- La tâche devient presque impossible, d’autant plus que le reste de cette année est une période électorale par excellence
- En glissement trimestriel, le taux de croissance économique s’est dégradé, passant de 0,6% au premier trimestre à 0,2% au deuxième trimestre de cette année
- Les industries manufacturières ont enregistré une baisse de 1,9%, en particulier le secteur du bâtiment et de la construction qui a reculé de 3,5%
- La politique d’austérité dans l’approvisionnement du marché, pour privilégier le remboursement de la dette extérieure est la cause directe de la contraction économique
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – Rédaction) – Le professeur d’économie Ridha Chkoundali a annoncé dans un statut posté sur son Facebook que la croissance économique pour le deuxième trimestre 2024 provient essentiellement du tourisme (8%), et de l’agriculture (8%) qui a contribué à hauteur de 66% à la croissance enregistrée.
Et de souligner qu’en glissement annuel, le taux de croissance économique pour le premier semestre 2024 s’élève à 0,6% contre 2,1% estimé pour le budget de l’État pour l’année 2024 et cela signifie, selon lui que la réalisation d’un taux de croissance économique de 2,1% tel qu’estimé par le ministère des Finances dans son budget 2024 devient de l’impossible, car il est devenu difficile d’atteindre un taux de croissance d’au moins 3,5% au troisième et quatrième trimestre de cette année. « La tâche devient presque impossible, d’autant plus que le reste de cette année est une période électorale par excellence dans laquelle les investisseurs deviennent beaucoup plus hésitants et préfèrent ne pas s’engager dans aucun investissement. », a-t-il expliqué.
Dans la Loi de Finances 2024, le taux de croissance économique est estimé à 2,1% pour 2024, contre un taux de 1,8% prévu par la LF 2023 et 0,9% prévu par la LF rectificative 2023.
Ridha Chkoundali a tenu en outre à préciser que le taux de croissance économique s’est amélioré en glissement annuel, passant de 0,3% au deuxième trimestre de l’année dernière à 1% au deuxième trimestre de cette année. Mais en glissement trimestriel, le taux de croissance économique s’est dégradé, passant de 0,6% au premier trimestre à 0,2% au deuxième trimestre de cette année.
Il a d’autre part indiqué que le secteur industriel, particulièrement les industries manufacturières, est l’indicateur le plus important pour mesurer l’ampleur de l’amélioration de l’investissement privé et de la création de richesse productive, faisant toutefois remarquer que ce n’est pas le cas malheureusement pour cette fois-ci. Selon lui, les industries manufacturières ont enregistré une baisse de 1,9%, notamment dans un secteur sensible, celui du bâtiment et de la construction, qui a reculé de 3,5% au cours du deuxième trimestre de cette année sous l’influence d’une politique monétaire prudente, qui a contribué à une hausse significative du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Ainsi, les industries non manufacturières qui sont sous tutelle de l’État, ont également diminué de 6,3%, notamment dans les secteurs du pétrole et du gaz naturel (-14,4%) et les phosphates (-2,5%).
L’universitaire a dans le même cadre indiqué que la politique d’austérité entreprise par le gouvernement tunisien, dans l’approvisionnement en matières premières et semi-manufacturées, pour privilégier le remboursement de sa dette extérieure est la cause directe de la contraction économique qu’a connu la Tunisie ces dernières années. Selon lui, sans la demande intérieure, qui a augmenté de 2,6% au deuxième trimestre de cette année, en particulier la consommation privée, le taux de croissance économique aurait été bien inférieur à cela, d’autant plus que les exportations ont diminué de 3,1% au cours de la même période.
Il a dans le même contexte assuré que l’économie tunisienne est encore loin de son niveau d’avant la pandémie sanitaire, soit avant 2019 et que le pouvoir d’achat du citoyen tunisien en 2019 était meilleur qu’en 2024.
Selon les chiffres publiés vendredi dernier par l’Institut National des Statistiques (INS), la Tunisie enregistré une croissance au taux de 1 % sur un an au cours du deuxième trimestre de l’année en cours. En rythme annuel, la croissance marque ainsi une nette amélioration comparativement à celui estimé au cours du premier quart de l’année 2024 (0,3 %).
En glissement trimestriel, c’est-à-dire par rapport au premier trimestre de l’année en cours, le PIB en volume aura progressé de 0,2 %, contre une augmentation au taux de 0,6% au trimestre précédent.
Sur cette base, l’économie tunisienne a enregistré une croissance de 0,6% au cours du premier semestre de l’année en cours. Alors que le PIB n’a pas encore atteint son niveau enregistré fin 2019, soit avant la crise sanitaire.