- La Tunisie espère que l’UE la traite comme elle l’a fait avec les pays de l’Europe de l’Est
- Le dossier des négociations avec l’UE est supervisé, actuellement, par le secrétaire général du gouvernement
- Ben Mosbah fait montre d’une vista et de maîtrise des dossiers digne d’un vrai homme d’Etat
Dans l’une de ses rares apparitions médiatiques, voire la première, Mohamed Ridha Ben Mosbah, ancien ambassadeur de la Tunisie auprès de l’Union Européenne et ex-ministre, a été l’invité de l’émission « Géo-Express », assurée par la journaliste talentueuse, Asma Rihane, une émission qui se distingue par la qualité des invités et la conduite pertinente de l’interview.
Au cours de cette rencontre, Mohamed Ridha Ben Mosbah a tenu à mentionner que les Européens ont une vision positive de l’expérience démocratique tunisienne après 2011. Quant aux tiraillements constatés encore 10 ans après, ils sont pour eux des faits normaux qui arrivent après de pareils mouvements sociaux et politiques car la situation exige patience et maturité.
Et d’ajouter que si de notre côté, nous voulons des actions d’accompagnement à notre développement, l’Union Européenne accorde la priorité au volet sécuritaire et à l’endiguement du phénomène de la migration clandestine.
Il est vrai que l’avenir de l’Europe réside, en quelque sorte, dans l’existence d’une rive-sud stable dans le sens où elle veut des rapports lui procurant une opportunité de « bénéfices » dont notamment l’approvisionnement en énergie et la constitution d’un marché pour l’écoulement de ses produits, loin de toute éventualité de menaces.
Les pays du Sud y voient un facteur de développement et d’aide comme cela a été le cas en faveur des anciens pays de l’Europe de l’Est qui ont pu enregistrer de véritables records de développement et, à un degré moindre, la Turquie qui a récolté les dividendes des aides européennes dont notamment de la part de l’Allemagne.
Mais il ne faut pas oublier que le cas de la Turquie est assez particulier dans le sens où il s’agit d’une véritable puissance régionale qui a des ambitions géostratégiques
Pour revenir aux relations de partenariat tuniso-européen, M. Ben Mosbah a mis l’accent sur la nécessité de les clarifier au plus tôt. Outre l’instabilité relative régnant en Tunisie, il est utile que les différentes composantes au pouvoir accordent leurs violons sachant qu’actuellement et en l’absence d’un négociateur attitré avec l’Europe en Tunisie, c’est le secrétaire général du gouvernement qui supervise le dossier de ces négociations.
A ce propos, l’invité a tenu à souligner qu’avant 2011, il y avait un partenariat d’Etat et centralisé alors qu’aujourd’hui avec un pouvoir démocratique, il est marqué par l’interaction de diverses composantes imposée par les nouvelles réalités de la Tunisie.
Enfin, à la question de ce que veut, au juste, la Tunisie de l’Union Européenne, Mohamed Ridha Ben Mosbah a répondu que notre pays maintien des demandes sur les points cruciaux à savoir la mobilité, l’ALECA, l’open sky, la migration et les réfugiés dans le sens où il n’est pas question de réadmettre les personnes en provenance de pays tiers, plus particulièrement africains.
Et d’enchaîner que la Tunisie voudrait l’octroi de privilèges à l’instar de ce qui l’est avec le Maroc et l’Egypte, ainsi que la liberté des déplacements, les échanges d’opportunités académiques et de mettre un terme à la migration sélective.
Or, une nouvelle vision du partenariat nécessiterait une réflexion approfondie de près d’un an sur des thèmes tels le développement, le transfert technologique et l’opportunité de conquérir le marché européen…
Et sous forme d’appel à la partie européenne, Ben Mosbah a dit en substance : « Si vous voulez que la Tunisie réussisse son expérience, il faut nous accorder ce qui l’a été avec les pays de l’Europe de l’Est, à savoir, entre autres, la libéralisation des déplacements, l’écoulement des produits tunisiens sur le sol européen et des perspectives réelles d’équilibrage des relations dans les différents domaines économiques.
On ne peut terminer sans mettre en exergue la maîtrise dont a fait montre l’invité de Géo-Express quant au sujet délicat et complexe du partenariat entre la Tunisie et l’Union Européenne qui prend une dimension particulière en cette nouvelle conjoncture des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Il vient de confirmer sa stature d’homme d’Etat avec une vision large et précise de la stratégie géo-politico-économique.
Noureddine HLAOUI