TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – L’universitaire et expert économique, Ridha Chkoundali n’a pas manqué de critiquer la controverse entourant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et sa politique de prêt, notamment en ce qui concerne le projet de loi autorisant exceptionnellement la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à accorder des facilités au profit du trésor public. Ce projet de loi a été déjà adopté la semaine dernière par le conseil des ministres et doit passer en plénière le 6 février à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).
Dans une interview accordée à Universnews, Ridha Chkoundali a pointé de doigt l’approche comptable ou de rafistolage utilisée par les gouvernements précédents pour pallier les déficits budgétaires, mettant en garde contre le risque d’utiliser cet emprunt pour couvrir les dépenses et non pour financer des projets de développement.
Il a tenu toutefois à préciser que pour que cet emprunt soit productif, il faut se concentrer, d’une part sur le financement des dépenses de développement pour stimuler l’investissement privé, la création de richesses et augmenter les opportunités d’emploi et d’autre part sur le fait que la valeur de cet emprunt soit fixée et convenue entre le gouvernement et la BCT, dans le cadre d’une politique collaboratrice.
Il a par ailleurs exprimé une position favorable par rapport au fait que la BCT devrait intervenir sur les politiques économiques, le plan de développement quinquennal, le budget de l’État et la loi de finances, soulignant que l’État de son côté doit intervenir sur les politiques monétaires dans une logique de partenariat avec la BCT.
Pour réussir cette politique de financement du trésor public par la Banque centrale, Chkoundali a souligné que pour que l’erreur économique ne soit pas majeure, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) doit réduire le montant mentionné dans le projet de loi autorisant à l’État tunisien d’emprunter de la Banque Centrale, à seulement 2,8 milliards de dinars au lieu de 7 milliards de dinars, soit la somme nécessaire pour payer une tranche de dette extérieure estimée à 850 millions d’euros contracté durant l’ère de Youssef Chahed, afin que les répercussions économiques soient moins sévères au niveau de la valeur du dinar et sur la capacité d’importer les besoins de l’économie en matières premières de première nécessité et faire tourner la roue de la production.
Et d’ajouter qu’il aurait été préférable que ce projet de loi soit inscrit dans le cadre d’une approche économique globale, mais malheureusement il reste sous la dominance de l’approche comptable qui a déjà beaucoup nui l’économie tunisienne.
Il a fait assumer la responsabilité de la situation à laquelle nous sommes aujourd’hui arrivés et qui nous a amené à diriger l’économie tunisienne « au jour le jour », est celui qui a fixé les grandes lignes du budget de l’Etat pour l’année 2024, avec un gap financier de l’ordre de 10,3 milliards de dinars dont le ministère des Finances ignore toujours leurs sources, selon ses dires.
En revanche, ce qui justifie, selon ses dires, l’erreur économique, c’est que cet emprunt à contracter auprès de la Banque Centrale est destiné à rembourser une ancienne dette dans laquelle le gouvernement Chahed était impliqué à hauteur de 850 millions d’euros. Il s’agit selon lui d’un emprunt obligataire levé en 2017 sur le marché financier international.
« Mais quand ce gouvernement veut commettre une erreur économique, il faut qu’elle soit légère, c’est-à-dire que le montant à emprunter ne dépasse pas le prêt contracté par le gouvernement tunisien pendant la période de la pandémie sanitaire, soit 2,8 milliards de dinars. C’est comme s’il rompait son jeûne avec un paquet de cigarettes entier au lieu d’une cigarette. », a encore expliqué Chkoundali.
Cependant, s’il est nécessaire de corriger l’erreur, nous ne devons pas, selon lui, avoir un excès dans le recours aux prêts directs.