinement investi dans son rôle d’artiste avec un sens de détails assez palpable. Son style vestimentaire assez soigné rappelle celui de la grande noblesse occidentale de la Renaissance. Les grandes œuvres du répertoire et du chant lyrique n’ont évidemment pas de secrets pour lui.
Sa première apparition à Carthage remonte à 2014, en tant qu’invité au spectacle de Riadh Fehri, dans lequel il a interprété une chanson napolitaine, Funiculi Funicula.
Pour son premier concert solo en Tunisie, fin août 2014, Hassan Doss avait participé au premier Rotary Music Festival, à l’Acropolium de Carthage, dont les entrées étaient exclusivement destinées à des œuvres caritatives. L’artiste, accompagné seulement d’une pianiste, avait donné une prestation digne des plus grands ténors italiens. Après « Chat’ha » qui l’avait introduit au public tunisien, ce premier concert était est une étape qui l’a propulsé sur les devants de la scène musicale nationale.
L’artiste est un maître des fusions qui adapte sa voix aux différents genres musicaux, de l’opéra aux mélodies rock, flamenco, napolitaines jusqu’au style tunisien.
Hassen Doss a réussi à s’imposer par son style de chant assez unique, en étant souvent présent dans les grandes manifestations artistiques nationales, à l’instar des festivals d’été, les JMC ou encore le concert du Nouvel an de l’Orchestre Symphonique Tunisien au Théâtre de l’Opéra de Tunis.
Le chanteur était même au casting d’un film de fiction, « La Rumeur de l’Eau » (2017), de Taieb Louhichi qui avait a choisi l’opéra pour parler de l’histoire de la Tunisie et son héritage multiculturel. Il y interprète l’opéra d’Henry Purcell, ave la soprano Ombretta Macchi.
L’artiste qui rêvait de faire l’Opéra Carmen avec une grande mise en scène, a fini par revenir aux sonorités tunisiennes en les adaptant à son style de chant lyrique.
En l’absence d’une véritable culture d’Opéra en Tunisie, cet ancien de l’Institut supérieur de la musique à Tunis a choisi de conquérir son public par des reprises et ses propres compositions assez réussies.