Lors de l’examen hier du budget du ministère du Commerce, les députés n’ont pas mâché leurs mots pour attaquer le ministre du Commerce Omar El Behi. Le ministre a été accusé d’échec sévère. Même les députés d’Ennahdha n’ont pas hésité de tirer à boulets rouge sur la stratégie adoptée par le ministère pour contenir le déficit commercial, limiter les importations, assurer l’approvisionnement régulier du marché et pour endiguer la flambée des prix.
La crise du secteur laitier, le nouveau régime FCR qui profite aux concessionnaires autos, l’inondation des produits turcs sur le marché tunisien et les dossiers de corruption sont les principaux sujets abordés par les représentants du Peuple.
Samia Abbou, en fervente dénonciatrice de la corruption et surtout des dossiers pétroliers suspectés, a accusé le ministère de faire profiter « à tord » la multinationale British Gas de l’exploitation du champ gazier Miskar. La concession de Miskar constitue la plus importante des 11 concessions d’exploitation en activité en 2010 puisqu’elle fournit 48% des ressources naturelles en gaz naturel. « Vous ne faîtes qu’en profiter les firmes internationales au détriment de l’intérêt du pays en payant en devises étrangères notre consommation de gaz naturel ». Mme Abbou s’est adressée au ministre en disant : « Vous-êtes le gouvernement post-Révolution qui a le plus échoué…D’ailleurs votre ministère est l’exemple type de la défaite, la défaite dans tous ces états et votre bilan parle de lui-même ».
Dans ce même ordre d’idées, Nourredine Bhiri, du mouvement Ennahdha a martelé : « Malheureusement, votre ministère est le signe de la pénurie du lait, du sucre et des œufs, il est aussi le signe de la hausse des prix, de la spéculation et de l’élargissement du déficit commercial »
En effet plusieurs députés ont mis l’accent sur l’impact de la contrebande, de la spéculation et de la monopolisation sur la hausse des prix à la consommation familiale. « Tous les barons de la contrebande sont connus, leurs dépôts vous les connaissez très bien, pourquoi alors vous ne agissez pas pour stopper cette hémorragie ? », a ajouté M.Bhiri. La mauvaise gestion des circuits de distribution et le manque de contrôle sont également derrière l’explosion du phénomène de la contrebande.
L’élargissement du déficit commercial a été également parmi les points essentiels discuté lors de l’examen du budget du ministère du commerce. Pour l’ensemble des députés, le ministère n’a rien fait pour limiter les importations abusives.
A juste titre, Ikram Moulahi a insisté sur la nécessité de limiter les importations en provenance de la Turquie, en affirmant l’urgence de réviser les listes 2 et 3, portant importation des produits turcs. « Nos usines du textile-habillement ont fermé leurs portes à cause de l’inondation des produits turcs », a-t-elle clamé et pourtant nous avons approuvé l’article 36 qui limite le nombre des produits et nous avons également approuvé la loi sur les prix et sur la Concurrence. Tout ça pour dire que malgré les textes de loi promulgués, au niveau des actions c’est le statuquo.
A.A