TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – Khemaïes KRIMI) – En dépit de la forte dépréciation du dinar par rapport à l’euro, ce dernier étant échangé, aujourd’hui, à 3,327 dinars, en dépit d’une baisse de son pouvoir d’achat de 50% depuis plus de dix ans, et en dépit de l’inflation climatique, voire la hausse des dépenses générée par les canicules exceptionnelles de cette année, le tunisien continue à fréquenter les hôtels et à payer son séjour deux à trois plus cher que le touriste.
Cette iniquité des chances se déroule dans l’indifférence la plus totale, particulièrement, des autorités touristiques officielles (ministère, ONTT) et les structures chargées de défendre les consommateurs : l’Organisation de défense du consommateur (ODC) et l’Organisation tunisienne d’information du consommateur (OTIC).
Pour mesurer cette iniquité, selon une offre de séjour promue sur les chaînes de télévision européennes, un touriste européen peut passer une semaine dans un hôtel 4 étoiles en Tunisie y compris le transport pour 700 euros seulement. Pour un même séjour, un Tunisien doit payer plus de 1000 dinars s’il s’agit d’une seule personne et encore plus s’il a de la famille.
En principe, c’est le modèle de commercialisation qui fixe le prix, ce n’est pas une question de nationalité. Pour les autorités touristiques, le Tunisien paye plus cher parce qu’il ne sait pas réserver d’avance. Pour ces mêmes autorités, si les hôteliers proposent de bon prix pour les TO, c’est parce qu’il s’agit de nuitées achetées en gros des mois à l’avance, qui sont revendues après en détail moyennant une marge.
Dans un récent entretien avec un media de la place, l’actuel directeur général de l’Office national du tourisme (ONTT), Helmi Hassine, a confirmé cette tendance. Il a déclaré que « les réservations touristiques groupées effectuées par les T.O et les agences de voyages étrangères, entraînent souvent des réductions de prix par rapport aux réservations individuelles », a-t-il précisé, avant d’ajouter : « en plus des réservations anticipées, qui sont d’une grande importance dans le domaine du tourisme et offrent de nombreux privilèges ».
Conséquence : le touriste européen dispose de prix avantageux et compétitifs à la faveur des réservations. Par contre le tunisien, qui arrive en last minute a peu de chances de bénéficier de prix réduits et compétitifs.
La thèse des réservations n’est pas toujours vraie
Cette thèse est battue en brèche par des témoignages de touristes tunisiens. Ces derniers affirment avoir planifié des vacances à Djerba et à Hammamet, depuis le mois de février 2024.
Seulement une fois sur place, ils ont eu la désagréable surprise, en discutant des prix avec des touristes français de constater que ces derniers avaient payé moins cher (y inclus les billets d’avion) que les touristes tunisiens lesquels sont arrivés en voiture.
Toujours d’après ces touristes déçus, ils estiment que cette tendance fâcheuse des hôteliers tunisiens s’explique par leur penchant à préférer encaisser des euros que des dinars, et ce, à n’importe rapport qualité/prix. Les touristes étrangers qui visitent la Tunisie, généralement peu dépensiers et peu exigeants, ne se plaignent pas, contrairement aux Tunisiens beaucoup plus stricts, surtout, en termes d’hygiène et de qualité de service.
Abstraction faite des points de vue des uns et des autres, lorsqu’on sait que « le nombre de nuitées passées dans les hôtels s’élève à 6 millions et auxquels les Tunisiens contribuent à hauteur de 25% », ce qui confirme l’importance du marché tunisien dans le secteur touristique local, nous pensons que les autorités officielles doivent cesser de se cacher derrière le faux alibi de la tendance du Tunisien à ne pas réserver d’avance et à développer, sérieusement, le tourisme intérieur en créant des produits qui soient adaptés à sa bourse et à ses habitudes.