Par MUSTAPHA MACHAT
Au moment où la pression se faisait de plus en plus ressentir sur la Tunisie, l’annonce de la participation de notre pays au sommet entres les dirigeants des pays de l’Union Européenne et leurs homologues de l’Union Africaine a été présentée comme une opportunité à saisir par la diplomatie tunisienne afin de sortir de son isolement.
En effet, depuis les mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021, l’étau n’a cessé de se resserrer sur l’exécutif tunisien, désormais, contrôlé par le seul chef de l’Etat. Une emprise renforcée par l’article 117 du 3 septembre avec un pouvoir basé sur les décrets présidentiels sans possibilité de recours.
Et à chaque fois, les critiques voire les remontrances devenaient plus pressantes avec des déclarations et des mises en garde adressées, notamment par l’Union Européenne, le département d’Etat et le Congrès américains et les ambassadeurs du Groupe des Sept…
La participation de Kaïs Saïed à la réunion de Bruxelles a été vite considérée comme une aubaine pour reprendre du poil de la bête. Du coup, les sorties et autres déclaration du Président tunisien étaient attendues avec impatience, avec espoirs et appréhensions.
Une première évaluation de cette participation fait ressortir des réactions mitigées. On a enregistré, certes, un léger changement du ton ainsi que sur le fond de la part de Saïed, mais l’on continue à se demander si c’est un vrai changement de cap dans les approches suivies, jusque-là, par le chef de l’Etat.
Cet espoir a été vite dissipé dès son retour à la patrie en faisant son speech habituel devant la cheffe du gouvernement et en s’interrogeant sur ce que nous veulent les dirigeants des pays européens.
« Ils ne voulaient pas nous rendre l’argent spolié sous prétexte que notre justice était douteuse. On a alors procédé à l’assainissement de la magistrature, mais ils réclament l’indépendance du pouvoir judiciaire. Mais qu’est-ce qu’ils nous veulent alors », s’étonne Kaïs Saïed ?
Face à ces déclarations soufflant le chaud et le froid, les observateurs continuent à avoir des interprétations mitigées. Certains considérant que le chef de l’Etat a fait un pas vers l’acceptation de la participation des parties politiques et des organisations nationales pour contribuer à l’élaboration d’une conception de formules permettant de dépasser la crise actuelle tout en mettant un terme aux divisions entre les partisans et les opposants du 25 juillet.
D’autres jugent que Kaïs Saïed est en train de faire du surplace dans la mesure où il ne fait que tenter de gagner du temps dans le but de consacrer les faits accomplis.
En tout état de cause, il sera dans l’obligation de trancher, notamment après l’apparition au grand jour des résultats de la Consultation nationale électronique…
M.M