Au moment où le président de la République, Kaïs Saïed, s’apprête à annoncer, le 17 décembre courant, des mesures déterminantes, dont on connaît les contours par le biais des pages facebook de ses fans, les ambassadeurs des grandes puissances, accrédités à Tunis, ont été trop directs, loin des règles les plus élémentaires de l’éthique diplomatiques d’usage.
Ceci veut-il dire qu’il y a des similitudes entre ce que nous visons en ce mois de décembre avec ce qu’a vécu le pays avant la « révolution » ???
Or, au cours de la même journée, le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a affirmé, avec grande conviction, que la Tunisie n’ira pas au Club de Paris, dernier refuge pour les pays en faillite et incapables de rembourser leurs dettes…
D’autre part, moins de 24 heures auparavant, Kaïs Saïed a exprimé deux positions diamétralement opposées passant du langage de la menace à celui de l’apaisement et la quête du consensus qui engloberait le paysage issu du 14 janvier.
Le changement de la position du président de la République serait dû aux derniers mouvements régionaux et internationaux, surtout que Kaïs Saïed ne trouve pas le soutien nécessaire pour faire passer son projet. Plus encore, il semble essuyer carrément un rejet de ses visions, ce qui est illustré par l’absence totale de soutien financier dont la Tunisie a, plus que jamais, besoin.
Ainsi la visite du Premier ministre algérien et celle attendue du Président Abdelmajid Tebboune à Tunis pourraient en détenir la clé du changement des positions de M. Saïed.
En effet, il est bon de rappeler qu’il y a une certaine coordination entre la France et l’Algérie, d’un côté, et entre l’Algérie et les USA, de l’autre, ce qui se reflète sur la position algérienne marquée par un soutien à Kaïs Saïed, conditionné par la nécessité qu’il laisse tomber l’idée de détruire le régime politique actuel à la base.
Saïed est appelé, également, à délaisser la démocratie par la base tout en s’engageant pour une feuille de route claire dont l’objectif principal est l’annonce d’un échéancier précis notamment pour ce qui est des élections législatives anticipées.
En tout état de cause, la marge de manœuvre du chef de l’Etat est plutôt réduite à cause d’une triple pression émanant des bailleurs de fonds de l’UGTT et de la Rue…Ce qui rend légitime de poser cette interrogation : Jusqu’à quel point, Kaïs Saïed restera t-il attaché à son projet et…aux ficelles de sa conviction visiblement loin de faire l’unanimité ?
Toutefois, l’incendie survenu au siège d’Ennahdha et toutes les péripéties l’ayant accompagné dont les réactions, parfois très fortes contre le parti islamiste et son chef Ghannouchi, auraient imposé des changements à ce mouvement…
Mustapha MACHAT