TUNIS – UNIVERSNEWS Le couperet est tombé : l’agence de notation américaine Moody’s avait annoncé le 28 janvier la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale, de Caa1 à Caa2, avec perspective négative. Il s’agit de la 10ème dégradation de la note souveraine de la Tunisie depuis 2011. Elle est désormais classée « pays à risque très élevé ».
Dans un post publié sur sa page Facebook, l’expert et professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali qui a rappelé que suite à l’annonce, en septembre 2022, de la conclusion d’un accord entre la Tunisie et le FMI, Moody’s avait substitué les perspectives négatives par d’autres positives.
Il a dans ce sens estimé que le report, en décembre de la même année, de l’étude du dossier tunisien par le conseil d’administration de FMI a poussé Moody’s à dégrader la notation de souveraineté du pays.
D’après lui, les principales raisons de cette baisse de notation sont :
- l’incapacité de la Tunisie à mobiliser des ressources extérieures en devises sous forme d’aides bilatérales malgré la conclusion d’un accord avec les experts du FMI
- l’ampleur des besoins de la Tunisie en financement extérieurs, notamment pour cette année puisque selon la loi de finances 2023, la Tunisie aurait besoin de quinze milliards de dinars sous forme de prêts étrangers (cinq milliards de dollars).
- la baisse continue des réserves en devises au sein de la Banque centrale de Tunisie en raison du déficit commercial historique et sans précédent. Ce qui a provoqué une hausse de la pression exercée sur les réserves en devises laquelle a conduit aux difficultés rencontrées par le gouvernement tunisien en approvisionnement en produits de base. Ceci renforce l’hypothèse de défaut de paiement
- la faiblesse de la gouvernance et l’étendue des contraintes sociales qui expliquent, en partie, les raisons derrière la situation actuelle de la Tunisie.
- le retard dans la conclusion d’un accord final avec le FMI qui accroît les doutes quant à la réalisation des réformes économiques nécessaires. Ceci aggrave les dangers liés à la balance des paiements et le rééchelonnement de la dette qui pourrait causer des pertes pour les créanciers du secteur privé
D’autre part, l’expert a considéré qu’en cas d’absence de certitude d’un accord avec le FMI et donc d’absence d’aides bilatérales, il ne restait plus qu’à emprunter sur le marché national.
Et de préciser que cette pratique pouvait causer des manques de liquidité et porter atteinte aux investissements. Ceci provoquera une baisse de la croissance économique, une hausse du chômage, une hausse de l’inflation et, le plus dangereux, un effondrement du système monétaire et une perte de la confiance des épargnants en la capacité des banques à conserver leur argent…
J.M.